Le CEMOI fut créé en 2010, avec pour objectif d’unir les forces des chercheurs en sciences économiques et en sciences de gestion de l’université de La Réunion. L'unité de recherche a pour objectif notamment de privilégier les travaux concernant les problématiques liées à l’économie du développement soutenable en contexte insulaire, nous précise son directeur depuis 2017, Jean-François Hoarau.
La présente étude, qui a reçu le soutien de l'Agence Française du Développement, a été menée de concert par des chercheurs de trois laboratoires des universités de La Réunion (Jean-François Hoarau), d'Auvergne (Michaël Goujon) et de l'école d'ingénieurs Agro-Sup Dijon (Stéphane Blancard). "L'idée qui traverse la littérature scientifique depuis une trentaine d'années est que les petites économies insulaires se définissent comme un groupe distinct, particulièrement vulnérable au changement climatique", nous dit Jean-François Hoarau. "L'objectif de cette étude était de vérifier la véracité de cette assertion, sur un large échantillon de petites économies insulaires, de toutes zones géographiques".
L'étude a porté sur pas moins de 250 économies mondiales, dont 100 insulaires, comprenant des îles non-souveraines (La Réunion en est une). Cinq risques étaient mesurés: la sécheresse, les inondations (fonte des glaciers et élévation du niveau de la mer), les chocs de précipitations, les chocs de températures et enfin le risque cyclonique. Ces cinq risques sont combinés dans le cadre d'un indicateur allant de 0 à 100: l'IVPCC (Indicateur de Vulnérabilité Physique au Changement Climatique). Il en résulte que l'insularité en soi n'est pas une contrainte forte en termes de changement climatique, tout dépend de la zone géographique dans laquelle se situent les petites économies insulaires. Toutefois, la bande inter-tropicale est quant à elle particulièrement concernée.
"Toutes les économies du monde sont concernées par au moins l'un des cinq risques étudiés", précise le chercheur. Le classement IVPCC est parlant: en première place, on retrouve les Bahamas, avec 72,88/100, et en dernière, l'Islande, qui est pourtant une île. La France hexagonale a un indice IVPCC de 45,01, mais La Réunion est bien au-dessus, avec 54,77/100. L'île Maurice, dont la géographie est assez différente, possède un IVPCC de 61,77/100. Les petites économies insulaires tropicales dépendantes du tourisme international vont plus souffrir économiquement du réchauffement.
Le réchauffement climatique accentue la vulnérabilité
La rapport note qu'il est démontré que les flux touristiques internationaux sont principalement liés à la quête de conditions climatiques favorables. Structurellement, les économies essentiellement basées sur le tourisme sont sensibles aux évènements climatiques extrêmes, le réchauffement climatique accentue cette vulnérabilité, car, si le flux touristique ne devrait pas diminuer, il devrait s'orienter vers des latitudes et altitudes plus élevées. En clair, la dégradation des conditions climatiques (fortes chaleurs, incertitudes quant au déclenchement possible de cyclones intenses, risque de submersion) pourrait détériorer de manière significative l'attractivité des destinations de la bande intertropicale pour les touristes Européens et Américains, notamment. Rappelons que les pires prévisions du GIEC en matière de hausse de températures à l'horizon 2100 sont passées de 4,8°C dans le rapport de 2014 à 7°C dans le dernier en date. Nos trois chercheurs ont basé leurs conclusions sur une hypothèse de 5°C de hausse des températures globales et de 5 mètres de hausse du niveau des océans.
À cette vulnérabilité physique s'ajoutent deux sources de vulnérabilité qui pénaliseront davantage les destinations tropicales isolées telles La Réunion : une vulnérabilité règlementaire avec la mise en place, pourtant nécessaire, de politiques internationales de lutte contre le réchauffement dont l'effet sera d'augmenter le coût des billets d'avion, et une vulnérabilité comportementale puisque de plus en plus de consommateurs européens s'inscrivent dans le mouvement du "flygskam" (littéralement la honte de prendre l'avion). "Le changement climatique annonce probablement la mort de la spécialisation touristique pour les petites économies insulaires tropicales", assure le chercheur.
Un outil d'aide à la décision des autorités internationales
L'étude se veut aussi un outil d'aide à la décision des autorités internationales quant à l'aide à apporter aux économies très vulnérables au changement climatique. Certains pays risquent en effet de quasi disparaître sous les flots, l'Indonésie a déjà commencé le déménagement de sa capitale Jakarta sur l'île de Bornéo. À La Réunion, le recul du trait de côte ne devrait pas mettre en péril la survie des habitants, mais les plages vont probablement disparaître. La nouvelle carte interactive Climate Central permet une visualisation des différents scenarii pour la planète, ci-dessous, une projection du pire scénario actuel, en 2100.
Pour La Réunion, le risque majeur est le risque cyclonique, dont on sait désormais que, s'ils ne seront pas forcément plus nombreux, ils seront bien plus intenses. Les chocs de températures toucheront aussi notre île, avec une prévision de +2°C en 2040 et +4°C en 2100, si la courbe reste stable, sachant que les scientifiques redoutent une courbe exponentielle.
"Si les accords sur le climat ne sont pas respectés (Les USA viennent de quitter l'accord de Paris, NDLR), si les efforts ne sont pas à la hauteur, notre société actuelle est fortement menacée", prévient Jean-François Hoarau. "De toute façon, nous allons subir les effets du réchauffement, car la scission est irréversible, notamment du fait de l'élévation de la température des océans", rappelle-t-il.
La présente étude, qui a reçu le soutien de l'Agence Française du Développement, a été menée de concert par des chercheurs de trois laboratoires des universités de La Réunion (Jean-François Hoarau), d'Auvergne (Michaël Goujon) et de l'école d'ingénieurs Agro-Sup Dijon (Stéphane Blancard). "L'idée qui traverse la littérature scientifique depuis une trentaine d'années est que les petites économies insulaires se définissent comme un groupe distinct, particulièrement vulnérable au changement climatique", nous dit Jean-François Hoarau. "L'objectif de cette étude était de vérifier la véracité de cette assertion, sur un large échantillon de petites économies insulaires, de toutes zones géographiques".
L'étude a porté sur pas moins de 250 économies mondiales, dont 100 insulaires, comprenant des îles non-souveraines (La Réunion en est une). Cinq risques étaient mesurés: la sécheresse, les inondations (fonte des glaciers et élévation du niveau de la mer), les chocs de précipitations, les chocs de températures et enfin le risque cyclonique. Ces cinq risques sont combinés dans le cadre d'un indicateur allant de 0 à 100: l'IVPCC (Indicateur de Vulnérabilité Physique au Changement Climatique). Il en résulte que l'insularité en soi n'est pas une contrainte forte en termes de changement climatique, tout dépend de la zone géographique dans laquelle se situent les petites économies insulaires. Toutefois, la bande inter-tropicale est quant à elle particulièrement concernée.
"Toutes les économies du monde sont concernées par au moins l'un des cinq risques étudiés", précise le chercheur. Le classement IVPCC est parlant: en première place, on retrouve les Bahamas, avec 72,88/100, et en dernière, l'Islande, qui est pourtant une île. La France hexagonale a un indice IVPCC de 45,01, mais La Réunion est bien au-dessus, avec 54,77/100. L'île Maurice, dont la géographie est assez différente, possède un IVPCC de 61,77/100. Les petites économies insulaires tropicales dépendantes du tourisme international vont plus souffrir économiquement du réchauffement.
Le réchauffement climatique accentue la vulnérabilité
La rapport note qu'il est démontré que les flux touristiques internationaux sont principalement liés à la quête de conditions climatiques favorables. Structurellement, les économies essentiellement basées sur le tourisme sont sensibles aux évènements climatiques extrêmes, le réchauffement climatique accentue cette vulnérabilité, car, si le flux touristique ne devrait pas diminuer, il devrait s'orienter vers des latitudes et altitudes plus élevées. En clair, la dégradation des conditions climatiques (fortes chaleurs, incertitudes quant au déclenchement possible de cyclones intenses, risque de submersion) pourrait détériorer de manière significative l'attractivité des destinations de la bande intertropicale pour les touristes Européens et Américains, notamment. Rappelons que les pires prévisions du GIEC en matière de hausse de températures à l'horizon 2100 sont passées de 4,8°C dans le rapport de 2014 à 7°C dans le dernier en date. Nos trois chercheurs ont basé leurs conclusions sur une hypothèse de 5°C de hausse des températures globales et de 5 mètres de hausse du niveau des océans.
À cette vulnérabilité physique s'ajoutent deux sources de vulnérabilité qui pénaliseront davantage les destinations tropicales isolées telles La Réunion : une vulnérabilité règlementaire avec la mise en place, pourtant nécessaire, de politiques internationales de lutte contre le réchauffement dont l'effet sera d'augmenter le coût des billets d'avion, et une vulnérabilité comportementale puisque de plus en plus de consommateurs européens s'inscrivent dans le mouvement du "flygskam" (littéralement la honte de prendre l'avion). "Le changement climatique annonce probablement la mort de la spécialisation touristique pour les petites économies insulaires tropicales", assure le chercheur.
Un outil d'aide à la décision des autorités internationales
L'étude se veut aussi un outil d'aide à la décision des autorités internationales quant à l'aide à apporter aux économies très vulnérables au changement climatique. Certains pays risquent en effet de quasi disparaître sous les flots, l'Indonésie a déjà commencé le déménagement de sa capitale Jakarta sur l'île de Bornéo. À La Réunion, le recul du trait de côte ne devrait pas mettre en péril la survie des habitants, mais les plages vont probablement disparaître. La nouvelle carte interactive Climate Central permet une visualisation des différents scenarii pour la planète, ci-dessous, une projection du pire scénario actuel, en 2100.
Pour La Réunion, le risque majeur est le risque cyclonique, dont on sait désormais que, s'ils ne seront pas forcément plus nombreux, ils seront bien plus intenses. Les chocs de températures toucheront aussi notre île, avec une prévision de +2°C en 2040 et +4°C en 2100, si la courbe reste stable, sachant que les scientifiques redoutent une courbe exponentielle.
"Si les accords sur le climat ne sont pas respectés (Les USA viennent de quitter l'accord de Paris, NDLR), si les efforts ne sont pas à la hauteur, notre société actuelle est fortement menacée", prévient Jean-François Hoarau. "De toute façon, nous allons subir les effets du réchauffement, car la scission est irréversible, notamment du fait de l'élévation de la température des océans", rappelle-t-il.