L’évènement initié par les Nations-Unies est parti d’un constat alarmant : 20% des récifs coralliens ont déjà disparu et 30% sont menacés, à l’échelle de la planète. Or, le déclin des récifs entraine non seulement celui des espèces animales et végétales marines, mais menace également les activités humaines et économiques qui en dépendent dans l’eau comme sur le littoral. « Sans barrière naturelle, il n’y a plus rien pour arrêter les vagues. A terme, c’est la disparition des activités nautiques, balnéaires, économiques, touristiques« , explique Karine Pothin, directrice de la Réserve Naturelle Marine de La Réunion (RNMR).
Les récifs coralliens et les écosystèmes associés subissent des pressions diverses, naturelles et humaines. « Le braconnage, les surpêches, le piétinement des coraux, mais aussi les pollutions de l’eau, qu’elles soient causées par l’homme ou par les coulées de boues que nous avons eues récemment« , énumère la directrice.
Long de 40 kilomètres de côtes, du Cap La Houssaye à Saint-Paul, de la Roche aux oiseaux à l’Etang-Salé, le périmètre de la RNMR (Réserve naturelle marine de La Réunion) est ouvert à diverses activités dans plus de 90 % de son espace, dont 55% accessibles à la pêche. Seul 6% est sanctuarisé. La Réserve Marine est un organe de protection du milieu marin. Son rôle principal est donc de protéger et préserver le récif corallien, afin que l’équilibre marin redevienne ce qu’il était. L’homme faisant partie intégrante de ces environnements, la réserve exerce à la fois un rôle de réglementation des usages, afin d’en tirer des bénéfices socio-économiques, que les usagers puissent profiter des richesses de la Réserve et ainsi offrir un avenir aux activités de pêche (la ressource en poisson dans certains endroits avait fortement diminué avant sa mise en place) et de bord de mer, tout en préservant ces écosystèmes fragiles.
Observer le milieu, le protéger, coopérer avec les pouvoirs publics, le tissu économique, les usagers ; jouer son rôle d’alerte auprès des autorités et de police pour verbaliser lorsque nécessaire, sans oublier la sensibilisation de la population, celle des générations futures en particulier, telles sont les grandes missions de la quinzaine d’agents de la RNMR.
Le travail commence à porter ses fruits
En 2017, plus de 8 200 personnes ont été sensibilisées lors des différentes animations proposées (sentier sous-marin, animations nature, stands) et près de 5 000 scolaires. Autre axe, le GIP a distribué plus de 800 cartes autorisant la pêche professionnelle dans le lagon en 2017. Régulièrement, des réunions d’échanges avec les pêcheurs sont organisées.
L’action de sensibilisation doit se poursuivre. Pour faire écho au message délivré par les Nations Unis, qui a déclaré 2018 « Année internationale des récifs coralliens » (IYOR), la Réserve Naturelle Marine de La Réunion met en œuvre un plan d’actions visant à mobiliser la population autour de ces questions. Une manière pour la structure d’appuyer encore sa contribution.
Si beaucoup reste à faire, que l’écosystème local est toujours déséquilibré, Karine Pothin estime que le travail engagé depuis plus de 10 ans n’a pas été vain. « Nous voyons les choses évoluer dans le bon sens, les usagers respectent davantage le milieu, les pêcheurs commencent à observer le retour de la ressource. Avec la mobilisation de tous, nous sommes optimistes sur un récif corallien en meilleure santé demain« .