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Saint-Denis : Malfaçons en série pour l’immeuble Kerveguen de la Sodiac

Après près de deux ans de retard, l’immeuble Kerveguen de la Sodiac, situé en face de la Nordev, accumule les pépins depuis sa livraison fin 2021. Dernier exemple en date de cette série noire, la découverte à la rentrée d’une grave fissure sur un pilier porteur.

Ecrit par 2572106 – le vendredi 02 septembre 2022 à 18H00

Son imposante façade blanche trône depuis peu sur le trottoir en face de la Nordev. Avec pas moins de deux bâtiments de cinq étages chacun, et trois sous-sols de parking, il doit accueillir bureaux et commerces au cœur de ce centre économique du chef-lieu. L’offre semble alléchante, et quelques entreprises et la mairie de Saint-Denis ont décidé de prendre des locaux. Une boulangerie et une brasserie ont également ouvert au rez-de-chaussée.  

Pourtant, la Sodiac, qui a construit le bâtiment, accumule les tuiles depuis le lancement du projet. Après de graves problèmes sur les fondations, un nouveau marché a dû être passé car la première entreprise demandait une révision des travaux devant les difficultés. Une fois débarquée, le creusement a pu reprendre selon les plans initiaux. La grande surface de bricolage voisine va également s’inquiéter de voir son parking s’effondrer, forçant à faire une nouvelle pause dans les travaux. Ces retards et le covid vont finalement obliger la Sodiac à livrer le bâtiment en 2021, au lieu de 2019.

Électricité à presque tous les étages  
 
Les mauvaises surprises s’accumulent également pour les locataires ou les acquéreurs des bureaux. Aucun tableau électrique n’a été prévu pour la majorité des locaux. Ainsi la brasserie ne peut toujours pas accueillir de clients, la faute à une puissance électrique insuffisante. Pire, le restaurateur a dû débourser près de 22 000 euros de travaux pour qu’EDF installe enfin le matériel nécessaire. « J’ai dû payer pour 200 mètres de câble, alors que cela était censé être prévu de base. Cela s’ajoute aux 800 000 euros investis dans les locaux, et en plus la Sodiac veut que l’on paye le loyer » s’agace le restaurateur.

« On a fait signer un bail il y a deux ans en nous promettant un investissement en or. Mais au moment où on a signé, ils savaient déjà qu’ils ne rempliraient pas tout ce qu’ils ont promis. Et dès que les problèmes sont apparus pour nous, on nous a répondu : ‘on va vous accompagner’. Mais c’est faux, j’ai dû démarcher EDF moi-même juste pour avoir l’électricité », poursuit le chef d’entreprise.

En plus de ces problèmes d’électricité, les parkings sont toujours fermés, à cause d’infiltrations. « Dès qu’il pleut un peu, tout est inondé et on peut sentir l’humidité. Mais le pire, c’est qu’ils sont inutilisables, car l’entrée est trop petite. Si vous avez une petite citadine ça passe mais au-dessus, vous êtes bloqués à l’entrée », poursuit le restaurateur.

Les employés des étages supérieurs doivent donc se garer dehors, en plus de devoir utiliser des ordinateurs portables, faute à suffisamment de courant pour tout leur matériel. Une pizzeria doit encore ouvrir, mais les travaux sont à l’arrêt tant que les problèmes d’électricité ne sont pas réglés.

9 millions d’euros pour des bureaux inutilisés
 
Mais l’histoire ne s’arrête pas là, car la série noire continue. Pour commencer, la commission de sécurité a rendu pas moins de quatre avis négatifs à ce jour, ce qui n’a pas empêché la Sodiac de livrer une partie des locaux. Une autre commission doit avoir lieu à la fin de ce mois, pour enfin décider si le bâtiment passe les normes de sécurité.

Alors que les complications s’accumulent, la mairie a décidé d’acheter tout le bâtiment B pour en faire des bureaux. Coût de l’opération : 9 millions d’euros pour quatre étages complets de bureaux, d’openspace et de salles de réunions. Les bureaux sont prêts, pourtant aucun agent communal n’arpente encore les couloirs. Mais même là, on peut observer les malfaçons du bâti. Les infiltrations commencent déjà à attaquer les plinthes, même sur les façades les moins exposées.

Ainsi pour la rentrée 2022, la mairie de Saint-Denis a demandé une pré-visite juste avant la livraison des bureaux. Accompagnés par deux experts d’un bureau d’études, les représentants de la commune ont découvert une fissure sur un pilier porteur dans un sous-sol. Une expertise a donc été demandée par la mairie, qui a refusé de prendre possession des lieux tant qu’elle ne serait pas rendue. Elle serait actuellement toujours en cours.

En interne, les contretemps sur ce projet interrogent à la Sodiac. Une source proche de ce dossier penche pour une mauvaise gestion. « Le directeur de projet a été en arrêt durant près d’un an, et le suivi du conducteur de travaux n’a pas été à la hauteur. Le bâtiment va finalement coûter très cher entre les pénalités de retards et les contentieux avec les entreprises qui s’estiment lésées », explique ce témoin.  

Face à la passivité de la Sodiac, les locataires et propriétaires ont décidé d’engager un avocat et d’entamer des poursuites judiciaires contre la SEM. Une première audience doit normalement se tenir fin septembre.
 
Interrogées, la mairie et la Sodiac ne nous ont pas fait parvenir leurs réponses à temps pour la parution de cet article.
 

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