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Relocalisation industrielle – Simple discours opportuniste ou vraie stratégie ?

Le grand sujet à la mode, que l’on se base sur les discours tenus par le Président de la République, le Premier ministre ou les membres du gouvernement, voire même les membres influents du Parti majoritaire, c’est la relocalisation des industries indispensables à la souveraineté de la France. Après l’épisode du confinement, tout va changer […]

Ecrit par Saucratès – le vendredi 10 avril 2020 à 09H40
Le grand sujet à la mode, que l’on se base sur les discours tenus par le Président de la République, le Premier ministre ou les membres du gouvernement, voire même les membres influents du Parti majoritaire, c’est la relocalisation des industries indispensables à la souveraineté de la France. Après l’épisode du confinement, tout va changer !

C’est un beau sujet de conversation. Ce sont de belles promesses. Mais nous avons déjà entendu la même chose au moment de la crise financière des années 2007-2009. On devait réformer la Finance mondiale. Il faudrait se rappeler des discours enflammés de M. Nicolas Sarkozy sur la Finance. On a même élu en 2012 un ennemi intime de la Finance, en la personne de M. François Hollande. On allait voir ce qu’on allait voir. Résultat, il a fait mener une politique de droite à un gouvernement de centre-gauche, qui se sont d’ailleurs tous empressés de rejoindre un vrai gouvernement de centre-droit cinq ans plus tard.

Comment ne pas penser que tous ces beaux discours seront tous oubliés une fois que la crise épidémique et économique sera loin derrière nous ? Comme d’habitude. Comme au cours des années 2009-2012, quand petit à petit, les projets de réforme drastique du système financier se sont peu à peu effondrés, pour ne pas porter préjudice à l’industrie financière européenne. Dernier épisode en date, juste avant la crise du Covid 19, les députés français de la majorité adoptaient un texte pour freiner la mise en œuvre de Bale IV, supposée être dangereuse pour les banques française. Et quelques mois plus tard, crise de Covid 19 aidant, on parle désormais d’interdire aux banques la distribution de dividendes. Une chose et son contraire quelques mois plus tard. Puisque les conséquences de Bale IV, c’est la constitution de davantage de fonds propres et donc une moindre distribution de dividendes.

Comment ne pas se rappeler que les lois adoptées postérieurement à la crise des années 1930 ont toutes été détricotées par les gouvernements américains quelques années avant la crise financière de 2007-2009. Et que si ces lois avaient été maintenues en l’état, il n’y aurait jamais eu de crise des subprimes et que l’on n’aurait pas connu une crise d’une telle ampleur en 2007-2009. Il y aurait eu évidemment des crises financières ou boursières, peut-être même plus tôt, mais jamais elles n’auraient été aussi violentes et générales.

Pour en revenir à la situation présente, on nous explique donc qu’un gouvernement de libéraux et de banquiers d’affaires ont compris que la France doit être capable de produire sur le sol français l’ensemble des produits, des productions, indispensables à l’indépendance stratégique et à la poursuite de l’activité de la Nation ! La France doit donc être capable de produire sur son sol les masques, les médicaments essentiels, au lieu de se fournir et de produire au moindre coût, loin là-bas en Asie ou en Chine ! Certes. Mais combien de temps ces bonnes résolutions dureront-elles ? Lorsque toutes les administrations ne pensent qu’à acheter au meilleur coût, au mieux disant, que les lois européennes elles-mêmes interdisent de privilégier un producteur national plutôt qu’un producteur d’un autre pays européen, chinois ou américain ? Ces hommes politiques font des promesses,  de grands discours, affichent de grandes et belles resolutions qu’ils savent pertinemment ne pas pouvoir tenir, parce qu’il reviendra toujours moins cher de produire en Chine que de produire en France, avec des coûts qui n’ont rien à voir. 

Parce ce que nous avons mis au pouvoir depuis des décennies, en France et en Europe, des adeptes du marché et du capitalisme. La saine et bonne concurrence est la meilleure chose qui puisse arriver pour le consommateur que nous sommes tous, selon eux ! Parce que le gouvernement jusqu’à très récemment ne visait qu’à baisser l’ensemble des coûts des administrations publiques et de la dépense publique. Et on voudrait aujourd’hui nous faire croire que le gouvernement, que le Président de la République francaise, a totalement changé de logiciel économique et que la baisse des depenses publiques et la mise en concurrence de tout et de tous ne sera plus leur seul et unique leitmotiv ? 

Il ne faut pas se leurrer. Si on ne change pas les hommes actuellement au pouvoir, si on ne change pas l’idéologie à l’œuvre en France et en Europe, on ne continuera pas à produire des masques en France, des médicaments essentiels, les composants de nos avions, les composants de nos centrales nucleaires, de nos voitures ou de nos bateaux, ou les technologies de la téléphonie ou de la 5G. On ne redeviendra pas autonome stratégiquement. 

Parce que, sauf en cas de catastrophe économique, financière ou pandémique, le système concurrentiel  fonctionne vachement bien, et qu’il permet d’abaisser les coûts de tous les produits, des masques aux médicaments et jusqu’aux téléphones (avec une réserve pour l’iPhone d’Apple qui demeure malgré tout vraiment très cher). Ce n’est qu’en période de crise, de panique, que ce système montre ses pires travers, les conséquences de son dérèglement, de sa poursuite effrénée du profit maximum, de son absence de toute forme de régulation, de son absence absolue de morale. En règle général, tout se passe bien, et on pourrait croire les théoriciens du libéralisme selon lesquels la poursuite effrénée du profit est avantageuse pour tous ! Mais en periode de crise, tous ces théoriciens, tous ces politiques ultra-liberaux semblent brutalement découvrir que le système est défaillant, que l’on ne peut pas disposer des masques qui seraient utiles, et que des entreprises sans foi ni loi vendent leur production au plus offrant ! Mais ce sont exactement les mêmes règles que ces mêmes personnages appliquaient dans leurs banques d’affaires ou dans leurs entreprises quelques années auparavant.

Ces discours sont trompeurs parce que l’on comprend facilement qu’aujourd’hui il nous manque des masques et des produits pharmaceutiques de réanimation, mais que demain, dans dix ans, on découvrira qu’il nous manque autre chose, un autre médicament indispensable, ou une technologie dont on se sera défaussée pour faire quelques économies, pour des profits supplémentaires. On ne peut donc apprendre de ce gigantesque bordel, de ce gigantesque merdier, qu’en changeant diamétralement de logiciel de pensée, en abandonnant l’idéologie néolibérale de poursuite effrénée du profit à court terme, en relocalisant l’esnsemble des flux de production proches des lieux de consommation et d’utilisation. Cela entraînera un renchérissement d’une majorité de produits, et il faudra que les consommateurs soient prêts à payer le produit plus cher fabriqué près de chez eux, plutôt que le produit à bas coût vendu dans la chaîne de magasins à bas coût. Cela passe ainsi par un renchérissement des frais de transport et des frais de douanes au niveau international pour désavantager les marchandises à bas coût fabriquées en Chine et en Asie.

Mais lorsque l’on arrive à ce point là, on comprend très vite que ce projet sera violemment combattu par tous les penseurs, économistes et hommes politiques de tous bord. Puisque ce n’est guère différent de cette politique Trumpiste que l’on nous a présenté comme étant l’œuvre d’un fou, d’un caractériel, d’un dément ! Guère différent du combat de Donald Trump contre la production chinoise menée jusqu’à l’année dernière. Avec les résultats ou l’absence de résultats que l’on connaît ! 

Pour quelle raison nos dirigeants tiennent-ils donc ce discours, tellement opposé à leurs intérêts et à leur idéologie et à leur logiciel de pensée, pourrait-on se demander ? Par but purement électoraliste ? Parce que les francais ont besoin d’entendre ce discours aujourd’hui ? Ou bien parce qu’il s’agit de ne plus laisser ce crédo aujourd’hui porteur à leurs adversaires de la droite de la droite ou de la gauche de la gauche ? Parce que défendre aujourd’hui l’idéologie ultralibérale n’est absolument plus audible voire serait électoralement suicidaire ? Mais on peut avoir confiance, Ces mêmes hommes politiques, de nouveaux penseurs ultraliberaux réapparaitront, referont entendre leur petite voix dans quelques mois ou dans quelques années. Et on nous reparlera de maîtrise de la dépense publique, d’achats au meilleur coût, et des bienfaits des delocalisations et de l’ultralibéralisme !

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