Depuis maintenant plus de trois ans je suis aux côté de la population, des associations et des élus des trois communes concernées pour démontrer à l’Etat que ce projet de carrière est un non-sens écologique, économique et surtout une véritable catastrophe écologique et sanitaire. Et la justice nous donne depuis le début raison.
En effet le dossier de la carrière de la Ravine du Trou-Bois Blanche fait toujours l’actualité judiciaire à La Réunion : « Une victoire du droit » (JIR du 26 juillet 2019), « La NRL sanctionné par le Conseil d’Etat » (Le Quotidien 26 juillet 2019), « Le schéma départemental des carrières de 2014 définitivement annulé » (Imazpress 25 juillet 2019).
Encore une fois l’Etat est débouté dans le dossier de la carrière de « Ravine du Trou – Bois Blanc » à l’Île de La Réunion, et cette fois par le Conseil d’Etat :décision du Conseil d’Etat N°422743 du 24 juillet 2019.
Certainement pour anticiper cette décision de justice les services de l’Etat ontpris l’initiative de convoquer la Commission Départementale de la Nature, des Paysages et des Sites : formation spécialisée dite « des carrières » en séance du 1 juillet 2019.
D’autant plus que le seul ordre du jour était de valider l’existence de la Carrière de Bois Blanc dans le Schéma des Carrières.
Cette commission a validé le lancement de la procédure de modification du Schéma des Carrières. Dans son communiqué de presse la préfecture précise que cette procédure « nécessite la saisine de l’Autorité Environnementale puis une consultation du public ».
Aussi, Madame La ministre je vous demande de bien vouloir saisir l’Autorité Environnementale dans les meilleurs délais sur ce dossier sensible.
Toutefois, je vous rappelle que nous sommes tous pour la réalisation de la NRL, et comme a répondu le jeudi 20 juin Madame la ministre de l’Outre-mer à la question du député Poudroux sur les solutions alternatives pour terminer cette route, il faut trouver les ressources mais aussi préserver les espaces, mais avant tout, il faut engager des discussions apaisées avant toute décision irréversible.
Suite au dernier jugement rendu par le Conseil d’Etat, vous avez la possibilité, Madame La ministre, de stopper cette obstination de La Région Réunion et des services de l’Etat de vouloir absolument « passer en force » un projet de carrière qui va à l’encontre de la volonté de la population et surtout en contradiction avec les déclarations du chef de l’Etat dans le cadre de la protection de l’environnement.
Cette volonté des services de l’Etat ressemble, pour l’opinion publique, à unmoyen de contourner des décisions de justice par un « tour de passe-passe » selon la presse du 2 juillet. Cette décision va à l’encontre des décisions de justice et des souhaits de la population. Cette décision met à mal le discours du 6 mai 2019 du Président de la République
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En effet suite au rapport alarmant de l’ONU constatant la disparition imminente d’un million d’espèces, dont 37 à La Réunion, Le Président a annoncé que :
« Ce rapport nous dit de manière claire que la biodiversité est un sujet aussi important que le changement climatique et que nous ne pouvonsgagner cette bataille qu’en mettant ces deux objectifs ensemble ».
Il appelle à « un changement profond » des modes de production.
Nous assistons là, à un affligeant écart entre le discours et les actes ! Autoriser cette carrière c’est autoriser la destruction de plus de 35 hectares de nature alors que d’autres solutions existent et sont souhaitées par l’ordonnateur même du projet.
Alors que la population, les élus locaux, les associations représentatives, se sont exprimés à plusieurs reprises dans le cadre légale des enquêtes publiques contre ce projet de carrière, nous avons l’impression que l’Etat agit à contresens !
Les multiples manifestations de la population et les avis des élus ainsi que les dernières déclarations à la presse du Président de Région, montrent que nous avions raison, et que notre combat n’avait rien de personnel, mais relevait bien de l’intérêt général (ref la note de synthèse jointe)
J’ose espérer que La Réunion, haut lieu de la biodiversité mondiale, classée au patrimoine mondial, a autant d’importance pour nos dirigeants et gouvernants que n’importe quelle région de France territoriale même si elle se trouve à 10 000 km de Paris.
L’Etat et le gouvernement ont la possibilité d’envoyer un message fort à la population en mettant immédiatement en pratique, deux des dix engagements demandés, par le mouvement du Président, aux futurs candidats aux prochaines élections :
Il faut aujourd’hui que le Gouvernement fasse preuve d’humilité, de sagesse, de respect des annonces faites. Comme l’a dit le Président de La République le6 mai dernier, « Ce qui est en jeu est la possibilité même d’avoir une Terre habitable « . Il est urgent d’envisager que les pouvoirs publics se sont engagés dans la mauvaise voie.
Toute autre attitude pourrait laisser à penser à une certaine collusion entre l’État et les autres acteurs porteurs de ce projet de carrière à Bois Blanc.
Veuillez agréer, Madame La Ministre, l’expression de mes salutations dévouées.
Michel DENNEMONT, Sénateur de La Réunion