L’île Maurice avait demandé à l’Assemblée Générale de l’ONU de saisir la Cour Internationale de Justice de la Haye. Ce qui fût chose faite: une injonction a été prononcée cette nuit à l’Assemblée Générale de l’ONU demandant à la Grande Bretagne de se conformer aux conclusions de la Cour Internationale de Justice de la Haye et de rendre ainsi l’archipel des Chagos à la République de Maurice, autrement dit que les Chagossiens puissent regagner leur île.
116 pays ont voté pour, 6 contre, dont l’Angleterre et les Etats-Unis, et une cinquantaine se sont abstenus. La dernière fois en 2017, 94 avaient voté pour et 15 s’y étaient opposés, « autrement dit 22 pays se sont ralliés à la cause chagossienne », précise Georges Gauvin, président du Comité Solidarité Chagos Réunion (CSCR).
Le Mouvement pour la Paix se joint au CSCR pour féliciter la décision de l’ONU mais se dit déçu de la France, qui s’est abstenue de vote pour la seconde fois, alors que le Chagos sont « pourtant une île franco-mauricienne », souligne Julie Pontalba, membre du Mouvement pour la Paix.
À la suite de cette annonce, les médias mauriciens ont interrogé les Chagossiens. Bien que certains Chagossiens seraient prêts à accepter une compensation financière, la grande majorité souhaite avant tout pouvoir retourner vivre sur leur archipel. Nombreux sont ceux qui déclarent juste pouvoir « avoir le droit d’avoir une tombe chez eux », précise Georges Gauvin, qui ajoute « c’est une population en grande souffrance, qui souhaite retourner chez elle depuis les années 70 ».
En effet, il y a plus de 50 ans, en 1965, les Chagossiens ont été expulsés de leur île par Londres, au profit des Etats-Unis, qui y ont construit leur base militaire de Diego Garcia. « Sur les 3 000 exilés de leur territoire, 300 sont encore vivants, sans compter la nouvelle génération. Lorsque les anciens se mettent à parler, leur discours se termine généralement par des pleurs », souligne le président du CSCR.
« C’est une première victoire, mais le combat n’est pas terminé, la Grande-Bretagne ne va pas s’exécuter comme ça, mais j’espère que la pression internationale sera assez forte pour que les Chagossiens puissent retourner chez eux », confie Georges Gauvin. Il poursuit en déclarant « 2016 a été une occasion manquée à cause de l’arrivée du Brexit, mais les experts britanniques avaient conclu à la faisabilité du retour des Chagossiens ».
Une position très largement soutenue par Olivier Bancoult, dirigeant du groupe de réfugiés Chagos, qui viendra faire le point à La Réunion la semaine prochaine. Ce dernier a notamment déclaré « les Chagossiens sont les Palestiniens de l’Océan Indien ».
« Un délai de 6 mois a été accordé, il devra donc être mis à profit par les Réunionnais, pour aider les Chagossiens, si on veut éviter un génocide juste à côté de chez nous. Le terme ‘génocide’ est fort car le drame est d’autant plus fort, dans le sens où un peuple meurt en dehors de son pays », souligne Julie Pontalba.
Aujourd’hui, un tiers de l’archipel est occupé par les Américains et les deux-tiers restants sont vides. Si la demande du retour des Chagossiens chez eux est acceptée, il faudra ainsi tout reconstruire: routes, écoles, habitations, etc… « Mais il n’y a pas de raison que cela ne se réalise pas cette fois-ci, après un demi-siècle on a une nouvelle lueur d’espoir, il faut y croire », conclut le président du CSCR.