C’est suite à un contrôle des douanes qu’une série de trois colis Chronopost contenant au total de 769 gr de résine de cannabis et 32 gr de cocaïne ont été interceptés. Afin d’interpeller le destinataire, les agents décident de placer une surveillance. En vain puisque Chronopost envoie une alerte de ciblage des douanes au destinataire. Et comme souvent dans ces cas-là, le numéro n’est pas traçable.
Qu’importe, les enquêteurs de la gendarmerie s’aperçoivent, après des recherches minutieuses, qu’au final 17 colis sont concernés. Les faits se seraient déroulés d’avril à octobre 2021. Ils ont tous un destinataire situé à l’Ehpad de la Possession, contiennent « normalement » tous de la semoule de manioc et proviennent du 93 en région parisienne.
Grace au numéro laissé par l’expéditeur, ils remontent sur un pompiste qui leur explique qu’il est en relation avec un homme de la région parisienne lui ayant proposé de faire venir de la résine de cannabis. Suite à la description, les enquêteurs remontent jusqu’au prévenu – qui habite près de l’Ehpad – qu’ils placent sous surveillance. Ils finissent par l’interpeller puis le placent en garde à vue. Lors des perquisitions à son domicile et dans sa voiture, les gendarmes mettent la main sur 470€, 100 gr de zamal planqués derrière la machine à laver et 269 sachets de conditionnement vides. Ils trouvent aussi de la skunk sur lui, ainsi que des sachets vides dans sa voiture.
« Je prête souvent mon téléphone à ceux qui en ont besoin »
Alors qu’il prétexte ne plus se rappeler de son code Pin, ni de son code de déverrouillage, les enquêteurs obtiennent tout de même l’historique de sa ligne personnelle. Ils repèrent notamment le numéro du Chonopost ainsi que celui du suivi de colis. « Je prête souvent mon téléphone à ceux qui en ont besoin », s’explique-t-il à la barre pour justifier de 124 appels passés. « On n’est pas complètement à la masse », lui fait remarquer une magistrate quant à ses explications farfelues.
« Il essaye de vous enfumer depuis le début ! »
« À l’entendre, c’est un mauvais concours de circonstance, il essaie de vous enfumer depuis le début ! Il y a beaucoup de colis depuis le 93 d’où il vient, et toujours de la semoule de manioc. Il habite à côté de l’Ehpad et le pompiste le décrit parfaitement. Il prête son téléphone mais il ne sait pas à qui ! Pour l’oubli de son code Pin, il ne veut pas qu’on fouille son téléphone car il sait ce que l’on va trouver. Il met en place tout un stratagème pour pouvoir revendre la marchandise. Il passe ses journées à livrer des stupéfiants. Il a pris les enquêteurs pour des jambons et il vous prend pour des idiots ! Je vous demande une peine de 3 ans de prison avec maintien en détention ainsi qu’une amende douanière de 1500€« , requiert le procureur.
« Pour le savoir, il aurait fallu ouvrir une instruction »
« On lui reproche une infraction importante, mais on ne retrouve ni résine de cannabis, ni cocaïne chez lui !« , répond Me Yannick Carlet pour la défense. « Il a des explications qui peuvent ne pas vous plaire mais rien n’a été retrouvé chez lui. Son numéro est le le 17 63 alors que toutes les investigations portent sur le 17 62 ! On nous dit avec évidence qu’il a fait importer des colis remplis de stupéfiants mais non ! Il y a bon nombre de gens qui ont pu commander ces colis mais pour le savoir, il aurait fallu ouvrir une instruction. Il n’y a aucune évidence qui prouve qu’il a fait envoyer ces colis, je vous demande la relaxe pour les faits d’importation. Il reconnait l’achat et la consommation et il sait qu’il va être condamné pour cela. On requiert 3 ans mais il n’y a aucune certitude, c’est disproportionné !« , conclut la robe noire.
Après une longue délibération, le tribunal, qui a visiblement entendu les arguments de la défense, relaxe le trentenaire des faits d’importation et d’emploi de produits stupéfiants. Concernant les faits de transport, de détention et d’acquisition, le prévenu est condamné à la peine de 2 ans de prison avec maintien en détention et 20 000€ d’amende.