Suite à sa garde à vue au commissariat Malartic mardi, Robert Chicaud, avocat et ancien bâtonnier mais plus connu en tant qu’organisateur du Grand Raid a souhaité s’exprimer.
Il a en effet passé plusieurs heures avec la brigade financière qui enquête sur des faits présumés d’abus de confiance. En effet, une enquête préliminaire a été ordonnée par le procureur de Saint-Denis, Eric Tuffery.
Robert Chicaud est suspecté d’avoir perçu des honoraires alors que ses clients avaient bénéficié de l’aide juridictionnelle (l’aide de l’Etat permettant la prise en charge des honoraires pour les personnes à faibles ressources).
L’affaire remonte à 2008, lorsque Gilbert Annette remporte les élections municipales et devient maire de Saint-Denis. Une vingtaine de salariés qui avaient été recrutés par l’ancien maire, René-Paul Victoria, sont alors licenciés, selon eux. Des contrats aidés non renouvelés selon la mairie. Mais en décembre 2014, la cour d’Appel tranche en faveur des salariés à cause de contrats aidés répétés et un manque de formation, les requalifiant automatiquement en CDI. La commune se voit alors dans l’obligation de les dédommager : 450.000 euros pour le premier groupe et 150.000 pour le deuxième.
C’est alors que le Bureau d’aide juridictionnelle refuse d’accorder l’aide, comme il en a le droit, en vue des ressources des clients après la décision judiciaire. Les honoraires sont donc versés à leur avocat, Robert Chicaud et le solde remis en faveur des ex-salariés.
Ceci a été stipulé dans une convention d’honoraires signée en 2009 qui précise qu’en cas de refus d’aide juridictionnelle et avec l’autorisation des clients, il serait possible de prélever le montant des honoraires, selon Robert Chicaud. Mais voilà qu’aujourd’hui les clients estimeraient ne pas avoir compris la convention ou avoir été forcés à la signer.
« Je m’interroge sur la procédure »
Robert Chicaud dit ne pas comprendre. Selon lui, aucun doute ni refus n’a été prononcé lors de la signature de la convention. « Je comprends leur frustration et leur impatience est légitime face à la justice parfois trop lente, mais ils ont cristallisé leur rancœur contre la mairie sur moi ».
Les procédures ont été longues pour lui aussi, précise-t-il en précisant qu’il a été payé 1841 euros par dossier « pour huit ans de travail ».
Il s’interroge également sur la procédure : « Lorsqu’il y a un doute sur un avocat, le parquet peut saisir le bâtonnier pour une enquête déontologique ; pourquoi ça n’a pas été fait ? »
Robert Chicaud reste confiant car il estime n’avoir « rien à (se) reprocher » et assure avoir répondu le plus précisément possible aux questions des enquêteurs. « Je compte aussi leur envoyer un complément de dossier », termine-t-il.