En effet l’insuffisance rénale terminale est un fléau sur l’Île de La Réunion : 2000 dialysés dont plusieurs centaines sont en attente de greffe.
Le don et la greffe sont les meilleures options pour traiter cette maladie
Grâce à des procédures de qualité, la greffe est réalisée sous la responsabilité des équipes de prélèvement et de greffe dans le respect du corps et de la dignité des donneurs. Le respect de la volonté du citoyen défunt est assuré par la consultation du registre national des refus qui réalisée avant d’évoquer le don et aussi en recueillant auprès des proches le positionnement de leur défunt : s’il s’est opposé de son vivant, sa volonté est respectée, s’il était en faveur du don ou bien s’il n’en avait pas parlé, le don d’organe est expliqué et réalisé.
Le message principal de cette journée de réflexion porte sur l’importance d’en avoir parlé à ses proches avant, que l’on soit pour ou contre.
On est tous donneurs
La loi repose sur trois grands principes : le consentement présumé, l’anonymat et la gratuité. Chacun est donneur de ses organes après sa mort. Si quelqu’un ne veut pas faire don de ses organes après sa mort, il doit s’inscrire sur le « registre national des refus ».
Mais dans la pratique les coordinations rencontrent les proches pour rechercher un éventuel témoignage d’opposition que le défunt aurait confié à sa famille ; dans le cas d’une opposition rapportée, la famille doit signer un document et attester par écrit que le proche avait bel et bien formulé expressément son refus. Les équipes respectent ce témoignage. Toutefois, encore trop souvent dans l’ignorance de la position de leur défunt, faute d’en avoir parlé du vivant, et dans un contexte dramatique et douloureux de mort violente et soudaine, la famille s’oppose.
La journée nationale de réflexion permet aux citoyens de se positionner POUR ou CONTRE le don d’organes de leur vivant. Et que l’on soit donneur ou pas, l’important c’est de le dire.
Au niveau national, une autre source de donneurs s’est développée, depuis 2015 : ce sont les patients qui décèdent après arrêt des traitements. Il s’agit de personnes hospitalisées en réanimation, dont les lésions cérébrales sont sévères et irréversibles, se traduisant par une absence totale de vie relationnelle. Le patient est maintenu en vie de façon artificielle. On parle d’état végétatif. Les équipes peuvent donc proposer à la famille de retirer les machines autour du patient. Dans les heures qui suivent, sous couvert d’un accompagnement médical afin d’éviter toute souffrance, le patient décède. Sous réserve de conditions bien précises, le patient peut être un donneur d’organes. L’an dernier en France, il y a eu 99 donneurs de ce type, ce qui a permis à près de 240 personnes de bénéficier d’une greffe de rein, de foie et même de poumon.
Une autre technique est le prélèvement d’un rein sur un donneur vivant, mais elle ne se pratique pas encore à La Réunion. Les membres de la famille ou les proches doivent donc se rendre en métropole. L’équipe de La Réunion réfléchit à des solutions pour permettre ces opérations dans notre département à court terme.
La chaine de prise en charge est rodée et bien structurée à La Réunion, entre les services des urgences qui accueillent les comas graves hors recours thérapeutique (au CHU comme au CHGM de Saint-Paul et au GHER de Saint-Benoit), les services de réanimation, les chirurgiens et les néphrologues. Les résultats des greffes actuelles permettent de dire que cette chaine fonctionne très bien.
Le CHU, qui suit une faible proportion des patients dialysés de La Réunion, est le seul établissement à effectuer des greffes de rein. Notre département manque malheureusement de donneurs.
À ce jour, plus de 2000 Réunionnais vivent grâce à la dialyse et plus de 400 vivent avec une greffe de rein. Pour mémoire, en 1990, on ne comptait dans l’île que 375 patients dialysés et 30 greffés. Le service de néphrologie du CHU site Nord a enregistré 1000 hospitalisations l’an dernier et 4000 consultations. Les chiffres sont identiques sur le site Sud.
En ce qui concerne les dialyses, le CHU réalise plus de 10 000 séances dans le Nord et 14 000 dans le Sud. La dialyse permet aux patients d’attendre la greffe, une attente qui dure plus de 3 ans en moyenne.
À ce jour, plus de 300 Réunionnais sont en attente d’une greffe.
Les Réunionnais peuvent se faire greffer à La Réunion
L’an dernier, 31 greffes ont eu lieu au CHU. La première greffe a été effectuée à La Réunion en 1985 ; depuis, 790 patients ont pu bénéficier de l’opération. Cette technique médicale de pointe est délicate mais bien maitrisée au CHU.
L’équipe de transplantation de La Réunion est évaluée chaque année par l’agence de biomédecine, comme toutes les équipes de France, et a des résultats comparables, voire meilleurs sur certains paramètres. Cependant, les équipes sont confrontées à un manque de donneurs dans l’île, avec un taux de refus notable exprimé par les familles en cas de décès de leur proche. Les spécificités génétiques des Réunionnais ne peuvent être retrouvées que chez d’autres Réunionnais, ce qui rend encore plus crucial le rôle des donneurs locaux.
La journée nationale de réflexion permet de sensibiliser tous les réunionnais sur les besoins de leurs voisins dialysés. Elle informe aussi les médecins généralistes et les néphrologues qui ont un rôle important à jouer pour identifier précocement les Réunionnais malades des reins, les aider à organiser une transplantation dans les meilleurs délais, et pour sensibiliser les réunionnais au don d’organe.
L’organisation de la greffe au CHU a été optimisée cette année, avec la venue récente sur l’île du Professeur Henri Vacher-Coponat et l’implication nouvelle de l’équipe de chirurgie cardiaque sous la direction du Dr Guillaume Biland.
Le CHU de La Réunion s’inscrit dans les préconisations de l’ABM, puisqu’en 2017, 31 greffes rénales ont été réalisées, dont 1 greffe chez un enfant. Les résultats, analysés régulièrement par l’Agence de biomédecine à Paris, sont situés dans la moyenne nationale.
En revanche, le nombre de greffes qui dépend du nombre de donneurs, reste très insuffisant pour la population réunionnaise. Le nombre de dons d’organes a en effet été très faible en 2017, avec un taux de refus du don supérieur à la moyenne nationale.
Le délai de prise en charge le jour de la greffe est un des plus rapides de France, ce qui souligne l’efficacité des équipes soignantes dans la chaine de la greffe. L’équipe de greffe devient ainsi la première équipe de France à incorporer dans sa pratique quotidienne les connaissances très récentes d’immunologie en greffe rénale. Cette évolution rendue possible par la mise en place de techniques innovantes de biologie, améliore la recherche de compatibilité entre le donneur et le receveur.
Enfin, plusieurs projets visant à augmenter les possibilités de dons pour les patients dialysés réunionnais sont en préparation. Seule une prise de conscience de l’importance du don d’organe par la population réunionnaise permettra de répondre aux besoins des patients en attente de greffe.
Au cours de sa vie, un réunionnais a beaucoup plus de probabilité d’avoir besoin d’une greffe que d’être en situation de donneur d’organe.