Le 25 septembre suivant, Paul franchit un pas dans la violence. Appelé en intervention pour un malaise sur la voie publique, le quinquagénaire aura de nouveau une attitude inadaptée envers la victime prise en charge. Pour tenter de réveiller l’homme alcoolisé et allongé dans la rue, le pompier pince les tétons et touche les parties intime de la victime. Face à ce comportement agressif, le chef d’agrès lui demande de retourner se calmer au camion. Un collègue lui rapporte alors que le chef l’a qualifié de « méchant pompier » pour rassurer la victime. À nouveau, Paul bondit, cette fois à coups de poing. La scène de violence se déroule en deux temps à l’extérieur du véhicule des pompiers et alors que l’ambulance est sur la route. Paul va jusqu’à faire valdinguer un appareil respiratoire isolant (ARI) à travers le véhicule. Pour attester des violences, le chef d’agrès a sorti son téléphone portable pour filmer.
« Des faits incroyables, une aberration d’intervenir sur un blessé, et en partant de risquer de mettre tout l’équipage dans le décor », fustige Me Jérome Maillot, conseil des parties civiles. Paul, « c’est la terreur à la caserne. Personne ne veut témoigner, il fait pression », réaffirme le chef d’agrès à la barre du tribunal. Il en serait à son troisième conseil de discipline. Le dernier s’est prononcé pour sa révocation, confirme Me Robert Ferdinand pour la défense de Paul.
« Il se passe toujours quelque chose au SDIS »
Indulgente sur « la pression du métier, les difficultés personnelles ou les relations professionnelles tendues », la substitut du procureure fustige néanmoins le comportement du pompier. Six mois avec sursis sont requis pour les menaces de mort réitérées et 10 mois pour le dossier des violences sur son autre collègue.
Me Robert Ferdinand axe sa défense sur « le manque de gouvernance au SDIS ». « Ce qu’il faut savoir c’est que le SDIS de La Réunion est un milieu particulier. Il se passe toujours quelque chose, des conflits pour une raison ou pour une autre », brosse-t-il le tableau. Son client, comme beaucoup d’autres, serait victime de cette mauvaise gestion. Une difficulté à laquelle s’ajoute un état dépressif non soigné au moment des faits. La robe noire demande donc la relaxe pour les faits de menaces. « La victime a retranscrit les propos en français à sa façon. Je vois des insultes et pas des menaces. Mi totoch aou ce n’est pas une menace », plaide-t-il.
Il n’a pas été entendu. Paul a été condamné à 2 mois de prison avec sursis pour les menaces et à 5 mois avec sursis pour les violences, ainsi qu’à l’interdiction d’entrer en contact avec les victimes durant 2 ans. L’audience sur intérêts civils a été renvoyée à une date ultérieure.