Réponse d’un médecin libéral aux vœux du Président de l’Ordre Départemental des Médecins de la Réunion (ODM Réunion)

A part dire "merci à votre cher confrère et le féliciter", que voulez vous exprimer par ce billet ?

Et merci de quoi à votre cher confrère ? Le féliciter pour quoi ?

Les médecins libéraux seraient-ils à plaindre à La Réunion ?

Certainement moins que les "patients" (ou clients ?) dont ils sont censés assurer la santé.

Je partage tout à fait le point de vue exprimée de nécessité d'une unité de toute la profession, médecins libéraux et hospitaliers, indispensable à construire un système de santé satisfaisant, et pour la population, et pour nous praticiens.

Comment construire un nouveau système de santé ?

Comparaison entre les pays au niveau santé

Si nous comparons notre soi-disant excellent système de santé français avec ceux des pays voisins, il se pourrait que nous comprenions mieux, à l’aide de cette comparaison, je cite, ici, le Président de l’Ordre : « le péril (que court) notre système de santé, la dégradation de l’accès à des soins de qualité, le regard indifférent et méprisant porté sur les conditions d’exercice des médecins, les orientations désastreuses destinées à reformer, tantôt l’exercice médical, l’offre de santé, tantôt la formation des médecins. » Le Président ajoute encore que sont prises, année après année : « Des mesures souvent ineptes et mal inspirées concernant l’exercice quotidien des médecins libéraux, des médecins salariés et des médecins en formation. » On ne peut que se mettre à ses cotés pour affirmer : « Avec vous, je constate, je déplore, je m’indigne et me désespère aussi. »

Pour faire court et ayant exercé en France 62 ans, mais ayant vécu en Allemagne de 1960 à 1996 (où j’ai fait soigner mon épouse allemande, mon fils allemand), je me permets de dresser devant vous une comparaison entre le système de Bismarck appliqué en Allemagne depuis 1880 un système qui n’a jamais connu le moindre déficit annuel et celui de l’assurance maladie française construite par les syndicats, pas à pas, à partir de 1945, pratiquement toujours en dette, toujours en conflit avec les professionnels de santé avec lesquels elle obtient des reculades incessantes à chaque convention.

Pourquoi ? C’est que les syndicats de fonctionnaires qui gèrent la SS accordent tout leurs efforts à l’hygiène de santé (Tabac, alcool, sucres, drogues) et ainsi obligent les médecins à faire valoir ces idées et presque rien pour traiter les 2000 maladies que les médecins ont appris au cours de leurs études. Pas une de mes questions d’internat ne traitent de l’hygiène de santé. Toutes sont consacrées ces multiples maladies ignorées dans les écoles de fonctionnaires.

Ce qui m’a frappé pendant ces 36 années en Allemagne ce sont toutes les libertés des professions libérales qui étaient respectées pour exercer (au prix de quelques concessions) qui règne dans ce pays. Les petits hôpitaux sont gérés par le conseil municipal de la ville d’où les noms comme Stadische Krankenhaus Offenbourg. Chaque ville cherche son ChefArtz par annonces en promettant des salaires de plus en plus élevés selon les difficultés de l’exercice.

Résultats : 11 % du PIB dépensés en Allemagne pour la santé dont 20 % pour les fonctionnaires de santé, 12 % du PIB en France dont 60 % pour payer les mêmes fonctionnaires, 14 % du PIB aux USA qui produisent le meilleur système de Santé et qui accueillent nos meilleurs étudiants, et en gardent les meilleurs. Les départs vers ces deux pays est inéluctable et La Réunion va se retrouver bientôt au niveau de 1967 (date de mon arrivée comme VAT) où il me fallait signer 850 évacuations sanitaires par an vers la métropole pour 300.000 habitants. Malgré deux CHU (qui n’en sont pas) les évacuations sanitaires sont du même niveau qu’autrefois pour 850000 habitants.

Ce qui m’a frappé pendant ces 62 années exercées en France ce sont les pertes des libertés voulues par les administrations (au premier rang la SS) grâce auxquelles ont été perdues ou réduites la liberté de prescrire, la liberté d’installation, la liberté des honoraires, sans oublier le secret médical bafoué. Tout ceci résulte des décisions voulues par la seule Assurance maladie infiltrée au Ministère de la Santé qui n’a eu de cesse de priver les médecins libéraux de leurs droits les médecins des hôpitaux publics sans jamais penser à se réformer elle-même sur de nouveaux principes.

"Je partage avec beaucoup d’entre vous de vives préoccupations sur le péril de notre système de santé, sur la dégradation de l’accès à des soins de qualité, sur le regard indifférent et méprisant porté sur les conditions d’exercice des médecins et sur les orientations désastreuses destinées à reformer tantôt l’exercice médical, l’offre de santé ou encore la formation des médecins en France. Ces mesures souvent ineptes et mal inspirées concernent l’exercice quotidien des médecins libéraux, des médecins salariés et des médecins en formation.


Paroles de la chanson La Vérité par Guy Béart

Le premier qui dit se trouve toujours sacrifié
D'abord on le tue
Puis on s'habitue
On lui coupe la langue on le dit fou à lier
Après sans problèmes
Parle le deuxième
Le premier qui dit la vérité
Il doit être exécuté.

S agissant des déserts médicaux, je suggère trois modifications:

1- De restituer aux médecins la possibilité de bénéficier d une ancienne mesure oubliée: être pro pharmacien s'ils le veulent et si cela s'impose : urgences, économies de distributions des boites.

2- La seconde mesure consiste à permettre aux médecins d'acheter des appareils de radiologie, des échographes, des appareils de biologie, bref sur tout ce qu'ils ont appris etc... et surtout d avoir le droit du cumul de ces actes en une seule journée.

3- Accepter d être payé en tiers payant trimestriel mais avec une avance mensuelle pour éviter les défauts de paiement en cas de conflit personnel ou syndical.

Tout cela ne coûte rien à la Sécurité Sociale mais bien au contraire lui permet de faire des économies de feuilles de soins pour chaque acte, pour chaque jour. Cela faciliterait grandement au moins la vie des habitants des déserts médicaux: être soigné plus vite, être guéri plus rapidement, consacrer plus de temps à leur travail au lieu de courir d'un point à un autre pendant des semaines.