Ce dimanche, un référendum aura lieu en Nouvelle-Calédonie. Il déterminera si oui ou non l’archipel d’Outre-Mer quittera la République française. Une grande partie des 270.000 habitants réclame l’indépendance de leur île.
Nous avons interrogé l’un d’entre eux, Alex, pour en savoir plus sur ce sujet important de l’Histoire, ainsi que pour connaître son avis personnel.
Depuis quand êtes vous installé en Nouvelle-Calédonie ? Après une visite touristique ou pour un travail?
Je suis né en Nouvelle-Calédonie, descendant de travailleurs français, anglais… installés ici depuis plusieurs générations.
Qu’est ce qui vous a plu pour décider d’y rester ?
Etant natif d’ici, je ne me vois pas vivre ailleurs, puisque c’est sur cette île que je me sens le plus chez moi.
Quelle(s) sont les différences que vous avez pu constater par rapport à la société réunionnaise ?
Mon arrière grand-mère, une fille Rivière, est née à Salazie. J’ai donc un grand nombre d’ancêtres réunionnais. Mon point de vue extérieur c’est qu’il existe des points communs (mode de vie lié à l’insularité) mais aussi des différences fondamentales au niveau historique, culturel et structurel. Par exemple ici, il n’y a pas eu d’esclavage ni de départementalisation, nous sommes certainement un peu moins « gâtés » par la métropole (par exemple au niveau des infrastructures routières). La présence des Kanaks, avec une culture propre, lorsque l’ile fut découverte par l’Occident, donne culturellement quelque chose de très différent du paradigme « créole ».
Quel rapport ont les Calédoniens vis-à-vis du pouvoir parisien ?
Les Calédoniens se sentent différents des métropolitains de manière générale, appréciant cette relative autonomie de la Nouvelle-Calédonie octroyée par son statut particulier, mais restent très attachés à la France d’un point de vue identitaire.
Les métropolitains sont-ils acceptés ou est-ce qu’il y a de la défiance entre les communautés ?
Les « métros », ou « zoreils » sont très bien intégrés en général. Ceux qui restent sont ceux qui apprécient le mode de vie calédonien avec ses inconvénients.
Qu’en est-il du niveau de vie des Calédoniens ?
Le niveau de vie reste bon malgré une inflation constante des prix (alimentation, logements, transport…) qui paupérise la frange la plus pauvre de la population, entrainant une certaine forme de délinquance.
Sentez-vous qu’une majorité de la population va être tentée par l’indépendance ?
Je pense qu’une majorité va voter non, ce qui signifiera qu’une partie de l’électorat indépendantiste a compris que la Nouvelle-Calédonie n’est pas encore prête pour être totalement autonome.
La question divise-t-elle la société depuis des mois, des années ?
Cela fait plus de 40 ans que la question de l’indépendance est sur le tapis et 30 ans qu’elle est au cœur des débats et des enjeux politiques. A la veille de ce référendum historique, les Calédoniens sont donc plutôt calmes et sereins. Il n’y a pas de tensions palpables car le processus démocratique suit son cours.
L’indépendance vous fait-elle peur ? Vos amis calédoniens ?
L’indépendance est un sujet d’inquiétude dans la mesure où sa réalisation entraînerait une dévaluation immédiate du Franc CFP et des problématiques d’organisation du pays qui ne peut être autonome actuellement. En prolongeant cette réflexion, on tombe inévitablement sur plusieurs interrogations, comme la question de la nationalité et de l’ingérence des puissantes nations (Australie, Chine) actives dans le Pacifique.
Si le oui l’emporte, pensez-vous rester là bas ?
Je resterai à condition qu’il me soit possible de conserver la nationalité française.