Sous le commandement et la protection de la Compagnie des Indes et même après la rétrocession de l’île au roi de France, le bas de la ville entre la rivière et la pointe des Jardins (Rue de la Victoire-Rue J. Chatel-Rue A. Lacaze) devient un espace couvert de bâtiments de stockages et de magasins divers. Les sucriers et les planteurs y stockent leurs produits destinés à l’exportation. Les productions y sont entreposées, café, sucre et vanille à partir de la moitié du XVIIIe siècle, ces magasins se dressent face au pont volant de Labourdonnais et ceux des autres concessionnaires.
Le magasin à café de 1730, étudié et aménagé par La Bourdonnais en 1738, sert à la fois de lieu de stockage, de bureaux à la Compagnie des Indes, de logements pour les soldats. Son toit plat en armagasse sert au séchage du café. C’est dans ce bâtiment réaménagé par ses nombreux occupants, que logera le Gouverneur puis le Préfet.
L’île, sujette aux attaques anglaises en guerre contre la France et surtout celle de Napoléon, doit se défendre. Aussi des batteries sont installées un peu partout autour de l’île. Mais Saint Denis est particulièrement protégée parce que d’après les décideurs, il est souhaitable que la capitale ne tombe pas aux mains de l’ennemi, dans ce cas les autres villes n’ont plus qu’à capituler et l’île serait laissée à l’ennemi.
C’est ce qui arrive en juillet 810 lorsque les anglais encerclent la ville. 2000 soldats arrivent par le chemin Crémont dite Route des Anglais par l’ouest en descendant vers La Redoute. 2000 autres rejoignent Saint Denis par la Rivière des pluies après avoir été débarqués à la Mare. Les 350 militaires de Saint-Denis encerclés rendent rapidement les armes, l’île devient anglaise pour 5 ans sous les ordres de Sir Farquhart, comme les autres îles de l’Archipel et les Seychelles. Pendant ces 5 ans, aucune infrastructure, route ou bâtiment n’est construit. La langue française reste la langue utilisée dans les documents officiels et par la presse.
En 1815, l’île Bourbon est rendue à la France mais les Britanniques gardent Maurice, Rodrigue et les Seychelles qui leur servent de bases sur la route des Indes.
Les forces militaires de l’île sont regroupées sur la capitale. Quelques petits groupes sont envoyés selon le danger signalé dans les autres parties de l’île (Saint-Rose en 1806) (Saint-Paul 1809) mais leur cantonnement reste la Saint-Denis. Les militaires et les armes sont regroupés dans les casernes qui bordent le littoral, les réserves de munitions et de poudre se trouvent à la Redoute dans un magasin construit à cet effet.
Les bâtiments qui ont abrités les bureaux et la caserne de l’Artillerie sont actuellement occupés par RFO et la Direction Départementale de l’Equipement. La maison du Colonel de l’Artillerie donne sur la Place du Barachois.Les canons et les boulets sont stockés à la caserne d’Artillerie qui longe le Barachois. Les canons étaient positionnés aux Deux-Canons à Sainte-Clotilde, au Barachois pour protéger la Baie et sur les pentes de la Route de la Montagne (4 canons).
Plus au nord, sur le flan est de la Montagne, surplombant la ville, une vigie surveillait les navires qui croisaient au large et lorsqu’un danger devenait imminent hissait un drapeau. En bas, au niveau de la mer un soldat hissait le même pavillon sur le mât du pavillon, dressé face au logement du Colonel, signalant l’imminence ou l’éloignement du danger. Les militaires alors, pouvaient se préparer à la défense de Bourbon, en se positionnant derrière les canons et en s’armant en attendant l’attaque.
A la fin du XIXe siècle, la marine à voile laisse peu à peu la place aux bateaux à vapeur, plus volumineux et plus rapides. Dans l’île, l’arrivée du Chemin de fer et la création du Port de la Rivière des Galets en 1882 et 1884 sonnent la fin du règne maritime de Saint-Denis.