
Il était attendu depuis deux mois pour faire la lumière sur la validité des arguments des deux camps, direction et salariés. Le rapport d'expertise fait le point sur la situation réelle de la société industrielle de Bourbon (SIB) et de sa société-mère Colgate/Palmolive (CP) et livre un regard décontenancé sur les raisons qui poussent la multinationale à vouloir fermer son usine réunionnaise.
"La société industrielle de Bourbon se porte bien". C'est en somme la conclusion du rapport d'expertise commandé fin 2013 par le comité d'entreprise de la SIB depuis que la cessation d'activité de l'usine portoise a été annoncée, fin 2013, en exclusivité sur Zinfos974.
Tout au long de ce rapport, les experts-comptables du cabinet ACCE Expertise, situé en métropole, laissent transparaître leur étonnement devant le manque d'engagement présenté par la direction de la SIB pour sauver son antenne réunionnaise. "La direction semble dans l'incapacité à expliquer les résultats de la SIB", relève l'expertise. Un paragraphe plus loin : "paradoxalement, la SIB est une entreprise profitable et rentable, en particulier depuis 2011", alourdit un autre extrait.
La démonstration commence par un tour d'horizon de la maison-mère de la SIB, à savoir la multinationale Colgate/Palmolive. Le groupe est-il dans une situation difficile sur son marché ? Aucun doute n'est permis. "La multinationale se trouve dans une situation très favorable avec des marques fortes et une position de leader mondial sur plusieurs produits malgré la concurrence d'Unilever et de P&G. Ses parts de marché progressent", signe le document (voir le tableau n°1).
"La société industrielle de Bourbon se porte bien". C'est en somme la conclusion du rapport d'expertise commandé fin 2013 par le comité d'entreprise de la SIB depuis que la cessation d'activité de l'usine portoise a été annoncée, fin 2013, en exclusivité sur Zinfos974.
Tout au long de ce rapport, les experts-comptables du cabinet ACCE Expertise, situé en métropole, laissent transparaître leur étonnement devant le manque d'engagement présenté par la direction de la SIB pour sauver son antenne réunionnaise. "La direction semble dans l'incapacité à expliquer les résultats de la SIB", relève l'expertise. Un paragraphe plus loin : "paradoxalement, la SIB est une entreprise profitable et rentable, en particulier depuis 2011", alourdit un autre extrait.
La démonstration commence par un tour d'horizon de la maison-mère de la SIB, à savoir la multinationale Colgate/Palmolive. Le groupe est-il dans une situation difficile sur son marché ? Aucun doute n'est permis. "La multinationale se trouve dans une situation très favorable avec des marques fortes et une position de leader mondial sur plusieurs produits malgré la concurrence d'Unilever et de P&G. Ses parts de marché progressent", signe le document (voir le tableau n°1).

tableau 1 : le groupe est-il dans une situation difficile sur son marché ?
Les chiffres donnent le tournis. Colgate-Palmolive a réalisé au quatrième trimestre de son exercice 2013 un bénéfice net de 564 millions de dollars, contre 598 millions un an auparavant. Le groupe CP peut également se targuer d'une rentabilité, en 2013, 1,7 fois supérieure à celle des concurrents au 3e trimestre. Le même boulevard se dessine pour 2014, expliquent les experts-comptables en jugeant les tableaux de bord économique.
Dans le même temps, la lecture des plans sociaux organisés par Colgate-Palmolive aggrave la défense du groupe. Entre 2010 et 2012, les effectifs (mondiaux) ont été réduits de 4%, soit 1.500 salariés en moins. Parallèlement, le chiffre d'affaires a augmenté de près de 10%. Enfin, en 2013, le bénéfice net part du groupe a atteint 2,2 milliards de dollars (2 milliards d'euros).
Malgré ce tableau qui ne souffre d'aucune contestation, les annonces du PDG du groupe, Ian Cook, en 2012 et 2013, dessinaient déjà le sort des 29 salariés réunionnais (auxquels s'ajoutent quatre membres de la direction). Le 25 octobre 2012, Ian Cook annonçait à la presse une réduction de 6% de ses effectifs d'ici fin 2016. Ce qui représente 2.300 postes sur un total de 38.600 au niveau mondial. Pour information, le groupe tentaculaire dispose de 54 usines.
Dans le même temps, la lecture des plans sociaux organisés par Colgate-Palmolive aggrave la défense du groupe. Entre 2010 et 2012, les effectifs (mondiaux) ont été réduits de 4%, soit 1.500 salariés en moins. Parallèlement, le chiffre d'affaires a augmenté de près de 10%. Enfin, en 2013, le bénéfice net part du groupe a atteint 2,2 milliards de dollars (2 milliards d'euros).
Malgré ce tableau qui ne souffre d'aucune contestation, les annonces du PDG du groupe, Ian Cook, en 2012 et 2013, dessinaient déjà le sort des 29 salariés réunionnais (auxquels s'ajoutent quatre membres de la direction). Le 25 octobre 2012, Ian Cook annonçait à la presse une réduction de 6% de ses effectifs d'ici fin 2016. Ce qui représente 2.300 postes sur un total de 38.600 au niveau mondial. Pour information, le groupe tentaculaire dispose de 54 usines.

La logique financière dictée par la maximisation des profits
"Ce programme va nous aider à avancer afin de dégager de la croissance durable et profitable sur le long terme", indiquait Ian Cook. Avec ce plan, la société espère économiser entre 275 et 325 millions de dollars par an d'ici à quatre ans. En guise de conclusion sur la situation mondiale de CP, le cabinet ACCE confirme que le "groupe applique une stratégie obéissant à une logique financière qui consiste à réduire au maximum les coûts fixes pour dégager des résultats pour les actionnaires mais aussi pour augmenter les investissements publicitaires, indispensables à la progression des ventes".
La véritable implication locale de Colgate-Palmolive mise en doute
Dans le second volume du rapport, l'approche mondiale est laissée de côté pour tenter de comprendre finement la stratégie (ou plutôt la non-stratégie) de la SIB à La Réunion. La part de marché sur les produits Javel en 2013 est stable (à 52%) et est même meilleure qu'en métropole. La marque Soupline "résiste" face à la concurrence même si elle fait perdre 3 points de parts de marché) au groupe. Les nettoyants ménagers, bien que réalisant de meilleures ventes qu'en métropole, sont en baisse de 4 points de parts de marché en 2013.
Cette contraction des ventes "présentée comme découlant d'une hausse des coûts par la direction trouvent en fait leur origine dans des décisions stratégiques ou des manquements au niveau de la stratégie locale", rétablit le rapport.
La démonstration la plus flagrante est celle de la volonté de ne pas jouer de tous les atouts dont la SIB dispose sur le marché local. "Tous les produits de la SIB ont une licence Nou La Fé, mais seulement Soupline et Fabuloso portent le logo sur l'emballage", fait remarquer l'expertise. Les autres produits ne sont donc pas estampillés comme production locale, ce qui réduit leur visibilité. Le rapport accable : il parle d'une "volonté curieusement limitée de communiquer sur la production locale et de l'utiliser comme atout différenciateur".
Pour étayer son approche, le cabinet d'expertise tord le cou aux justifications économiques portées à sa connaissance par la direction. Bien au contraire, "la SIB possède des atouts forts pour réussir", garantit l'expertise.
"Avec des marques nationales leader (qui s'en sortent bien face aux marques de distributeurs), une localisation stratégique dans l'océan Indien, des salariés mobilisés", la SIB a tout pour faire perdurer son activité. Cependant, l'outil industriel peut être modernisé pour un montant d'investissement limité estimé à près de 3 millions d'euros. Ironie de la démonstration, une continuation de la production au Port, serait, explique le rapport, "dans l'intérêt de la SIB, de ses salariés et de son actionnaire CP".
Enfin, le scénario de fermeture tant désiré par la direction est étudiée de près. Si le transfert de la production de la SIB se faisait vers les sites métropolitains de Rillieux et Compiègne, la manoeuvre s'avèrerait "très risquée", en juge le document confidentiel.
Le rapport met en balance le coût total de licenciement/reclassement du personnel réunionnais, les coûts d'importation avec l'octroi de mer, le coût de démontage et de dépollution des installations de la zone industrielle du Port, comme permettant, tout juste, d'équilibrer une telle hypothèse de fermeture.
Un ultime indicateur jette quant à lui le doute sur les réelles motivations de la direction de la SIB. Dans un paragraphe pour le moins édifiant intitulé "La SIB dégage d'excellents résultats que la direction n'arrive pas à expliquer", les experts-comptables mandatés restent abasourdis. Ainsi, les résultats statutaires de la SIB en 2011 et 2012 sont qualifiés d'enviables. La profitabilité nette d'exploitation dépasse les 10% et s'approchent même de ceux de Rilieux dans le Rhône, qui dispose pourtant d'un outil de production plus moderne.
La conclusion globale parachève le développement d'un argumentaire de 66 pages et donne indirectement aux salariés les raisons d'entretenir l'espoir. "Colgate-Palmolive a une vision très alarmiste et fausse de la situation de ses marchés (...), les sociétés françaises du groupe affichent des performances remarquables, la SIB est loin d'avoir démérité avec une profitabilité au-dessus du lot".
La véritable implication locale de Colgate-Palmolive mise en doute
Dans le second volume du rapport, l'approche mondiale est laissée de côté pour tenter de comprendre finement la stratégie (ou plutôt la non-stratégie) de la SIB à La Réunion. La part de marché sur les produits Javel en 2013 est stable (à 52%) et est même meilleure qu'en métropole. La marque Soupline "résiste" face à la concurrence même si elle fait perdre 3 points de parts de marché) au groupe. Les nettoyants ménagers, bien que réalisant de meilleures ventes qu'en métropole, sont en baisse de 4 points de parts de marché en 2013.
Cette contraction des ventes "présentée comme découlant d'une hausse des coûts par la direction trouvent en fait leur origine dans des décisions stratégiques ou des manquements au niveau de la stratégie locale", rétablit le rapport.
La démonstration la plus flagrante est celle de la volonté de ne pas jouer de tous les atouts dont la SIB dispose sur le marché local. "Tous les produits de la SIB ont une licence Nou La Fé, mais seulement Soupline et Fabuloso portent le logo sur l'emballage", fait remarquer l'expertise. Les autres produits ne sont donc pas estampillés comme production locale, ce qui réduit leur visibilité. Le rapport accable : il parle d'une "volonté curieusement limitée de communiquer sur la production locale et de l'utiliser comme atout différenciateur".
Pour étayer son approche, le cabinet d'expertise tord le cou aux justifications économiques portées à sa connaissance par la direction. Bien au contraire, "la SIB possède des atouts forts pour réussir", garantit l'expertise.
"Avec des marques nationales leader (qui s'en sortent bien face aux marques de distributeurs), une localisation stratégique dans l'océan Indien, des salariés mobilisés", la SIB a tout pour faire perdurer son activité. Cependant, l'outil industriel peut être modernisé pour un montant d'investissement limité estimé à près de 3 millions d'euros. Ironie de la démonstration, une continuation de la production au Port, serait, explique le rapport, "dans l'intérêt de la SIB, de ses salariés et de son actionnaire CP".
Enfin, le scénario de fermeture tant désiré par la direction est étudiée de près. Si le transfert de la production de la SIB se faisait vers les sites métropolitains de Rillieux et Compiègne, la manoeuvre s'avèrerait "très risquée", en juge le document confidentiel.
Le rapport met en balance le coût total de licenciement/reclassement du personnel réunionnais, les coûts d'importation avec l'octroi de mer, le coût de démontage et de dépollution des installations de la zone industrielle du Port, comme permettant, tout juste, d'équilibrer une telle hypothèse de fermeture.
Un ultime indicateur jette quant à lui le doute sur les réelles motivations de la direction de la SIB. Dans un paragraphe pour le moins édifiant intitulé "La SIB dégage d'excellents résultats que la direction n'arrive pas à expliquer", les experts-comptables mandatés restent abasourdis. Ainsi, les résultats statutaires de la SIB en 2011 et 2012 sont qualifiés d'enviables. La profitabilité nette d'exploitation dépasse les 10% et s'approchent même de ceux de Rilieux dans le Rhône, qui dispose pourtant d'un outil de production plus moderne.
La conclusion globale parachève le développement d'un argumentaire de 66 pages et donne indirectement aux salariés les raisons d'entretenir l'espoir. "Colgate-Palmolive a une vision très alarmiste et fausse de la situation de ses marchés (...), les sociétés françaises du groupe affichent des performances remarquables, la SIB est loin d'avoir démérité avec une profitabilité au-dessus du lot".

Des extraits qui tendent à prouver que la direction de la SIB semble plus préoccupée à plomber l'antenne réunionnaise qu'à utiliser ses atouts

Au niveau mondial, le groupe CP peut même se permettre d'auto-financer ses investissements :

A La Réunion, l'absence de stratégie volontariste est repérée :
