La SPL Sudec est une structure créée en 2018 pour la gestion des déchets. Elle est détenue à 80% par la CASUD et 20% par Ileva, le syndicat mixte de traitement des déchets dans le Sud et l’Ouest.
Pour pouvoir créer la structure, l’intercommunalité a adopté en conseil communautaire l’embauche d’un chargé de mission afin de jeter les bases de la structure. Un cabinet de recrutement est missionné. Le CV de celle qui deviendra la présidente du directoire est transmis par le DGS aux recruteurs. Christelle Mondon, alors encore dans l’Hexagone, passe les tests mais ne convainc pas. Son profil est intéressant mais pas adapté pour le poste conclut le cabinet. Pourtant, les recruteurs l’affirment, la collectivité insiste pour que la candidature de celle qui a pour projet de revenir dans son île, soit sélectionnée dans les finalistes. Un choix qui avait également interpellé les magistrats financiers. « Le choix de l’intéressée, sans expérience dans le domaine des déchets et à des fonctions de direction, peut surprendre s’agissant de créer de toutes pièces une nouvelle société ».
Tout au long du procès, avocats de la défense et Christelle Mondon, elle même, vont rappeler son CV « prestigieux », diplômée d’AgroTech Paris et d’HEC, travaillant dans » les plus grands groupes internationaux tels Nestlé ou l’Oréal ».
Pourtant comment ignorer les liens entre André Thien Ah Koon et celle qui est la soeur de son adjointe et la fille de l’un de ses anciens adjoints Ary Mondon? Si le président de la Casud, durant son audition, a qualifié Laurence et Ary Mondon d’ « amis proches », ce jeudi l’élu précise que ce sont des « amis proches dans le sens de relations de travail. Nous ne fréquentons pas en dehors », assure-t-il. Sur la question, le président s’est assuré également des conseils de son DGS et de son chef de cabinet, indique-t-il.
Christelle Mondon se rappelle tout juste avoir envoyé plusieurs candidatures à cette époque mais élude totalement tous les aspects liés à une candidature à la Casud via sa soeur ou son père.
Pour embaucher Christelle Mondon,l’intercommunalité a dépensé 14.300 euros via ce cabinet de conseil spécialisé. Son salaire a ensuite été de 5.668,22 euros par mois, supporté par la CASUD, la SPL devant par la suite rembourser à hauteur de 50%.
Christelle Mondon a démissionné de ses fonctions le 6 mars 2020. « Je viens du privé. Je suis dans l’efficience. Ca ne me convenait pas », livre-t-elle restant évasive sur les fonctions qu’elles occupent aujourd’hui de retour dans le privé. « J’ai travaillé dans de grands groupes, de grandes marques, on m’a fait confiance et là j’ai l’impression que je suis ici parce que je porte ce nom », se défend-t-elle.
« On a bien compris que le DGS a le dos large et les épaules solides néanmoins c’est bien André Thien Ah Koon qui a signé les contrats », note pour sa part Me Jérome Maillot pour AntiCor constituée partie civile. Le politique est pourtant « un élu d’expérience de premier plan. Il savait très bien ce qu’il risquait puisqu’il a perdu un mandat pour ça », rappelle l’avocat.
Lors de ses réquisitions, la vice-procureure a réclamé entre 8 à 10 mois de prison avec sursis simple, 5.000 euros d’amende et 3 ans d’inéligibilité pour André Thien-Ah-Koon. Elle requiert également 4 mois de prison avec sursis, 2.500 euros d’amende et une peine d’inéligibilité ainsi que l’interdiction d’exercer dans la Fonction publique pour « une durée que le tribunal appréciera » à l’encontre de Christelle Mondon. Les faits sont caractérisés. Le président de la Casud a fait preuve d’impartialité dans le cadre de ce recrutement qui a pu être entaché, influencé par ses liens avec la famille Mondon, assure la représentante de la société.
Quant à Christelle Mondon, elle « s’est nécessairement posée la question des liens de connaissances entre André Thien Ah Koon et sa soeur avec le bagage intellectuel impressionnant qu’elle a », pique le parquet. L’intérêt pour de ce recrutement était « peut être la volonté d’avoir à la tête de l’une de ces instances quelqu’un qui ne sera pas dans l’opposition », avance comme hypothèse la vice-procureure. « La sagesse aurait voulu qu’il se déporte », conclut-elle.
« A quel moment, le recrutement de Christelle Mondon peut être une nuisance pour l’intérêt public », s’interroge son conseil Me Betty Vaillant qui demande la relaxe pour sa cliente.
Après avoir attaqué les termes et la période de la prévention, Me Djalil Gangate s’est attaché à démontrer que refuser de la recruter alors qu’elle avait le meilleur profil et le plus de diplôme aurait été « de la discrimination ». « L’histoire prouve qu’on a eu raison de ne pas suivre l’avis du cabinet. Elle a réussi à créer la SPL Sudec ».
La décision du tribunal a été mise en délibéré au 29 septembre prochain.