Avec l’hiver austral, la Réunion est entrée dans la période la plus propice aux attaques de requins. C’est dans ce contexte que le CO4R s’est réuni en préfecture. Autour de la table, l’Etat, représentants des collectivités, scientifiques ou encore associations et usagers de la mer ont fait le point sur les chantiers du comité depuis sa mise en place. Cinq axes ont été rappelés pendant la réunion.
« Nous sommes une sorte de carrefour dans la gestion de ce risque. D’où l’importance de communiquer sur le rappel à la vigilance, avec une sensibilité particulière affichée autour des partenaires du risque requin« , explique le préfet Jean-Luc Marx. Si le préfet s’est permis en introduction de recadrer la FEDOM, coupable à ses yeux d’avoir véhiculé des « informations fallacieuses » sur la problématique requin, Jean-Luc Marx s’est surtout attardé à développer les grands chantiers du CO4R.
Drumlines : Résultats probants pour le CO4R
Cinq chantiers pour mieux comprendre, appréhender et trouver les bonnes solutions sur le risque requins à la Réunion. Cap Requin, Ciguetara et prélèvements, vigies requins, étude sociologique des usagers de la mer ou encore mise en place du centre de ressources et d’appui, tout a été disséqué pendant la réunion du CO4R.
Première information, la pose des drumlines au large de Saint-Paul arrive au bout de la première phase de test. « La grande leçon que je tire, c’est que les drumlines ont un rôle de dissuasion. Les résultats sont probants à ce stade de l’expérimentation« , précise Jean-Luc Marx. Résultat, la pose des drumlines au large des côtes de la Réunion devraient se poursuivre et s’étendre à d’autres communes de l’île, notamment Saint-Pierre, l’Etang-Salé ou encore Saint-Benoît. « On ne sait pas dire si les drumlines attirent les requins. Mais avec les résultats des stations d’écoute, on remarque une décrue de leur présence. Se pose alors la question de l’effet d’effarouchement. Pour le moment les scientifiques poursuivent l’expérimentation« , ajoute Chantal Ambroise, sous-préfète de Saint-Paul.
Bientôt du rouge à lèvre made in requin de la Réunion ?
Autre grand chantier, le prélèvement de requins. Si 90 requins ont été prélevés lors de la première phase d’étude sur la Ciguatera. Il reste 75 squales à pêcher pour les besoins scientifiques. Si la question « sanitaire » reste primordiale lors des prélèvements de requins, d’autres idées émergent au sein du CO4R pour l’utilisation des requins pêchés. Idées parfois étonnantes. « Peut-on se servir de telle ou telle partie du requin pour faire par exemple des produits de beauté ou encore de la nourriture pour les animaux ?« , s’interroge le préfet. La Chambre des Métiers et de l’Artisanat a été mise dans la boucle pour réfléchir à cette problématique.
Si le résultat de l’étude sociologique, toujours en cours, sur les usagers de la mer n’est pas encore connue, la Préfecture a également fait le point sur les vigies requins et le futur centre de ressources et d’appui.
Pour les vigies, le CO4R attend la production du rapport conclusif d’expérimentation mené entre janvier et juillet 2014. « Le rapport produit à la fin août sera intéressant. Il sera soumis à l’analyse du Muséum d’Histoire Naturelle« , explique Jean-Luc Marx. En tout, 71 sorties ont eu lieu et 800 heures de vidéo ont été tournées.
Pas de levée de l’arrêté préfectoral d’interdiction de baignade et d’activités nautiques
Concernant le futur centre de ressources et d’appui, à l’origine baptisé observatoire du risque requin, il entre dans le cadre du plan gouvernemental de 2013 autour du risque requin. Sur le même principe que le CEDRE (Centre de ressources et d’appui de Brest installé après la marée noire du tanker Amoco Kadiz échoué en mars 1978), spécialisé dans les risques de pollution maritime, la Préfecture souhaite en faire un outil « fédérateur. « Certains maires se sont montrés intéressés, comme à Saint-Paul. Joseph Sinimalé a même proposé d’en assurer l’implantation géographique sur son territoire« , souligne le préfet. L’objectif est de voir ce centre opérationnel en septembre 2015.
Quant à l’éternelle question du retrait de l’arrêté préfectorale d’interdiction de baignade et d’activités nautiques en dehors des zones surveillées, le préfet a répondu par la négative pour le moment. « Nous sommes toujours sous la contrainte de l’arrêt du Conseil d’Etat« , conclut-il.