Ridwane Issa interpelle également sur l’autre « obsession » du député-candidat, à savoir Emmanuel Macron. « À chaque fois qu’il parle, c’est Macron ou Mélenchon. Je lui ai dit lors du débat, ousa y lé La Réunion là-dedans ? », poursuit le Bénédictin. Ce dernier réaffirme « ne pas soutenir » le président de la République dans le cadre de ces législatives, contrairement à la dernière présidentielle. « Cette élection est locale. Ce n’est pas un gros mot. Quand j’entends dire que cette élection n’est pas locale j’en arrive à la conclusion qu’il n’est pas un élu local. Pour qui a-t-il travaillé ? Pour un parti national basé à Paris ? C’est la grande différence avec nous », indique-t-il. En cas d’élection, Ridwane Issa assure qu’il ne sera pas « un député de Paris » mais au contraire « de notre population ». « À quoi sert un député s’il ne travaille pas aux adaptations réglementaires des textes de loi ? Cela serait utile pour contrôler l’augmentation des prix ou empêcher la baisse pouvoir achat. Où sont les projets péi du candidat Ratenon ? Ce n’est que le national. Local n’est pas une insulte mais une fierté », brandit Ridwane Issa.
« Soumis à un groupe politique »
En cas d’élection, ce dernier compte plaider pour la création d’un groupe composé uniquement de parlementaires ultramarins à l’Assemblée pour dit-il, « peser ensemble à Paris, pour que la population soit entendue ». « Je propose à Jean-Hugues Ratenon le même modèle. Or, lui est soumis à un groupe politique dont les Outre-Mer sont la cinquième roue du carrosse », ironise-t-il. Pour étayer ses propos, Ridwane Issa prend l’exemple du dispositif COROM dont a bénéficié la commune de Saint-Benoit pour rééquilibrer ses comptes. « Jean-Hugues Ratenon ne l’a pas voté alors que c’est le COROM qui a permis de redresser nos comptes. Pourquoi ? Parce qu’il est dans une logique de groupe politique donc il dit non. Je travaillerais avec tout le monde pour obtenir davantage de moyens pour la 5e. Si demain Jean-Luc Mélenchon devient Premier ministre je travaillerais avec lui mais pas pour lui : pour notre population. Je ne suis pas Macron, pas Mélenchon mais 100% Réunion ».
« Autre sujet dont Jean-Hugues Ratenon n’a pas parlé : celui de la préférence régionale », relève Ridwane Issa. « Jean-Hugues Ratenon a fait une conférence de presse en début de mandat sur le rapport Lebreton qui a mis sur la table les CIMM pour faciliter le retour des fonctionnaires réunionnais. Et lui ? Qu’a-t-il fait ? Moi je me battrai pour que nos fonctionnaires reviennent après 10 ans en métropole ».
Autre différence fondamentale entre Ridwane Issa et Jean-Hugues Ratenon : leur point de vue sur la sécurité. « Je ne serai pas moi du côté des agresseurs mais des agressés. Qu’a-t-il fait en 5 ans ? Une balade dans le fourgon des gendarmes ? Oui je le redis, je propose un dispositif qui permettra de couper les allocations des parents qui abandonnent leurs enfants à eux-mêmes. On parle de mineurs de 12/13 ans qui passent leurs nuits dehors et sombrent dans la violence. Sur le procès en racisme qui nous est fait : le problème, c’est précisément ceux qui stigmatisent leur communauté et nuisent au bien vivre-ensemble réunionnais. La population est fatiguée de l’inaction », termine Ridwane Issa.
Le mentor de ce dernier, Patrice Selly, s’est félicité du soutien de la présence des majorités municipales de Bras-Panon et de Salazie, bien que les maires de ces deux communes n’étaient pas présents pour raisons personnelles. « Les élus avec qui Jean-Hugues Ratenon souhaite travailler sont peu nombreux. Avec qui discute le député sortant ? Avec quasiment personne sur ces 7 communes de la circonscription. Comment alors se revendiquer porte-parole des élus de la 5e ? », s’interroge le maire de Saint-Benoit.
Le patron de Banian ne cache également pas ses interrogations concernant le positionnement de certains élus de la 5e circonscription. « Il y a des questions à se poser sur les moyens utilisés dans cette campagne, notamment ceux de la Région. Il est surprenant qu’à une semaine du 1er tour, la Région décide soudainement d’accorder des subventions importantes à la Plaine, notamment pour son projet de piscine chauffée. Forcément pas manière gratuite, ce qui explique le positionnement de Johnny Payet et ce grand écart et manque de cohérence politique », explique Patrice Selly, qui reste tout de même « confiant » quant au résultat de dimanche malgré la large avance de Jean-Hugues Ratenon. Et prévient : « S’il est élu, il sera le pantin de Mélenchon. Pas besoin qu’un élu réunionnais soit le pantin d’un élu de Paris ».