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Réflexions en vrac

« L’Indianocéanie française » vue du côté français, ce sont : certaines îles éparses du sud-ouest de l’Océan Indien, Mayotte et La Réunion. Du côté de la communauté internationale, « l’Indianocéanie française » serait seulement La Réunion. La souveraineté française sur les îles éparses et Mayotte est contestée. « L’Indianocéanie française », avec ou sans les îles éparses et Mayotte, est […]

Ecrit par Paul Hoarau – le lundi 09 juillet 2018 à 15H51

« L’Indianocéanie française » vue du côté français, ce sont : certaines îles éparses du sud-ouest de l’Océan Indien, Mayotte et La Réunion. Du côté de la communauté internationale, « l’Indianocéanie française » serait seulement La Réunion. La souveraineté française sur les îles éparses et Mayotte est contestée.

« L’Indianocéanie française », avec ou sans les îles éparses et Mayotte, est encore un objet de suspicion de la part de certains. « L’Indianocéanie française », c’est « la France de l’Océan indien », à travers La Réunion, cheval de Troie, porte-avion de la France au milieu des îles indianocéaniennes.

Il est vrai que, souvent, sur le terrain, nous sommes nous aussi, français métropolitains ou réunionnais, dans cette vision des choses. Des amis « progressistes » s’accommodent de l’image « Réunion porte-avion de la France dans l’Océan Indien ». Il est difficile de se débarrasser de ces concepts jacobin de l’uniformisation et colonial de l’assimilation, selon lesquels la France est UN pays, UNE Nation, UNE République uniforme, indivisible. Tout ce qui est français, est la France.

Tout pays, tout peuple français doit disparaître pour se dissoudre dans la France et se conformer au modèle métropolitain. Il n’existe pas de Français-Français, de Français-zombis. Les Français concrets, en chair et en os, avec des cultures, des langues et des économies variées, formées, au cours des siècles, par le relief et le climat, le sol et les voisinages du pays dans lequel ils vivent,
sont Alsaciens, Bretons, Martiniquais, Guyanais, Réunionnais, etc. Ces populations sont autant de peuples que « la politique et l’histoire pétrissent sans cesse en une seule nation ».

L’unité nationale française, l’unité du peuple français, l’unité de la République française s’enracinent dans la diversité des peuples et des pays qui les constituent. Une Nation, une République, un Peuple qui recouvrirait de Paris à Fort-de-France, Cayenne, Saint-Denis et Papeete, des populations et des pays semblables, uniformes, est une vue de l’esprit idéaliste, non conforme à la réalité. Il suffit de voir, d’entendre, d’écouter, de sentir pour constater la diversité des lieux, des parlers, des ressentis. Il faut enlever le crépis de l’uniformisation et de l’assimilation qui recouvre, qui cache, qui étouffe tout simplement cette diversité pourtant bien
vivante.

Le refus de reconnaître cette diversité et d’en tirer les conséquences politiques, a entraîné des guerres ruineuses financièrement et dramatiques humainement, au temps des décolonisations de l’Indochine et de l’Algérie. Et la décolonisation bâclée de l’Afrique n’a pas encore donné de résultats satisfaisants parce que le partenariat France-Afrique n’en est pas encore un réellement …

En véritables grands commis de l’État, des préfets de la Réunion et des ambassadeurs de la zone indianocéanienne ont appliqué la politique du Gouvernement, mais ont fait, aussi, remonter des informations sur la réalité des terrains réunionnais et indianocéaniens. Cela a fait bouger des lignes. Mais l’obstination des élus réunionnais à ne pas vouloir assumer des responsabilités politiques, a contrarié ce mouvement. Ils sont dans la position selon laquelle, le seul responsable, c’est « Paris » : c’est Paris qui doit payer, c’est donc Paris qui doit décider. Et cette posture est dictée par la peur du largage. La peur n’a jamais été bonne conseillère.

Je n’ai pas encore lu le « Livre bleu » des assises des outre-mer. Mais les comptes rendus de presse que j’ai parcourus à son sujet, me semblent indiquer que certaines mesures qu’il préconise, ne correspondent pas tout à fait à certaines aspirations et préoccupations généralement exprimées, des Réunionnais. Le Gouvernement les ayant consultés pour avoir leur avis, leur apporterait-il ses réponses à lui, aux questions posées ?

Des affaires comme les affectations des fonctionnaires, le recrutement y compris des cadres dans le public et le privé ; des affaires comme la laïcité vécue au quotidien, des affaires comme la fiscalité et bien d’autres, ne peuvent pas être traitées de la même manière qu’elles le sont en France.

J’ai noté, en lisant la presse, que le Président de la République aurait trouvé « ringarde » la distinction entre la France et les Outre-mer. Je me suis réjoui de trouver confirmation d’une conversation que nous avions eue sur le sujet au cours d’un repas. Je proposais de supprimer cette division de la République qui est, à mes yeux, une survivance de la France et son empire, et il manifestait un intérêt évident à cette proposition. Malheureusement, la deuxième partie de la déclaration présidentielle m’a déçu. Il proposerait,
en effet, de remplacer la formule « ringarde » par : « l’archipel France ». Il faudrait que notre conversation puisse se poursuivre.

Je proposerai que l’on remplace la formule « la France et les outre-mer » par la formule tellement plus simple : « La République française ». Elle recouvrirait, enfin reconnus et égaux, tous les pays français, d’Europe, des Amériques, de l’Indianocéanie et du Pacifique. Il ne faudrait pas que la trouvaille du Président soit inscrite maintenant dans la Constitution ; il n’est pas nécessaire qu’elle le soit. Il suffirait que la conception nouvelle de la République devienne l’usage et que ce qui est de l’esprit outre- mer avatar de l’esprit colonial, tombe en désuétude.

Chaque Région, où qu’elle soit, dotée d’un vrai pouvoir politique, définirait ce qui lui convient et le négocierait avec le pouvoir central.
Encore faudrait-il qu’à La Réunion, pour ce qui nous concerne, il y ait un pouvoir politique local responsable des affaires du pays, et partenaire d’un pouvoir central, responsable des affaires de la Nation. Sans cela, il n’y aura pas d’émancipation des Réunionnais.

Paul HOARAU

 

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