Les pétitions et avec elles les prises de positions refont surface alors que le projet de nouvelle route du Littoral semble définitivement lancé. Le 5 juillet en effet, la phase d’études menée et finalisée par le groupe Egis a été transférée au président de Région, Didier Robert.
Cette avancée n’aura eu d’autre effet que de réveiller les opposants au projet en mer (voir la pétition lancée par J-P Marchau). Un bref historique sur le choix du tracé en mer s’impose. Voici ce que disait le rapport remis à la commission permanente de la Région en 2011, à l’issue de la concertation publique: « Les différentes variantes ont été étudiées : voie terrestre par les hauts, tunnels, voie maritime par les bas ont été comparés du point de vue des objectifs du projet et des enjeux de sécurisation des échanges, des enjeux environnementaux, techniques et socio-économiques. Les enjeux environnementaux étant particulièrement importants sur le plateau de la Montagne, la solution d’un nouveau tracé par les Bas a été privilégiée », détaille le rapport.
Face au risque de montée des eaux voire de vagues géantes type tsunami, beaucoup ressortent des tiroirs le passage en voie tunnel. Voici ce que le rapport d’expertise prévoyait : « les sections en tunnel ne sont pas entièrement sécurisées (tête de tunnel) et peuvent être la source de graves problèmes de sécurité en cas de dysfonctionnements (bouchons). Les solutions en tunnels présentent, en outre, des coûts d’investissement et d’exploitation très supérieurs aux solutions maritimes ». Certes, le chiffrage du passage en mer laisse à réfléchir : 130 millions d’euros au kilomètre pour les passages en mode viaduc. Toujours est-il que cette version paraît être la moins pire des solutions.
Des impacts environnementaux plus conséquents par les hauts
Prenons de la hauteur. Toujours selon les mêmes conclusions étayées dans le rapport final de la concertation, « le Plateau de la Montagne recèle des espèces patrimoniales très importantes que les tracés par les Hauts pouvaient détruire. L’atteinte à des habitats abritant des espèces protégées devait préalablement faire l’objet d’une demande de dérogation auprès du Conseil national de protection de la nature. Quelques espèces patrimoniales sont présentes sur la falaise (flore et faune-oiseau marin) ». Malgré ces explications scientifiques que personne ne remet en doute, beaucoup de Réunionnais y voient plutôt le moyen de préserver le calme et la valeur foncière d’un quartier de la Montagne composé de sompteuses habitations et autant de « grands noms ».
En mer, évidemment d’autres obstacles environnementaux sont présents mais ceux-ci semblent moins impactant si l’on en croit le rapport. « Outre les espèces marines (cétacés,…) des formations coraliennes sont présentes le long du tracé (Pointe du Gouffre, Petite Chaloupe, Baie de la Possession) ». Voilà pour le constat. Un écueil a pourtant été évité avec l’abandon d’une gare de péage en face de la Possession. L’abandon du péage permet d’écarter le tracé du banc des Lataniers qui réclamait un élargissement en mer des voies.
En conclusion de ce document fourni d’une trentaine de pages, le rapport conclut qu’« à l’issue de ces nombreuses études, des deux expertises internationales menées sur le projet, des deux débats publics organisés et d’une première phase de concertation, le parti d’aménagement maritime est apparu comme celui répondant le mieux aux problématiques identifiées et sans impact direct sur des espaces d’intérêt écologique majeur (unique au monde) ». Pas sûr que ces éléments tombés aux oubliettes fassent reculer les oppositions résurgentes. La dernière preuve en est la demande d’audience auprès du ministre Victorin Lurel d’une délégation de la société civile conduite par Bruny Payet, ex-conseiller général et régional, fervent opposant au projet actuel.