On le sait. Tout n'est pas rose à la Chambre de Commerce et d'Industrie de la Réunion. La mandature du président Patel a été secouée par plusieurs conflits internes, le tout, englobé par une situation financière très délicate. C'est dans ce contexte que le cabinet SECAFI, a présenté en décembre dernier aux membres du CHSCT (Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail), ainsi qu'au Président de la Chambre, un rapport (dont nous avons pu obtenir une copie) sur l'"accompagnement à la mise en place d'une démarche de diagnostic risques psychosociaux". Et à la lecture de ce rapport détaillé de 94 pages, qui sera présenté en commission paritaire le 23 février prochain, il y a urgence à remettre de l'ordre dans la maison.
Le cabinet SECAFI est reconnu par le ministère du Travail comme "habilité IRPS", comprendre par là, intervenant en prévention des risques professionnels. Ce rapport a amené les trois experts de ce cabinet à travailler, dans un premier temps, au contact de la CCIR entre avril et décembre 2014. Récoltes de documents, réunions d'information, envois de questionnaires, entretiens collectifs et visites de sites, sur le plan quantitatif comme qualitatif, ont été menés par les experts du cabinet SECAFI.
Sans entrer dans le détail et la totalité du rapport, quelques éléments marquants ressortent et résonnent comme le constat d'un malaise profond entre direction, élus et salarié.
"Un risque psychosocial de niveau fort à très fort"
Un questionnaire a été envoyé aux 357 salariés de la CCIR - près de la moitié d'entre eux ont répondu - répartis par établissement, âge, type de contrat et ancienneté au sein de la Chambre. Après analyse des réponses apportées par les salariés, il résulte que 49% du personnel de la CCIR est "exposé à un risque psychosocial de niveau fort à très fort (voir document ci-dessous).
Le cabinet SECAFI est reconnu par le ministère du Travail comme "habilité IRPS", comprendre par là, intervenant en prévention des risques professionnels. Ce rapport a amené les trois experts de ce cabinet à travailler, dans un premier temps, au contact de la CCIR entre avril et décembre 2014. Récoltes de documents, réunions d'information, envois de questionnaires, entretiens collectifs et visites de sites, sur le plan quantitatif comme qualitatif, ont été menés par les experts du cabinet SECAFI.
Sans entrer dans le détail et la totalité du rapport, quelques éléments marquants ressortent et résonnent comme le constat d'un malaise profond entre direction, élus et salarié.
"Un risque psychosocial de niveau fort à très fort"
Un questionnaire a été envoyé aux 357 salariés de la CCIR - près de la moitié d'entre eux ont répondu - répartis par établissement, âge, type de contrat et ancienneté au sein de la Chambre. Après analyse des réponses apportées par les salariés, il résulte que 49% du personnel de la CCIR est "exposé à un risque psychosocial de niveau fort à très fort (voir document ci-dessous).
Il s'agit là d'une "probabilité", tient à modérer le cabinet SECAFI. "Un salarié peut ainsi être confronté de manière forte à un risque sans pour autant qu’un accident arrive; toutefois plus son exposition sera forte, plus la probabilité d’apparition de l’accident sera importante", décrypte le rapport.
L'avis du cabinet SECAFI est clair. "Au sein de la CCIR, près de la moitié des salariés, se trouvent dans une situation à risque au regard des conditions de travail actuelles" expliquent les experts. Des niveaux d'expositions aux RPS différents en fonction des postes occupés, de l'âge, du niveau de formation, de l'ancienneté mais surtout du lieu de travail. "Le CIRFIM, le CENTHOR et le CPOI/CENTHOR, d’une part, et le CCF et le CPOI, d’autre part, sont plus exposés. A l’inverse, les Maisons d’entreprises et les centres de formation sont moins exposés", précise le SECAFI.
A la lecture du rapport, on note également les "craintes" des salariés quant à l'avenir même de la chambre consulaire. "Cette perception est en lien avec les changements en cours au sein de la CCIR (…). L’analyse qualitative confirme que l’incompréhension stratégique, économique et organisationnelle des "réorganisations successives" (service ou pôle) inquiète les salariés sur l’avenir de leur métier et de leur emploi", expliquent les experts. Si les salariés trouvent que leur "travail fait sens" parmi les sondés, un fort sentiment de "manque de reconnaissance" prédomine.
L'avis du cabinet SECAFI est clair. "Au sein de la CCIR, près de la moitié des salariés, se trouvent dans une situation à risque au regard des conditions de travail actuelles" expliquent les experts. Des niveaux d'expositions aux RPS différents en fonction des postes occupés, de l'âge, du niveau de formation, de l'ancienneté mais surtout du lieu de travail. "Le CIRFIM, le CENTHOR et le CPOI/CENTHOR, d’une part, et le CCF et le CPOI, d’autre part, sont plus exposés. A l’inverse, les Maisons d’entreprises et les centres de formation sont moins exposés", précise le SECAFI.
A la lecture du rapport, on note également les "craintes" des salariés quant à l'avenir même de la chambre consulaire. "Cette perception est en lien avec les changements en cours au sein de la CCIR (…). L’analyse qualitative confirme que l’incompréhension stratégique, économique et organisationnelle des "réorganisations successives" (service ou pôle) inquiète les salariés sur l’avenir de leur métier et de leur emploi", expliquent les experts. Si les salariés trouvent que leur "travail fait sens" parmi les sondés, un fort sentiment de "manque de reconnaissance" prédomine.
Risque de syndrome France Télécom bis ?
Toujours dans ce rapport, les experts du SECAFI expliquent que 56% des salariés interrogés ressentent un symptôme ayant un "lien" avec leur travail. (voir tableau à droite).
Des symptômes décrits comme de simples "douleurs" et pouvant aller jusqu'aux "idées suicidaires ou mortifères". Ce dernier symptôme est partagé par 11 salariés de la CCIR. Y-a-t-il un risque à voir un syndrome France Télécom bis ? Cette situation a conduit les experts SECAFI à émettre une "alerte/recommandation" auprès de la direction de la CCIR. "Une grande importance doit évidemment être accordée à ce résultat. S’il invite à engager une réflexion sur le traitement des situations, il soulève également la question des modes actuels de signalement et d’accompagnement des salariés en souffrance" peut-on lire en page 31 du rapport. Se pose alors la question de la prise en charge de "l'écoute des salariés". Sur les 11 salariés, la "sollicitation des acteur de la santé" n'a pas été systématique.
"Le manque de lisibilité s’est renforcé depuis la nouvelle mandature"
Ces problèmes se sont accentués à l'arrivée de la nouvelle mandature, pas aidée par le contexte économique interne. Le rapport note un changement de fonctionnement et une évolution de l'organigramme général de la CCIR où le "politique" semble prendre un peu trop d'espace aux yeux des auditeurs. La réorganisation des services met en lumière la "place importante" du cabinet dans les "concertations et prises de décisions de la CCIR", une gestion en direct par la direction générale et la présidence. "Une évolution (…) révélatrice de ce que les salariés nous ont fait remonter du terrain en termes d'imbrication du politique et de l'administratif", souligne le rapport.
Toujours dans ce rapport, les experts du SECAFI expliquent que 56% des salariés interrogés ressentent un symptôme ayant un "lien" avec leur travail. (voir tableau à droite).
Des symptômes décrits comme de simples "douleurs" et pouvant aller jusqu'aux "idées suicidaires ou mortifères". Ce dernier symptôme est partagé par 11 salariés de la CCIR. Y-a-t-il un risque à voir un syndrome France Télécom bis ? Cette situation a conduit les experts SECAFI à émettre une "alerte/recommandation" auprès de la direction de la CCIR. "Une grande importance doit évidemment être accordée à ce résultat. S’il invite à engager une réflexion sur le traitement des situations, il soulève également la question des modes actuels de signalement et d’accompagnement des salariés en souffrance" peut-on lire en page 31 du rapport. Se pose alors la question de la prise en charge de "l'écoute des salariés". Sur les 11 salariés, la "sollicitation des acteur de la santé" n'a pas été systématique.
"Le manque de lisibilité s’est renforcé depuis la nouvelle mandature"
Ces problèmes se sont accentués à l'arrivée de la nouvelle mandature, pas aidée par le contexte économique interne. Le rapport note un changement de fonctionnement et une évolution de l'organigramme général de la CCIR où le "politique" semble prendre un peu trop d'espace aux yeux des auditeurs. La réorganisation des services met en lumière la "place importante" du cabinet dans les "concertations et prises de décisions de la CCIR", une gestion en direct par la direction générale et la présidence. "Une évolution (…) révélatrice de ce que les salariés nous ont fait remonter du terrain en termes d'imbrication du politique et de l'administratif", souligne le rapport.
"Ils (les salariés ndlr) expriment un manque de clarté dans le "qui gère quoi" à la CCIR et soulignent que ce manque de lisibilité s’est renforcé depuis la nouvelle mandature, avec un impact sur le processus décisionnel et la communication interne", expliquent les experts. Saupoudrer le tout avec une gestion des ressources humaines ressentie comme "inéquitable" et "opaque" et l'on obtient le résultat d'un vrai malaise persistant au sein de la Chambre consulaire.
Ce rapport ne surprend pas le directeur général des services de la CCIR. Contacté, Patrick Honorine en profite pour mettre l'Etat face à ses responsabilités sur la situation économique de la CCIR. "Je ne suis pas surpris. Il n'y a qu'à voir la situation des CCI après la réforme voulue par l'Etat. 6.800 licenciements sont prévus sur les 26.000 collaborateurs à travers la France. A la Réunion, Ibrahim Patel s'est engagé à ne pas faire de plan social pendant sa mandature", précise-t-il.
La donne a changé à la CCIR. Après la perte des concessions portuaires et aéroportuaires, il ne s'agit plus de gérer en bon père de famille, mais de mettre en place une "obligation de résultat et de performance", comme le précise Patrick Honorine. "Nous ne sommes plus dans le même mode de fonctionnement", reconnait le directeur général de la CCIR. Un constat qui rejoint les conclusions de l'audit. Pour résoudre ces problèmes, la CCIR et le cabinet SECAFI vont mettre en place des "groupes de travail" pour tenter d'améliorer la situation générale. Plusieurs axes de réflexion sont retenus comme le travail d’équipe; le soutien social; le contenu de la fonction managériale ou encore la communication ascendante et descendante
Car toutes ces problématiques soulevées par les salariés ont eu pour conséquence une "détérioration de l'ambiance de travail et du soutien social", rappelle le rapport. Cet audit interne sur les risques psychosociaux sera suivi dans les prochains mois par une "évaluation des risques professionnels", une obligation pour la CCIR.
Ce rapport ne surprend pas le directeur général des services de la CCIR. Contacté, Patrick Honorine en profite pour mettre l'Etat face à ses responsabilités sur la situation économique de la CCIR. "Je ne suis pas surpris. Il n'y a qu'à voir la situation des CCI après la réforme voulue par l'Etat. 6.800 licenciements sont prévus sur les 26.000 collaborateurs à travers la France. A la Réunion, Ibrahim Patel s'est engagé à ne pas faire de plan social pendant sa mandature", précise-t-il.
La donne a changé à la CCIR. Après la perte des concessions portuaires et aéroportuaires, il ne s'agit plus de gérer en bon père de famille, mais de mettre en place une "obligation de résultat et de performance", comme le précise Patrick Honorine. "Nous ne sommes plus dans le même mode de fonctionnement", reconnait le directeur général de la CCIR. Un constat qui rejoint les conclusions de l'audit. Pour résoudre ces problèmes, la CCIR et le cabinet SECAFI vont mettre en place des "groupes de travail" pour tenter d'améliorer la situation générale. Plusieurs axes de réflexion sont retenus comme le travail d’équipe; le soutien social; le contenu de la fonction managériale ou encore la communication ascendante et descendante
Car toutes ces problématiques soulevées par les salariés ont eu pour conséquence une "détérioration de l'ambiance de travail et du soutien social", rappelle le rapport. Cet audit interne sur les risques psychosociaux sera suivi dans les prochains mois par une "évaluation des risques professionnels", une obligation pour la CCIR.