Les Britanniques sont incontestablement les maîtres des mers en ce début de XIXe siècle alors que Napoléon Bonaparte est au pouvoir en France. La guerre s’éternise entre les deux pays. Lorsque la flotte Française est écrasée à Aboukir en 1798, elle perd la moitié de ses forces navales, puis en 1805 à Trafalgar, elle est entièrement détruite.
Dans la zone, les Anglais ont pris le Cap de Bonne Espérance en 1806, c’est la dernière escale avant l’océan Indien lorsqu’on vient de l’occident. Ils tiennent aussi les Seychelles et les comptoirs des Indes. Il ne reste plus que les Mascareignes comme positions Françaises. Ces îles ne vont pas tenir longtemps.
En 1806, les Britanniques tentent une attaque sur Saint-Gilles puis sur Sainte-Rose (cf. La bataille de Ste Rose). Ils manœuvrent, attaquent, débarquent et reprennent la mer. Ils essayent de savoir quelles sont les forces militaires en présence dans l’île. Ils savent alors que « seul le nombre pourra venir à bout de la vaillance des Bourbonnais ». Les navires anglais rodent aux alentours de Bourbon devenue Ile Bonaparte, le blocus s’accentue. L’île se trouve isolée du monde, les communications sont coupées, le ravitaillement supprimé. En plus du manque de produits importés, les avalasses s’abattent sur l’île. Ces pluies ininterrompues détruisent toute l’agriculture. La famine et les maladies progressent démesurément. En 1807, les Anglais tentent quelques attaques sans importance et s’enhardissent en 1808 en prenant un navire de commerce devant Sainte-Rose.
A partir d’août 1809, la pression anglaise augmente encore. Plusieurs points de l’île se trouvent sous les feux de leurs canons. Le 21 septembre, 6 navires de guerre ennemis passent dans la baie de Saint-Paul avant de s’éloigner vers la Pointe des Galets. Les 200 soldats des troupes Saint-Pauloises, ont eu chaud. En effet, ils possèdent un faible nombre de fusils, de canons et de munitions. Les militaires quittent leurs postes soulagés pensant probablement à une nouvelle manœuvre de diversion. La Garde nationale est rappelée à la capitale. Mais, lorsque le jour tombe, un poste de vigie remarque le retour des bateaux. Les Anglais sont là, les soldats français sont fait prisonniers sans qu’ils aient eu le temps de sonner l’alarme.
Les Britanniques mettent pied à terre au nord de la ville. Ils sont un millier. Ils se séparent. Un premier groupe de soldats passe par la plage pendant que l’autre emprunte le pont qui surplombe l’étang. Ils se retrouvent à la première batterie dont ils prennent le contrôle, puis progressent vers la ville et prennent une deuxième batterie. Les Français vaincus sans avoir lutté, se regroupent à la poudrière, dans le quartier de la Grande Fontaine. Un des premiers bâtiments de la ville construit en 1724 sur proposition de Labourdonnais, il abritait les armes, la poudre et les munitions. Il est dommage de constater le délabrement et l’abandon de cette pièce maîtresse du patrimoine Saint-Paulois, par son implantation hors de la zone inondable, par son architecture (double muraille, portes unique, voutes, épaisseur des murs, toit à double pans…) et par ses matériaux de construction (pierres de taille, briques réfractaires).
Les navires après avoir débarqué les soldats ont regagné la baie et pointent leurs canons vers la ville. Saint-Paul est Anglaise. Le 22 septembre, 900 gardes nationaux venant de Saint-Denis et de Sainte-Suzanne, entourent Saint-Paul mais les Anglais posent un ultimatum au capitaine Saint-Mihiel selon lequel ils embraseraient la ville si les Français attaquaient. Hésitant le général des Brulys, Gouverneur ne sait quoi faire : attaquer ou protéger le reste de la colonie de l’envahisseur. Le Gouverneur, préférant le suicide à l’échafaud, se donne la mort dans le palais du Gouvernement le 25 septembre 1809. L’ennemi ne prend le large qu’au bout de 20 jours d’occupation en se chargeant de détruire les magasins de denrées et de produits d’exportation à coup de canon. Ils seront reconstruits.
En 1810, les navires Anglais se présentent de nouveaux devant l’île Bonaparte dont ils prendront le commandement jusqu’en 1815.
Sources : Aléxis Miranville-Saint-Paul De La Réunion – Histoire Et Mutations D’une Petite Ville Coloniale- Editions L’harmattan-2001
-Dictionnaire Biographique de la Réunion n°2, Editions CLIP, 1995. L’Album de la Réunion, Antoine Roussin, 1860 à1869 …
-Mario Serviable-Histoire de La Réunion.1990.ed-OCEANS