

Lorsque la colère monte au sein d'une population qui a le sentiment d'être prise en otage, tous types de suggestions sont exprimées. C'est le cas depuis que la grève à la Séchilienne-Sidec provoque des perturbations importantes sur l'île en terme d'électricité, mais aussi d'eau.
Excédés, certains citoyens n'hésitent pas, sur les radios et dans les journaux, à interpeller le Préfet : "Qu'attendez-vous pour envoyer l'armée?". Question qui refait surface à chaque fois que la Réunion est paralysée, comme cela a été le cas les années précédentes lorsque les transporteurs avaient bloqué les routes de l'île.
Assurer la "paix publique"
L'usage de la force armée et la réquisition de grévistes, pour "briser" une grève de revendications professionnelles, constituent une violation grave de la liberté syndicale, affirment les syndicalistes, quand les patrons, eux, s'y accommodent très bien… une façon d'enrayer la grève en cours.
A quel moment le Préfet peut-il décider d'envoyer l'armée? Le maintien de l’ordre public est une prérogative attribuée aux organes exécutifs (ministre de l’Intérieur, préfets) qui l’assurent par le moyen d’une force publique armée. Il ne se conçoit qu’une fois la notion de trouble à l’ordre public définie. Ce trouble est caractérisé des faits portant atteinte à la "paix publique". L'absence de pain, de journaux ou du tri de courrier du fait de la grève d'un personnel ne constitue pas un trouble de l'ordre public.
Même les cadres ne peuvent pas se mettre aux manettes
Par contre, la situation se corse lorsqu'il s'agit d'avion, d'essence ou d'électricité. En l'espèce, à quoi pourrait servir l'envoi de forces armées? Les salariés réquisitionnés boudent leur domicile pour ne pas être notifiés par les gendarmes et assurer le travail pour un service minimum.
Et nul besoin de préciser que les militaires ne peuvent pas les remplacer aux manettes des machines ! "Les forces de l'ordre, l'armée… pour faire quoi? Il ne s'agit pas là d'évacuer des grévistes sur une route, ou de débloquer l'entrée d'une raffinerie. Il s'agit de manipuler des machines avec des procédures particulières, c'est un métier ! Même les cadres de l'entreprise, qui pour la plupart sont non-grévistes, ne sont pas en capacité d'assurer un service minimum. Militaires, agents EDF,… Ils n'ont pas nécessairement le savoir-faire", a expliqué Benoit Huber, le directeur de cabinet de la Préfecture.
Il ne reste donc qu'une seule solution.... La reprise du travail des salariés de la Séchilienne-Sidec suite à une issue favorable à ce conflit social.