Face à la recrudescence des attaques de requins signalées dans la région, les instances décisionnelles de la Commission de l’océan Indien ont donné mandat au Secrétariat général de la COI de conduire une étude régionale sur la gestion du risque requins (décision du Conseil des Ministres du 6 octobre 2011). Mais avant de définir les modalités de cette étude régionale, une consultation régionale d’une demi-journée a été organisée à la Réunion, en marge de l’Assemblée générale de l’Initiative Régionale pour les Récifs Coralliens (ICRI) qui se tient au même moment.
Cette consultation régionale a donc eu lieu ce jour rassemblant un panel d’acteurs concernés (scientifiques, gestionnaires, autorités administratives et membres de la société civile) de la Réunion et d’autres pays ou territoires, notamment de la zone océan indien. Un atelier régional pourrait être organisé début 2012 sur la thématique requins et la suite logique de ces rendez-vous serait la définition d’une stratégie régionale COI de gestion du risque requin.
Les statistiques de l’ISAF (International Shark Attack File) montrent qu’entre 2000 et 2010, il y a eu dans le monde 725 attaques de requins recensées (dont 54 mortelles). Le sud-ouest de l’océan Indien n’est pas épargné, les récents exemples en 2011 d’attaques mortelles de 2 nageurs/plongeurs aux Seychelles et de 4 attaques (dont 2 mortelles) à La Réunion sont là pour le rappeler. Mais si les attaques de requins (non provoquées) sont très médiatisées, elles restent cependant statistiquement assez rares.
Ce matin, Zinfos a rencontré Eric Clua, un vétérinaire, docteur en biologie marine et spécialiste des requins qui travaille en Nouvelle-Calédonie pour toute la zone du Pacifique. Pour lui, avant de gérer le « risque requin », il est important de changer les mentalités…
Selon vous, comment les autorités et les populations doivent agir face au risque requin?
« C’est une situation classique au regard des faibles chiffres, les attaques dans le monde et le nombre de décès n’est pas immense. Il y a un véritable problème de perception de la nature… Il faut assumer le risque de la mer. Pour l’alpiniste, on ne demande pas de couper une montagne dangereuse alors comment peut-on imaginer éradiquer les requins?
Les gens ont une peur bleue – c’est le cas de le dire – du requin. On n’aime pas se faire dévorer, et ça peut se concevoir ! Objectivement, ce qui a changé c’est la fréquentation de la mer par les gens. On a créé de nouveaux sports, il y a plus de monde sur les plages… Il faut accepter le risque, et quelquepart oui, mon discours est fataliste.
L’attaque de requin est perçue comme un attentat, or nous avons besoin des requins pour l’équilibre de notre écosystème. Dans le contexte actuel, l’interdiction de baignade est nécessaire car les gens ne sont pas prêts à affronter, assumer ce risque. La priorité est de changer les mentalités. Nous, populations blanches, devrions parfois nous inspirer des populations autochtones. Les polynésiens, avec leurs croyances, perçoivent le requin ni plus ni moins comme un simple animal dangereux, au même niveau qu’une araignée ou qu’un serpent.«