Quand j’ai débarqué à la Réunion, à Sainte-Suzanne, il y a quelques décennies, un sage de l’époque, il en existe sans doute encore, m’avait dit: « Il y a quatre fléaux à la Réunion: les Cyclônes, le Volcan, la canne et… les élections. »
J’ai été confronté aux Cyclônes et à ses drames; au volcan et à ses charmes ,que de nombreux amis à qui je les avais vantés sont venus partager; la canne, dont j’ai compris qu’elle faisait vivre et mourir, et dont j’ai vu se fermer les usines et disparaître les odeurs de rhum dans les classes le matin.
Quant aux élections, j’ai vu les dernières broquettes, en même temps que je voyais le Concorde; les temps commençaient à changer.
J’ai vu un citoyen dont j’ai fait enlever les menottes pour qu’il vote en homme libre, à cause de galets et de sabre qu’il avait dans sa voiture et qui voulait cependant voter dans le bureau dont j’étais alors président.
J’ai vu des jeunes envoyés, nouvellement inscrits sur les listes électorales, par leur commanditaire, demander pour qui voter, et pour éprouver ainsi la loyauté républicaine du délégué spécial de la Préfecture suite à l’interruption judiciaire, une de plus, d’un mandat de Maire.
Je me suis vu contester la présidence d’un bureau de vote au prétexte que j’étais zoreil… J’ai vu le mépris des Citoyens au bénéfice des clients dont le bulletin était marqué d’un point bleu… Sainte Suzanne connaît actuellement, à nouveau, suite à une interruption de mandat, une crise dont les événements qui la marquent illustrent peut être tout ou partie de ce qui précède.
La démocratie est une conquète permanente.
Elle est le reflet de l’éducation civique des Citoyens, éducation elle aussi permanente, modélisée par chacun d’entre nous, et de la qualité réelle ou usurpée des élus.
En tout état de cause, la situation actuelle de Sainte Suzanne produit des effets qui n’ont rien à voir avec la démocratie. Les conditions de la mise en place de Madame Pausé a dû se faire dans la légalité républicaine. Si des accords secrets, comme cela se lit ou se dit, ont eut lieu entre le prédécesseur exclu du poste par la justice en laquelle on doit avoir confiance, les Citoyens n’en ont rien à connaître. Un maire élu par ses pairs, élus eux mêmes par le peuple, sera réélu ou renvoyé par le peuple. Que ce Maire soit une femme ne change rien à l’affaire et je n’entrerai point dans la question du soutien ou non des élues, rares dans notre île, pour que l’amorce d’une ébauche d’un début de parité soit respecté et que cet argument entre en ligne de compte de ce conflit interne à la Commune de Sainte Suzanne: seuls les Citoyens de cette commune seront en mesure de le règler au mieux du fonctionnement de la démocratie dont la qualité sera à l’image qu’ils donneront d’eux. Montrons que la démocratie et ses élections ne sont pas un fléau et que les citoyens ont la capacité de s’en prémunir comme des autres, qu’ils soient naturels ou humains.
H.HERVET, citoyen d’honneur de la commune de sainte Suzanne.