Car le 1er juillet dernier, la juge des libertés et de la détention (JLD) du sud a décidé de le placer sous contrôle judiciaire alors que les investigations concernant le décès de la mère de famille se poursuivent sous la houlette d’un juge d’instruction. Le parquet de Saint-Pierre a immédiatement fait appel de cette surprenante décision.
« J’aimerais qu’on trouve le ou les coupables » lance le suspect numéro 1. Depuis son placement en garde à vue suivi d’une mise en examen pour homicide volontaire et son placement sous les verrous, l’agriculteur clame en effet son innocence. Quatre mois après la découverte macabre sur la berge de l’étang du Gol, les soupçons des gendarmes se portaient sur lui. Père biologique du premier enfant d’Erminah, Jean-Roland G. était réapparu au sein de la belle famille frappé par un second deuil : la mort subite du frère d’Erminah. C’est notamment sa présence aux obsèques et l’hostilité de la belle-famille à son égard qui aurait mis la puce à l’oreille des militaires.
Les enquêteurs avaient ainsi découvert que la victime et le suspect entretenaient une relation intime. Le jour de la mort d’Erminah, les deux protagonistes avaient passé du temps ensemble à faire de la moto dans les hauts de Saint-Leu, près de l’exploitation de l’agriculteur ainsi qu’aux environs de son domicile au Tampon. Des images de caméras de surveillance en sont la preuve ainsi que l’exploitation des deux téléphones portables qui bornent aux mêmes endroits : Saint-Louis, Saint-Pierre, la Chaloupe Saint-Leu…
Des faits que Jean-Roland G. a fini par admettre, ses déclarations évoluant au fur à mesure que des preuves irréfutables lui étaient présentées. Une attitude qui n’a pas manqué d’interpeller les magistrats de l’instruction. Autre élément troublant, le mis en cause avait déclaré lors de ses auditions ne pas connaître l’endroit où le corps d’Erminah a été retrouvé sans vie. Des déclarations en totale opposition avec celles de son ancienne compagne décrivant des rendez-vous et des relations sexuelles dans les années 2010 sur les lieux.
Malgré ces indices graves et concordants, Jean-Roland G. a retrouvé la liberté au motif qu’il n’y avait « pas de risque de fuite » et qu’il ne présentait « aucune dangerosité », selon les termes de l’ordonnance motivée par la JLD.
Des traces ADN d’un homme et d’une femme
Le 12 février 2021, Erminah Bodilahy était retrouvée morte par des joggeuses, le corps immergé dans la ravine du Gol. Selon nos informations, la mère de famille qui résidait au Tampon a été étranglée et plongée dans l’eau alors qu’elle était encore vivante. Des traces ADN d’un homme et d’une femme auraient été retrouvées sur ses sous-vêtements et sa robe. Mais sans lien avec Jean-Roland G.. Des éléments d’une grande importance relevés par son avocat, Me Nicolas Dyall, martelant l’absence de preuves à l’encontre de son client.
Mais sa plaidoirie n’a pas convaincu les magistrats qui ont ordonné la réincarcération du meurtrier présumé.