« Je voulais voir les choses de mes propres yeux et pas à travers les médias, comprendre le monde, ce qu’il s’y passe et surtout prendre conscience de ses réalités », confie Elodie. Mais aussi donner une autre image de l’Afrique, choisie pour la richesse de sa nature et ses nombreux animaux sauvages. « Les gens ont été incroyablement bienveillants à notre égard où que nous soyons et d’une extrême gentillesse » résume-t-elle, tenant à souligner que « beaucoup d’endroits en Afrique sont aussi développés que les grandes villes européennes ».
Dix mois après avoir mis les voiles, la Réunionnaise est sur un petit nuage. Enivrée de liberté.
« Ce que je vis chaque jour depuis le début de ce voyage est inimaginable et indescriptible. Jamais même dans mes rêves les plus fous je n’aurais cru vivre ça », exprime celle qui passait encore récemment de longues heures à parcourir les blogs de voyageurs. « 10 mois après nous avons traversé l’Afrique et sommes sur le point de découvrir un autre continent ! » se réjouit-elle.Côté budget, le couple vit avec 60 euros par jour (pour deux) tout inclus (hébergement, nourriture, transport, activités). « Souvent même je me dis que nous vivons mieux que si nous étions restés en France. (….) Nous nous faisons plaisir en terme d’activités et de visites ». De (grands) plaisirs financés par des petits boulots : au total, le couple a passé quatre mois et demi à travailler dans différents pays. « Dans des fermes, lodges, auberges. Nous sommes nourris, logés, blanchis contre quelques heures de travail par jour, cinq jours par semaine ». L’occasion d’échanger des savoir-faire et s’imprégner complètement du mode de vie local. « Nous avons énormément appris des travailleurs africains », exprime-t-elle sa gratitude.
Voyager responsable
Tombée amoureuse de l’Afrique après une visite du Parc Kruger (Afrique du Sud), c’est tout naturellement qu’Elodie tente de voyager de la manière la plus responsable possible. « Mes voyages m’ont fait prendre conscience que je devais protéger les endroits que je visite. Il n’y a qu’à voir ce qu’il se passe dans le monde. Les plus beaux endroits de la planète sont en train de disparaître peu à peu », s’inquiète-elle. Et de souligner : « Si nous voulons continuer à voyager, vivre de nouvelles expériences, il est de la responsabilité de chacun de limiter son impact sur la planète où qu’il soit. J’ai eu la chance durant mon voyage de voir et vivre au milieu d’animaux sauvages. Aurons-nous cette chance dans quelques années si nous ne faisons rien ? (…) Ça me rend malade de penser que ces animaux si merveilleux et si proches de nous puissent un jour disparaitre à cause de nous ».
En Ouganda, elle a eu la chance de passer 1h avec les gorilles des montagnes, un de ses plus grands rêves. Des moments de grâce parmi tellement d’autres… « En Zambie nous avons aussi campé dans un lodge au bord d’une rivière et tous les soirs un hippopotame et son bébé venaient brouter l’herbe à côté de notre tente« .
Des découvertes fantastiques qui s’accompagnent aussi de moment plus compliqués. Ça fait partie du jeu. « Ça nous est arrivé de ne pas manger pendant plusieurs jours, parfois de ne pas pouvoir nous laver et porter les mêmes vêtements plusieurs jours d’affilée », se souvient la Saint-Pierroise originaire de Saint-Denis. « Nous avons dormi dans des endroits glauques et dans des lits douteux, ne parlons pas de l’état d’insalubrité de certains bus et le confort inexistant ». Sans compter le nombre de fois où elle a été malade. « Plusieurs fois je me suis dis ‘Bon Dieu, koi ma ni faire ter la ?! ‘. J’ai eu envie de rentrer plus d’une fois. Sur le moment, on crie, on s’énerve, on pleure, mais on oublie vite car 98% du temps tout n’est que pur bonheur ! Puis quand on repense à ces moments on en rigole ! »
Mais le plus dur pour Elodie est d’être confrontée aux conditions de vie des gens. « On aimerait pouvoir améliorer leur quotidien mais à notre niveau ce n’est pas évident alors nous leur demandions ce dont ils avaient besoin, leur faisions des courses, ou leur donnions des habits ou matériel dont on ne se servait plus ».
Après l’Afrique du Sud, la Namibie, le Botswana, la Zambie, le Zimbabwe, le Mozambique, le Malawi, la Tanzanie, Zanzibar, le Rwanda, l’Ouganda, le Kenya, l’Ethiopie et l’Egypte, le couple découvre désormais la Jordanie, avant de mettre le cap sur Israel et la Palestine. C’est grâce à l’argent économisé durant ces quatre mois et demi de travail qu’ils peuvent se permettre de continuer à voyager.
Aujourd’hui, Elodie constate que ce road-trip lui a permis de « prendre du recul, de savoir ce qu’[elle voulait] vraiment, de relativiser ». Mais aussi de faire un pas de plus vers le minimalisme en se détachant des biens superflus et matériels. Si elle a dû faire de nombreux sacrifices et traverser des moments de doutes et d’angoisses pour en arriver là, aujourd’hui, elle est convaincue d’avoir fait le bon choix : « Je regrette rien car ce voyage a changé ma vie pour le meilleur et à un point que je n’aurais jamais imaginé ».
À son retour, l’aventurière reprendra son poste de conseillère touristique. Alors qu’elle a tout vendu pour financer son voyage, il lui faudra retrouver une petite voiture d’occasion et une colocation dans le Sud. Il s’agira ensuite de remettre des sous de côté pour un prochain voyage. « La prochaine fois je partirai moins longtemps entre 6 et 8 mois c’est bien, je voyagerai en Van aménagé ou 4×4 avec tente sur le toit », indique-t-elle avec l’ambition de découvrir l’Amérique du Nord et la route extraterrestre dans le Nevada, un rêve depuis toute petite.
Après tous ces moments hors du temps, redoute-t-elle le retour à une vie plus routinière ? « Je vais certainement avoir une phase de déprime mais pour le moment cela ne me fait pas peur, car non seulement je vais retrouver mes proches mais j’ai encore plein de projets et de rêves à réaliser ! », confie-t-elle. « Et puis mi viv au paradis quoi ! »