
Depuis plusieurs années déjà, incivilités, insultes, menaces, violences, agressions envers les élus s'accroissent de plus en plus et s'aggravent. Elles sont devenues malheureusement "monnaie courante". Ces faits sont inacceptables, intolérables et condamnables. La loi pour durcir les sanctions commises sur des élus, témoigne que du bon sens. Malgré tout, derrière ces comportements inadmissibles, cachent cependant un malaise profond. Il serait temps de recréer le lien entre les élus et la population.
Cependant, aujourd'hui nous sommes dans une société complètement asphyxiée d'information et parfois des "fakes news", avec multiples supports. Journaux, télé, radio, internet, SMS, communiqués, conférences de presse, lettre du maire, réseaux sociaux...supports qui n'existaient pas auparavant. Alors que beaucoup encore, ne savent ni lire, ni écrire, encore moins à utiliser Internet. Alors que nos élus, nos collectivités, les divers organismes administratifs communiquent à tour de bras sur ce support moderne. Ils annihilent même le contact humain du terrain et qui tend à disparaître de manière continuelle. Beaucoup administrés vivent cette modernité comme un facteur d'exclusion. Cette rupture de lien se retrouve encore dans le taux des abstentionnistes en forte augmentation à chaque élection.
Réinvestir dans le métier de garde champêtre
Alors, qu'il fut un temps, pas si lointain, le garde champêtre se déplaçait dans la commune et s'arrêtait à certains endroits, pour annoncer à la population, les nouvelles importantes du conseil du conseil municipal et les décisions prises qui vont affecter la vie quotidienne de cette même population voire beaucoup d'autres informations afférentes à la commune. Ces relations et écoutes lui permettaient aussi de prendre le pouls de la population et de le faire remonter aux Maires.
Je me souviens dans mon enfance, qu'à côté de la citerne des 4 robinets commune de St-Leu, était le lieu où le garde champêtre venait régulièrement diffuser des annonces des Maires de l'époque, que ce soient M. Henri Bègue dans les années 1959 à 1975 et de Mme Marie-Thérèse De chateauvieux de 1975 à1983.
Autant vous dire, que le garde champêtre était un personnage qui représentait l'autorité incontestable de la commune et du Maire. Képi visé sur sa tête, habillé en costume kaki, son tambour en bandoulière, muni de deux baguettes. Sa locomotion de l'époque, l'incontournable 2 chevaux qui restait très rare comme voiture à St-Leu et à la Réunion.
À son arrivée, à peine avoir salué les personnes présentes qui venaient chercher de l'eau, le voilà gravissant le petit muret de la grande citerne des 4 robinets. Debout sur muret, le premier roulement de tambour se faisait entendre durant plusieurs minutes, et l'écho résonnait dans tout le quartier. Ensuite, il attendait le regroupement de la population du quartier avant d'annoncer les nouvelles. Il se faisait vite repérer aux cris "Ôyé, Ôyé braves gens ou avis à la population…". Tout le monde attendait patiemment en silence, et l'écoutait avec une attention particulière. Il était respecté et représentait la loi. Personne ne cherchait à mettre en doute ses paroles ou de s'opposer à une décision annoncée. Aussitôt la dépêche transmise et entendue, un dernier roulement de tambour qui clôturait la fin du message. Puis, il repartait vers d'autres lieux, toujours à reprendre le même communiqué.
Un personnage hors du commun
Le garde champêtre était un personnage respecté et parfois craint, faisant même la morale, l'éducation aux enfants lors de ses déplacements. Il était un vrai trait d'union entre le Maire et ses administrés. Il connaissait tous les recoins des quartiers au bout des doigts car il sillonnait la commune de St-Leu en long et en large. Il connaissait les besoins de la population, les difficultés...etc. Il avait une connaissance parfaite des quartiers et de ses habitants.
Son champ d'action était très large, la prévention, maintenir l'ordre publique de manière générale. Il était habilité aussi à constater une infraction, à la verbalisation, à veiller sur la sécurité, la tranquillité des habitants, la salubrité publique, la protection des espaces naturels, les infractions aux lois, porter des messages à population ..etc, etc.
Aujourd'hui avec l'évolution du métier, le garde champêtre s'est transformé en très grande partie en police municipale vers1989. Tout en pensant que les élus dont les Maires ont perdu l'homme de loi qui faisait lien avec la population. Le vrai communiquant de ses actions et de sa politique. Mais surtout lutter contre le climat d'insécurité, d'endiguer la violence...etc.
Au moment où le désintérêt de la population pour la "chose publique" se fait sentir de plus en plus, devant cette insécurité grandissante, devant le manque d'outil faisant lien, ne faudrait-il pas que les intercommunalités réinvestissent dans le métier de garde champêtre ? Bien sûr en complémentarité avec à la police municipale, police nationale, gendarmerie...etc.
En réalité, le Territoire Côte Ouest (TCO) pourrait être avant-gardiste, si le Président M. Emmanuel Séraphin prend ce dossier de garde champêtre à cœur. Il serait temps d'organiser une réflexion collective afin de remettre l'ouvrage sur le métier, pour le transformer en action. Bref, que ce maillon restauré, se conjugue désormais par le mieux vivre ensemble !