La loi faisait obligation au conseil scientifique de rendre son avis quant à un éventuel report des élections régionales et départementales avant le 1er avril. La rumeur voulait qu’il le fasse hier dimanche. C’est en fait aujourd’hui lundi que le conseil a tranché. Il semble militer en faveur d’un report des élections, mais laisse toutefois à l’exécutif le soin de trancher.
« Si les autorités décident un report des élections, les risques de contamination seraient sensiblement moindres qu’au cours du mois de juin en raison d’un niveau prévisible de vaccination nettement plus élevé », écrivent les membres du conseil, partant du principe que 40 à 45 millions de Français pourraient être vaccinés fin septembre, contre 30 millions mi-juin. A condition bien sûr que les laboratoires livrent toutes les doses promises, ce qui est loin d’être sûr.
Un risque accru du fait des variants
Et les membres du conseil d’ajouter que,« par comparaison avec des scrutins antérieurs, les risques de contamination sont désormais accrus en raison de la forte contagiosité du variant britannique« .
Reprenant ses arguments déjà publiés à l’occasion des élections municipales, le Conseil scientifique met l’accent sur les risques importants liés à l’organisation d’une campagne électorale et préconise donc de trouver « un nouveau modèle », « d’encourager au maximum l’usage de moyens dématérialisés » et d’interdire les rassemblements.
Des préconisations irréalistes
Une solution, selon le conseil, pourrait consister à encourager les candidats à se faire vacciner ou à se faire dépister régulièrement, et de confier la tenue des bureaux de vote à des personnes vaccinées. Cette proposition montre une totale méconnaissance de l’organisation d’une élection. Si les postes de secrétaires sont effectivement la plupart du temps tenus par des employés municipaux, il faut savoir que chaque candidat se doit de positionner un scrutateur dans chaque bureau. Etant donné le nombre de bureaux de vote, chiffre à multiplier par deux puisqu’il y aura deux élections simultanément, et le nombre de listes pour les régionales ou de candidats en présence pour les départementales, il est totalement impossible de trouver des volontaires vaccinés en nombre suffisant. Déjà qu’il est très difficile de trouver des candidats en temps normal, la tache va s’annoncer insurmontable en cette période d’épidémie.
A l’exécutif de prendre ses responsabilités
Dans sa conclusion, le conseil scientifique renvoie la décision d’un nouveau report à l’exécutif. « Il incombe aux seules autorités politiques de procéder en toute légitimité démocratique aux appréciations générales, qui dépassent les seuls aspects sanitaires, ainsi qu’aux arbitrages nécessaires, qui sont éminemment politiques s’agissant de l’organisation d’élections », affirment-ils, rappelant que l’état de la pandémie en juin est « difficile à anticiper ». « Il dépendra de la stratégie du gouvernement et de l’efficacité des mesures de freinage qui seront mises en œuvre, et donc de leur appropriation par la population« , mais aussi « de la couverture vaccinale atteinte« .
Une façon polie de dire à Emmanuel Macron de se débrouiller tout seul.
Une vengeance ?
Certaines mauvaises langues ne manqueront pas de voir dans ce positionnement une petite vengeance vis-à-vis du président de la République qui n’a pas hésité, au cours des derniers mois, à s’affranchir des préconisations du conseil quant aux mesures à prendre pour contrecarrer l’évolution de l’épidémie en France.