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Risques de casse des réacteurs : Ça se complique pour les Boeing 787 d’Air Austral

Air Austral avait prévu d'envoyer l'un de ses deux Boeing 787 Dreamliner en révision chez Rolls Royce du 25 mars au 27 mai. Entre temps, les moteurs Rolls Royce Trent 1000 ont été affectés par de nombreux incidents, dont le plus grave est survenu au mois de décembre dernier sur un avion de Air New Zealand. Au point que Rolls Royce a demandé à toutes les compagnies aériennes dont les 787 sont équipés de ce type de réacteurs, de prévoir des inspections renforcées. Voire même dans certains cas de clouer les avions au sol. L'aviation civile américaine (FAA) a de son côté alerté toutes les compagnies mondiales qu'elle interdisait son espace aérien, dès ce 18 avril, à tous les Boeing 787 équipés de moteurs Rolls Royce Trent 1000, et dont le plan de vol ne leur permettait pas d'être à "moins de 140 minutes d'un aéroport de secours". Une interdiction qui implique donc l'arrêt des "vols transatlantiques et pacifiques". Du coup, Air Austral a été contraint d'immobiliser au sol, pour une période plus longue que prévue et allant maintenant jusqu'à juillet, son Boeing 787 F-OLRC. Quant au deuxième appareil, son sort dépendra des résultats de l'inspection menée par Rolls Royce sur son frère jumeau.

Ecrit par zinfos974 – le samedi 21 avril 2018 à 00H27

L’aviation civile américaine (FAA) a prévenu toutes les compagnies mondiales qu’elle interdisait son espace aérien, dès ce 18 avril, à tous les Boeing motorisés avec des Rolls Royce Trent 1000 équipés de compresseurs de type Package C, et dont le plan de vol ne leur permettait pas d’être à « moins de 140 minutes d’un aéroport de secours« .

Cette interdiction ne s’applique certes qu’aux compagnies desservant le territoire américain. Mais elle vient en complément d’une autre décision, du motoriste Rolls Royce cette fois, indiquant que suite aux problèmes affectant les moteurs Trent 1000 des Boeing 787 Dreamliner, il lançait une campagne d’inspections plus poussée de tous les réacteurs concernés.

Des incidents graves de réacteurs

Il faut dire qu’ils ont connu, au cours de ces derniers mois, plusieurs incidents, dont certains graves.

Les Trent 1000 ont depuis leur lancement subi quelques soucis, les derniers en date ayant affecté Air New Zealand en décembre 2017, ANA (All Nippon Airways) en octobre dernier (problème de corrosion affectant les ailettes de compresseur, sur lesquelles des fissures avaient été décelées) ou la low cost long-courrier Scoot en novembre (extinction d’un réacteur lors d’un vol vers Sydney).

Le dernier en date, celui d’Air New Zealand, se situe au niveau du compresseur intermédiaire dont les aubes n’atteignent pas la durée de vie prévue, souffrant de fissures et de corrosion.

Selon la revue « Air&Cosmos » qui fait référence en la matière, « Rolls-Royce a récemment déterminé que les conditions d’écoulement d’air dans le moteur à poussée maximale sous certaines conditions de températures et d’altitudes génèrent une fréquence de résonance au niveau du second étage du compresseur intermédiaire. La vibration d’aube qui en résulte peut entraîner une casse de la pièce par fatigue cumulative et une extinction moteur« . Plus grave, « dans le cas d’une extinction d’un seul moteur au cours de la phase de vol en croisière dans les conditions ETOPS, l’équipage augmente la poussée au maximum sur le moteur restant, lequel peut alors fonctionner sur ce régime pendant longtemps, ce qui exposerait les aubes du second étage du compresseur intermédiaire à des risques de casse et à une seconde extinction moteur« .

Autrement dit, le 787, privé de ses moteurs, se transformerait alors en planeur. D’où la nécessité de se trouver à moins de 140 minutes d’un aéroport de secours.

Rolls Royce demande aux compagnies de clouer leurs 787 au sol

Loin de s’arranger, la situation a donc empiré, et aujourd’hui Rolls Royce est débordé et n’est pas à même de pouvoir procéder à l’inspection des 400 à 500 moteurs concernés simultanément. Ce à quoi s’ajoute un problème de manque de pièces de rechange. Si bien que le motoriste a demandé aux compagnies aériennes concernées de clouer leurs avions au sol, en attendant qu’ils puissent être révisés.

Interrogé, Air Austral joue sur les mots et n’avoue qu’à moitié que son 787 est cloué au sol suite aux récents incidents survenus sur d’autres 787 dans le monde entier… Selon la compagnie régionale, si son Boeing 787 est cloué sur le tarmac de Gillot plus longuement que prévu, c’est certes bien à la suite d’une demande de Rolls Royce, mais à aucun moment, elle n’a voulu faire un lien explicite avec la demande du motoriste anglais.

Du coup, la révision qui était prévue entre mars et mai « a été retardée pour différentes raisons« , selon Air Austral. Comprenez par là que, très probablement en fait, c’est l’engorgement des ateliers de Rolls Royce provoqué par le rappel de la plupart des 787 du monde entier qui cloue sur le tarmac de Gillot le 787 F-OLRC bien plus longtemps que prévu. « Jusqu’à juillet« .

La compagnie régionale continue à rester floue : « Il ne s’agit pas de souci technique. Nos 787 doivent, à la demande de Rolls Royce, passer en « check » long. Ce sont des travaux programmés et demandés de longue date par le motoriste Rolls Royce. Le 1er Boeing, c’est certain, ira en check long auprès du motoriste. Le deuxième, on est en train de voir si on devra le faire ou pas. Tout dépend du diagnostic qui sera fait sur le 1er appareil, après sa révision par Rolls Royce ».

« Il s’agit d’une veille de maintenance« , affirme Air Austral. « Rolls Royce a besoin de procéder à des vérifications sur nos moteurs, mais ça concerne tous les avions du monde« , ajoute la compagnie régionale.

Le deuxième 787 continue à desservir Paris depuis Mayotte
 
« Le deuxième Boeing continue donc à voler sur le Paris-Mayotte. Il n’y a pas de souci. Il est question qu’il soit envoyé faire son « check » mais ce n’est pas confirmé. En tout état de cause, vu son plan de vol, ce Boeing n’est pas concerné par la restriction des 140 minutes« , comme le conseillait l’aviation civile américaine.
 
Si le checking du second Dreamliner venait à être confirmé, la compagnie réunionnaise essaiera de ne pas perturber son programme de vols. « On verra comment optimiser toutes nos lignes, en faisant en sorte qu’il n’y ait aucune perturbation« .

 

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