Il faut compter 1 à 2 heures en heure de pointe pour se rendre ou descendre du Tapage depuis ou vers le centre-ville. Sur la route, il faut évidemment compter les embouteillages mais aussi les nombreux arrêts. « Et ça c’est quand le bus n’est pas en retard, ne tombe pas en panne ou parfois ne passe carrément pas« , se désespèrent Sabrina Blin, Mirella Lafosse et Christine Stelingis à l’initiative de la mobilisation.
Ces habitantes du Tapage rencontrent régulièrement des difficultés dans leur déplacement sur les lignes 28 et 33 du réseau Alternéo. Les fréquences de passage sont trop faibles (toutes les deux heures) et les temps d’attente entre les correspondances rallongent un trajet qui pourrait durer 1 heure top chrono. Sabrina Blin a failli perdre son travail en raison de ses multiples retards.
A cela, il faut ajouter des bus vétustes. « Certains ont des fuites donc, quand il pleut, on est tout mouillé; d’autres ont des problèmes de portes ou de vitres bloquées ». La liste des griefs contre le réseau s’allonge avec l’impolitesse de certains chauffeurs et les tarifs estimés trop chers: « 39 euros par mois en agence; 278 euros l’année en cas de prélèvement et 2 euros l’aller/retour sauf qu’avec les temps de correspondance trop longs, il faut utiliser par exemple 6 tickets sur un carnet de 10 à 12,30 euros dans une matinée pour un aller Tapage vers Saint-Pierre ».
Fin 2019, une pétition est lancée afin d’améliorer la desserte et le réseau routier inadapté. Des courriers ont également été envoyés, le tout resté sans effet concret déplorent les usagers et ATR Fnaut qui les soutient. « Les habitants du Tapage ont l’impression de subir un apartheid social », dénonce François Payet, président d’ATR Fnaut, alors que le quartier compte 2000 habitants qui n’ont pas tous les moyens de s’offrir une voiture.
Pour ce dernier, l’origine des problèmes de desserte de ces usagers du réseau Alternéo renvoie à l’attribution de la délégation de service public. Sur le territoire de la CIVIS, en charge des transports en commun, le groupement Cinéo a la responsabilité d’assurer l’exploitation du réseau. Une délégation de service public attribuée « sur des modalités anti-concurrentielles qui favorisent les mêmes groupes de transporteurs ».
« Un problème récurrent dans les 5 EPCI ».[ En 2017, le gérant de la société de transport C.Joseph, Eric Caroupapoullé, avait entamé une grève de la faim pour protester contre son exclusion du nouveau marché]urlblank:https://www.zinfos974.com/Civis-C-Joseph-Eric-Caroupapoulle-tres-decu-de-la-tournure-des-evenements_a117560.html [.]urlblank:https://www.zinfos974.com/Civis-C-Joseph-Eric-Caroupapoulle-tres-decu-de-la-tournure-des-evenements_a117560.html ATR Fnaut avait demandé alors aux élus « d’éviter une concentration des transports de l’île aux mains d’un seul groupement ». Aujourd’hui, elle préconise « un allotissement des lignes qui permettrait de donner du travail à plus d’entreprises, mobiliserait la plupart des cars et améliorerait le transport en commun à La Réunion ».
Sur le territoire de la CIVIS, la nouvelle DSP sera attribuée en 2024. En attendant, les usagers du Tapage comptent bien se mobiliser et « se faire entendre pour améliorer la qualité de service » auprès, notamment, des élus. Ils espèrent très prochainement être reçus par la maire de Saint-Louis.