C’est un point de vue que je suis loin de partager !
Les fonctionnaires sont indispensables dans tout pays qui se respecte et qui veut, ne serait-ce qu’exister…les pays sans Etat ou presque sont à la dérive complète (Irak, Afghanistan, Libye, etc…).
Certes il y a quelques fonctionnaires inutiles, en particulier dans l’administration « administrative« … mais pour reprendre l’exemple de l’enseignement, ces fonctionnaires sont plus qu’utiles : indispensables.
Paul se positionne sur la problématique des mutations de Réunionnais sur place. A mon humble avis, la question sera résolue quand la sur-rémunération aura disparue, mais ce n’est pas pour demain car on est avant une élection…et comme on est toujours avant une élection….
Lorsque j’étais responsable de l’Insee-Réunion, de 1966 à 1985, c’était une grande souffrance de voir que la direction générale refusait d’ouvrir des centres de concours outre-mer et nous envoyait des cadres d’exécution (cadres C et aussi D à l’époque) venant de métropole pour passer la fin de leur carrière sous les cocotiers, alors que des centaines, voire des milliers de Réunionnais avaient les aptitudes pour occuper ces postes.
La question a été résolue en 1966 (date de mémoire) quand les Corses étant traités de la même façon ont simultanément séquestré le directeur régional à Ajaccio et fait exploser une bombinette à la cafeteria de la direction générale de l’Insee (une baie vitrée brisée, aucun blessé) et, depuis, ô miracle généralisé, les centres de concours Insee sont ouverts dans toutes les îles…
Pour ma part, je vois la question sous l’angle efficacité des fonctionnaires. Il me semble indiscutable que dans beaucoup de métiers de fonctionnaires (enseignants bien sûr, soignants, sécurité, justice, social…), le fait d’être Réunionnais, en en particulier de comprendre et pratiquer la langue du pays, le créole réunionnais, est un « plus » incontestable. Combien de malentendus, d’incompréhensions, d’erreurs graves, voire d’accidents ont pu être commis par une méconnaissance de la langue, en particulier à cause d’une grand proximité lexicale qui génère des faux-amis diaboliques. La Réunion a donc collectivement intérêt à ce que ses fonctionnaires soient originaires de l’île. En revanche on ne voit pas très bien quelle peut être l’efficacité d’un fonctionnaire Réunionnais déraciné et démotivé largué à 10 000km de chez lui.
Pour l’éducation nationale, notre mammouth toujours plus gras, il est manifeste que le dispositif en place est conçu pour permettre à de nombreux cocophiles (les zoreilles attirés par les cocotiers) d’assouvir leurs envies agrémentées d’une confortable sur-rémunération complétée d’une « remise » de 30% sur l’impôt sur le revenu…
Alors, bien sûr quand il n’y a pas la compétence ou le nombre sur place il faut recourir aux extérieurs, sinon c’est totalement contre-productif des deux côtés de la mer….
Quant à la propension des Réunionnais à rechercher la fonction publique pour travailler, le néant du secteur privé, activités commerciales au assimilées exceptées, est une explication simple mais majeure. Certes, on recherche des coupeurs de canne et des fécondeurs de vanille mais combien ?
Le cas de Mayotte est bien plus grave que pour nous de ce point de vue. Non contents d’avoir écrabouillé leur culture ancestrale avec la vitesse V on leur injecte à haute dose des fonctionnaires encore plus cocophiles qu’ici… en attendant un gigantesque chaos social qui ne tardera pas, hélas.
Charles Durand du Brûlé