Ce jeudi à Rouen, l’usine chimique Lubrizol a été victime d’un terrible incendie. Le feu aurait débuté dans un dépôt de produits conditionnés de type additifs pour lubrifiants.
Les flammes ont été si importantes que plus de 240 sapeurs-pompiers ont dû être mobilisés. L’incendie a pu être maîtrisé après plus de 8 heures d’embrasement.
Seveso « seuil haut »
Or, bien que les flammes se soient éteintes, un amas de fumée noire, de près de 22 kilomètres de long, s’est répandu sur le Nord-Est de la ville, avec des retombées de suie. Ce qui a très vite fortement inquiété les riverains.
Cette usine chimique, du groupe américain Lubrizol Corporation, était classée jusqu’en 2009 Seveso « seuil bas ». Or depuis des analyses éco-toxicologiques ont été réalisées et ont conduit les services de l’Etat à la reclasser dans le « seuil haut ».
Aucune toxicité aiguë dans l’air
Le Préfet de Seine-Maritime a annoncé vendredi que les suies contenaient des « composants essentiellement liés à la combustion d’huile de produits finis, d’additifs chimiques pour huiles et d’hydrocarbures, d’où d’ailleurs ces suies noires, grasses que nous constatons » . Pour rassurer les habitants, il a également écarté tout risque de « toxicité aiguë » dans l’air.
Une affirmation qui laisse dubitatif le professeur André Picot, ancien directeur de l’unité prévention en risques chimiques au CNRS. Ce dernier déclare qu’il est extrêmement risqué d’avancer qu’il n’y a pas de toxicité aiguë, sans connaître la nature des produits. Même s’il ajoute qu’il n’est pas nécessaire d’alarmer, tant qu’on ne connaît pas le degré de dangerosité des produits consumés.
Pas de produits radioactifs sur le site
Mais les inquiétudes ne s’arrêtent pas là. De nombreux internautes ont tenté de se renseigner et ont découvert un tableau indiquant la présence de substances radioactives. Le Préfet a tenu une nouvelle fois à rassurer en affirmant qu’il n’y avait pas de produits radioactifs sur le site.
La ville de Rouen clairement polluée
La ministre de la santé Agnès Buzyn, et la ministre de la transition écologique et solidaire Elisabeth Borne, venues sur place, ont déclaré que la ville de Rouen est clairement polluée.
Bien que l’incendie n’ait fait aucune victime direct, le SAMU a annoncé que 51 personnes, décrites comme fragiles ou ayant des pathologies respiratoires, ont été examinées. 5 d’entre elles ont dû être hospitalisées.
Etat habituel de la qualité de l’air à Rouen
Suite à de nombreuses plaintes déposées, une enquête a été ouverte. Au départ pour « destructions involontaires par l’effet d’une explosion ou d’un incendie », puis cette dernière a été élargie ce samedi pour « mise en danger d’autrui ».
Les causes de cet incendie ne sont pas encore connues. Le Parquet a indiqué que les constatations sur les lieux se dérouleront en début de semaine prochaine, en fonction des possibilités d’accès au site.
Les premiers résultats affirment cependant que la qualité de l’air à Rouen est habituelle. Mais de nombreux riverains en colère exigent la fermeture de l’usine.