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Raideur disqualifié à l’entrée du stade: le coordonnateur des courses raconte l’improbable histoire

Un grand raideur a été disqualifié à son entrée du stade de La Redoute dimanche. Il s'apprêtait à franchir la ligne en héros mais son attitude en course a dérouté chaque poste de pointage. A chaque fois, il utilisait un bonus accordé par le directeur des courses pour franchir les barrières horaires en disant avoir aidé sa femme à avancer sur le sentier. Depuis ce lundi, le jeune couple, dont la femme est influenceuse sur son compte Instagram, crie au scandale. "Mon compagnon a été humilié à l'entrée du stade", nous disait-elle. Mauvaise compréhension entre l'organisation et le coureur qui aide sa dulcinée ou tentative d'attirer la lumière sur leur belle "story" sur le Grand Raid ? Les versions s'opposent. Voici le récit très détaillé de ce qui a amené l'organisation à prendre cette décision rarissime : une disqualification à l'entrée du stade.

Ecrit par zinfos974 – le mercredi 27 octobre 2021 à 14H31

[L’incompréhension d’un raideur qui dit avoir aidé sa compagne et se retrouve disqualifié]urlblank:https://www.zinfos974.com/L-incomprehension-d-un-raideur-qui-dit-avoir-aide-sa-compagne-et-se-retrouve-disqualifie_a174760.html

Dès lundi, nous interrogions l’organisation du Grand Raid sur les accusations d’un couple de touristes venus courir le Grand Raid. Le mari avait pris par à la Diagonale et sa femme la course intermédiaire du Trail de Bourbon. Jean-Pierre Lessort, coordonnateur des directeurs de courses (à gauche sur notre photo), n’en revient toujours pas. En 25 ans de GR, il n’a jamais assisté à pareil comportement sur les sentiers. Tout avait pourtant bien commencé. C’est lui qui a accordé un bonus de deux heures au coureur pour, croyait-il, avoir aidé un autre coureur. Mais le responsable de course apprendra plus tard que le coureur utilisait son bonus à chaque pointage. Méthodiquement, Jean-Pierre Lessort nous décrivait lundi après-midi, après un week-end de rush, l’enchainement d’incidents au cours de cette course rocambolesque :

Jean-Pierre Lessort, coordonnateur des directeurs de courses du Grand Raid : « On a un directeur par course. Le directeur qui suit la course de la Diagonale, dans laquelle courait cette personne (le compagnon, NDLR) m’interpelle pour me dire qu’il y a une situation bizarre dans la course. Il me donne le n° de dossard concerné, mais sans l’identité. Je comprends que j’avais eu cette personne dans la nuit de samedi. Elle m’avait interpellé parce que j’étais au PC course. Ce monsieur m’avait dit : « Voilà, j’ai aidé quelqu’un en difficulté et il est resté avec cette personne pour l’accompagner ».

Je lui demande ce qui s’est passé, il me dit qu’une personne n’était pas bien, il l’a aidée et là il accompagne la personne jusqu’à Deux Bras. Je lui demande s’il veut continuer ou arrêter. Il me répond que : « Non », il se sent « bien, en pleine forme », il veut continuer. 

Je lui demande combien de temps il a pris pour aider cette personne. 

Il me dit : « 6 ou 7 heures de temps à peu près ».  

Je lui demande alors combien de temps il estime nécessaire pour continuer sa course, il me dit « trente minutes » pour arriver au prochain pointage. 

Pour moi, quelqu’un qui a aidé, qui s’est arrêté, qui a accompagné une personne, c’est un acte de courage, d’entraide, de solidarité, d’acte civique. En tant que sportif, moi même je l’ai déjà fait. 

Et de ce fait, je lui dis : « Je vous donne un bonus de deux heures de temps » et je lui demande : « Est-ce que c’est correct, est-ce que ça vous va pour pouvoir continuer votre course tranquillement ? »

Il me dit : « C’est très bien, merci ». 

Donc pour moi ça s’arrête à là, il continue. J’inscris dans le cahier le bonus attribué par rapport à ce qu’il a fait. 

On continue donc comme ça. Entretemps, lui il a continué sa course et à chaque poste où il arrivait, il mettait en avant qu’il avait pris du retard parce qu’il a aidé quelqu’un et que je lui ai fait un bonus de deux heures de temps, ce qui fait que, à chaque poste de contrôle, il s’octroyait les deux heures de temps que je ne lui avais accordées qu’une seule fois en bonus. Tout cela je ne le savais pas. 

Dimanche, à 5h du matin, je monte à Dos d’Ane parce que je devais récupérer des bénévoles, pour discuter et vérifier si tout allait bien etc. Je passe aux postes de Dos d’Ane, de Ratinaud et de l’école de la Possession, Arrivé au poste Evariste de Parny, je discute avec les bénévoles qui commencent à ranger et nettoyer et c’est là qu’on me parle de ce monsieur avec sa femme, que je ne connaissais pas. J’apprends que ce monsieur fait la Diagonale des Fous alors que sa femme fait le Trail de Bourbon. Je n’avais jamais su ça auparavant. Il ne m’avait jamais informé que la personne qu’il était en train d’aider c’était sa femme. Et je dis aux bénévoles : « Mais je le connais, je l’ai eu au téléphone, c’est moi qui lui ai accordé deux heures de bonus parce qu’il a aidé quelqu’un qui n’était pas bien ».

Et là on me dit que ce n’est pas ça du tout : Il attendait sa femme volontairement à chaque fois. Il forçait sa femme, il était en train de la booster pour la faire avancer. 

Je dis : « C’est quoi cette histoire-là ? »

On me dit « Oui, les serre-fils étaient derrière, ils ont tout vu et tout entendu ».

On me raconte même qu’à un moment donné, pour passer à des postes de contrôle, il avait vidé les deux bidons d’eau de sa compagne, il les avait pris pour lui et il s’était tiré. Ce qui veut dire : non assistance à une personne en difficulté. Non seulement il a vidé les bidons d’eau, mais ensuite il l’a laissée derrière. Elle n’était pas bien. Si je n’étais pas passé à l’école Evariste de Parny, jamais je n’aurais su ça. Mais les serre-files étaient derrière, ils ont vu. Et à chaque fois il forçait sa femme, il insistait.

[Grand Raid : Il vide les bouteilles d’eau de sa femme avant de l’abandonner en chemin]urlblank:https://www.zinfos974.com/Grand-Raid-Il-vide-les-bouteilles-d-eau-de-sa-femme-avant-de-l-abandonner-en-chemin_a174720.html

Quand j’ai eu cette information, je l’ai attendu à La Redoute après avoir discuté avec le directeur de course, les signaleurs – parce que ce n’est pas une décision qui se prend comme ça et ce n’est pas Jean-Pierre Lessort qui dit de mettre Pierre, Paul ou Jacques de côté. Il y a une commission. On a bien étudié, en discutant avec sa femme aussi. Elle me dit : « Ca fait longtemps que je voulais m’arrêter mais c’est lui qui me forçait, c’est lui qui ne voulait pas que j’arrête ».

Je lui dis alors : « Mais madame, il suffisait que vous arrêtiez, c’est tout ! Il suffisait que vous le disiez à l’équipe médicale ou aux bénévoles ou aux commissaires qui sont là, il fallait leur dire que vous avez envie d’arrêter, c’était tout !

Elle me dit que : « C’est lui qui n’était pas content. C’est lui qui ne voulait pas ».

Je lui dis : « Mais ça aurait pu être plus grave ».

Et elle me répond : « Non c’était pas grave, il est venu m’aider, il est venu m’attendre, il a fait 20 km de retour pour m’attendre ».

Je lui rétorque : « Mais madame, est-ce que vous êtes consciente de ce que vous dites ? Vous êtes dans deux courses différentes et regardez ce que vous êtes en train de faire. Il peut très bien vous accompagner, il n’y a pas de souci, c’est très honorable le couple qui marche ensemble. Mais dans ce cas-là, il abandonne car il ne peut pas passer les barrières horaires, vous accompagner et vous rentrez ensemble. On ne peut pas faire ça ».

J’ai fait 25 fois le Grand Raid, j’ai aidé des amis. Ça remonte à longtemps. En montant le Piton des Neiges, j’ai accompagné un ami jusqu’à Cilaos, A aucun moment je n’ai mis en avant ce que j’avais fait. Arrivé à Cilaos, je me suis dit, c’est bon, pour moi c’est suffisant. J’étais content, j’étais fier d’avoir fait ça mais j’ai jamais demandé quoi que ce soit. Une autre fois je l’ai fait au chemin des Anglais. Il y avait quelqu’un qui faisait partie de l’organisation qui était là. Eh bien on m’avait attribué un bonus de trente minutes. A l’arrivée rien n’était inscrit, je n’ai pas crié. Je connais tout ça, je suis passé par là. C’est un honneur d’aider son prochain mais pas dans ces conditions.  

Ce n’est pas fini ! A la fin, qu’est-ce qui se passe ? Quand il a compris que son petit manège était éventé et que tout le monde était en train de s’informer, parce que la presse l’avait prévenu qu’il serait le dernier à franchir la ligne etc. etc., il s’est dit : « Je vais attendre, je vais passer la ligne en dernier pour avoir les applaudissements et les honneurs. Et c’est ce qu’il a fait. C’est aussi pour ça qu’on est intervenu à l’entrée du stade.

Quand il est arrivé à l’entrée, lui tout ce qui l’intéressait c’était sa course. Je lui ai dit : « Monsieur, vous êtes en train d’insister pour garder votre dossard mais vous êtes moins intéressé pour connaître l’état de santé de votre compagne ». Et là il continue, il insiste, il insiste. 

« Monsieur, voilà ce qui s’est passé, voilà ce que vous avez fait, ce n’est pas correct, ce n’est pas conforme au règlement. Je dis aussi à sa femme que c’est moi qui lui ai accordé le bonus de deux heures et il ne m’a jamais dit que vous étiez sa femme. Elle ne savait plus s’il fallait encore parler ou pas…

Et quand je lui ai fait remarquer : « Vous avez mis la vie des gens en danger. Vous avez vidé ses bidons et vous êtes parti en la laissant sur place, sans rien dire, sans prévenir les secours, vous vous rendez compte de la dangerosité ? »

On a donc fait appel au signaleur, au commissaire de course. C’est une décision qu’on ne prend pas comme ça d’éliminer quelqu’un. Moi je n’ai rien contre lui, je ne le connais pas. 

Il y a déjà eu des cas de triche sur le Grand Raid, c’était des triches individuelles, mais jamais je ne m’attendais à avoir une histoire comme celle-là ». 

 

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