C’est une grande détresse qui se lit sur les visages de Marie Martine et de son copain Javeny.
Depuis novembre 2012, le couple squatte une case en tôle sans eau, ni électricité ni sanitaire à la Saline-les-hauts.
Agée de 48 ans, Marie Martine n’en dira pas plus sur l’enchaînement des événements qui ont fait qu’elle s’est retrouvée en rupture avec une partie de sa famille. Sans toit, elle décide d’occuper cette case en bois sous tôle qui jouxte le cimetière de Saline-les-hauts.
Minuscule, la case offre à peine 25m2. L’essentiel ne tient pas dans l’exiguïté du lieu de refuge. « Nou baigne avec cette bassine, avec de l’eau que nou sa cherch’ au cimetière à côté », décrit Marie Martine. En guise de cuisinière : deux pierres artificielles avec deux barres de fer sous lesquelles des découpes de bois sont disposés pour faire un feu. Le geste est risqué, à l’intérieur même de la maisonnette.
Dans la pièce d’à côté, un sommier déjà présent à leur arrivée. « La porte l’était pas fermée, eh bien nou la rentré. Après, na un monsieur à côté que la donne a nou le matelas. Avant ça, pendant six mois, nou la dort au sol, su des cartons ». En contrebas du cimetière, la case en ruine autour de laquelle s’entassent des déchets, est peu visible de la route qui dessert le centre ville de la Saline-les-hauts.
Bénéficiaires de minima sociaux avec leur RSA, Marie Martine et Javeny rêvent de sortir de cette insalubrité pour un logement social. Alertée sur l’existence de ce cas extrême, l’Association Départementale contre l’Exclusion et la Précarité (ADEP) compte désormais sur une mobilisation de l’assistance sociale après de veines tentatives.
Selon Jean-François Fromens, président de l’ADEP, les services du CCAS de Saint-Paul ou encore du Département « se renvoient la balle ». En attendant un geste salutaire, un réseau de personnes, à commencer par les cousines de Marie Martine – qui disent avoir découvert l’endroit il y a peu de temps – « i vient aide à zot en amenant des choses à manger ». Des vivres alimentaires que le couple partage avec ce petit chien de trois mois qui les accompagne dans cette galère.
« Est-ce que ou voit encore des gens viv’ comme ça à La Réunion ? », demande Jean-François Fromens qui promet de persévérer, lui qui a marqué d’une pierre blanche la visite de François Chérèque, émissaire du gouvernement contre la pauvreté.