Jeannine ne compte ni son temps, ni son argent. Depuis plus de 7 ans, entre la nourriture, les soins, les stérilisations et autres frais, elle doit gérer au mieux sa petite retraite.
La retraitée de 72 ans est connue dans son quartier pour toute l’attention qu’elle accorde aux animaux et plus particulièrement aux chats abandonnés. « Je tente de capturer les femelles. Le temps de la cicatrisation, je les garde chez moi, puis j’essaie de leur trouver une famille d’accueil, où des adoptants. Pas toujours facile avec des chats adultes! « explique Jeannine.
Un sacerdoce qui n’est pas du goût de certains voisins qui l’accusent d’être à l’origine de la présence « massive » des chats. Jeannine se défend, si elle leur donne à manger et les soigne, c’est afin d’éviter qu’ils traînent du coté des poubelles, entrent dans les logements et se multiplient.
Insultes, mépris, remarques désagréables
L’entente cordiale avec les voisins s’est peu à peu muée en ambiance explosive confie l’ex-éducatrice spécialisée dans l’autisme.
Dans son petit appartement, huit félins se partagent l’espace. Tous ont été recueillis chez elle parce que blessés, où dans un état critique. « Ici je suis connue pour être la dame aux chats » raconte-t-elle avant d’ajouter que son objectif n’est pas de les accumuler mais de leur trouver un foyer. Un de ces chats est d’ailleurs parti dernièrement pour la métropole.
« J’aime les chats mais je suis lucide, je ne souhaite pas faire du ‘animal hoarding’ (ou syndrome de Noé en français), déclare t-elle. Jeannine assure ne pas être atteinte de ce syndrome mental qui consiste à posséder plus d’animaux de compagnie que l’on peut en héberger. Pour éviter les mauvaises odeurs et les plaintes de ses voisins, Jeannine s’adonne tous les matins à deux heures de ménage.
« J’avais peur pour ma sécurité«
Mais la situation atteint son paroxysme il y a un mois environ quand des voisines bouchent un petit passage par lequel les chats du quartier circulaient librement entre le parc et le lieu de nourrissage installé par Jeannine, sur sa place de parking . Cet acte a provoqué la colère de ses voisines. « J’ai dû appeler les gendarmes, j’avais peur pour ma sécurité« . Une réunion de médiation aura lieu dans les jours qui viennent avec l’agent de secteur et les personnes concernées. Une pétition circulerait même pour la déloger.
Seule face à cette situation, la retraitée se sent démunie mais pas pour autant démotivée. « Pour tous les bénévoles anonymes comme moi ce n’est pas facile. Il arrive que des associations nous aident avec des dons de croquettes ou une aide financière dans les cas graves « . Jeannine en appelle donc à la responsabilité des pouvoirs publics. « Il y a trop d’euthanasies et pas assez de stérilisations gratuites pour les foyers non imposables toute l’année », déplore-t-elle.