Activité économique ou sécurité publique. Le dilemme reste le même pour les professionnels de la mer, en proie à une présence "requin" qui n’a jamais été aussi forte en si peu de temps à la Réunion. Pas moins de quatre rencontres, avec des fins diverses, ont en effet été constatées depuis le début de l’année.
Ce matin, le milieu reste divisé. Pour les premiers concernés, c’est-à-dire la société qui propose des tours en kayak dans les eaux de la côte Ouest, l’avis est ferme. "Nous n’allons pas appeler la presse à chaque fois que nous voyons un aileron. Dans ce cas, nous appellerions les journalistes chaque semaine", avoue Eric, le gérant de la société de kayak Akuatiko, un brin agacé par tant de médiatisation. "A aucun moment le kayakiste n’a tenté de dissimuler cela. Maintenant, le mal est fait", ajoute-t-il.
"Nous sommes surpris par le phénomène"
Un point de vue que tempère Mathieu, gérant de Parksa, une école de surf. "Evidemment qu’il faut en parler car il s’agit d’informer d’un danger. Mais la première des choses, c’est d’alerter les autorités compétentes. Après, si c’est relayé par les médias c’est sûr que ça ne sert pas notre cause. Peut-être que le fait que l’arrêté ait été levé le matin même a sans doute joué".
"Personnellement je trouve logique d’informer, c’est comme croiser des baleines ou des tortues. Là, il s’agit d’un requin qui charge un kayak, c’est autre chose. On va prévenir la communauté. Mais peut-être qu’à la Réunion nous sommes surpris par le phénomène. Ce n’est pas comme dans d’autres pays, en Australie par exemple où dès qu’un surfeur aperçoit un aileron, il alerte les autorités qui font le nécessaire".
A quelques jours d’une réunion inédite organisée sous l’impulsion de la mairie de Saint-Paul concernant le risque requin, le moniteur de surf pense également que le fait de parler de l’attaque de vendredi aurait eu justement pour but de mettre encore plus de pression sur les institutionnels.
Un protocole pour éviter les cachoteries
"Moi, ça fait 12 ans que je suis à la Réunion, je ne m’explique pas cette recrudescence. Peut-être un phénomène cyclique…", tente-t-il de comprendre. En attendant, toutes ces mauvaises rencontres de 2011 a un impact réel sur les activités. "On a moins de charge de travail, c’est sûr. Je dirais moins 70% au niveau de la fréquentation des gamins. C’est vrai que les parents sont moins chauds à inscrire leur enfant à une école par ces temps".
Toujours est-il que Mathieu prévoit de mettre son grain de sel lors de la réunion du 25 juillet ouverte aux professionnels de la mer. L’occasion unique pour les autorités en charge de la sécurité publique de décider d’un protocole à suivre en cas de signalement du prédateur des mers.