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Radioscopie critique de la « Lettres aux Français » du Président Macron

Sauf votre respect, M. le Président de la République, après mûre réflexion, vous ne méritez plus de demeurer dans le Palais doré de l’Élysée. Vous n’inspirez plus le respect et l’autorité qui s’impose dans un État de droit. Vous avez été élu en séduisant les électeurs, comme peut le faire un pervers narcissique. Mais une […]

Ecrit par André ORAISON, Professeur des Universités, Juriste et Politologue – le mercredi 16 janvier 2019 à 14H29
Sauf votre respect, M. le Président de la République, après mûre réflexion, vous ne méritez plus de demeurer dans le Palais doré de l’Élysée. Vous n’inspirez plus le respect et l’autorité qui s’impose dans un État de droit. Vous avez été élu en séduisant les électeurs, comme peut le faire un pervers narcissique. Mais une fois élu, vous avez aussitôt révélé votre vrai visage avec son cortège de dysfonctionnements. 
 
Depuis votre élection à la magistrature suprême, le ton que vous employez est celui d’un « maître des horloges » : toujours professoral et sentencieux : ce ton est devenu cassant et de plus en plus menaçant. Avec de petites phrases assassines ou vulgaires, vous avez montré votre mépris à l’égard de ceux qui sont au bas de l’échelle sociale et « coûtent », d’après vous, un « pognon de dingue » à la République. Vous insultez les neuf millions de chômeurs en leur conseillant tout simplement de « traverser la rue pour trouver un emploi ». 
 
M. le Président, j’ai été abasourdi par les propos que vous avez tenu lorsque vous avez présenté vos vœux aux Français, le 31 décembre 2018. Au plan formel, laissez-moi d’abord vous dire que vous n’êtes pas un nouveau Jean Jaurès. Contrairement à celui qui a incarné la France éternelle, vous n’êtes pas un esprit éclectique aux connaissances encyclopédiques et vous n’avez pas l’éloquence tribunitienne capable d’électriser les foules. Quant au fond, vous dites que vous ne changerez pas de ligne de conduite. Autant vous dire que votre message de fin d’année a pu être perçu comme une véritable déclaration de guerre à la Nation. 
 
Sur un plan plus général, après moins de deux ans d’exercice du pouvoir en solitaire et vers une destination inconnue de tous, les fautes politiques que vous avez commises sont devenues légion. Par suite, les résultats positifs au plan économique et social ne sont pas au rendez-vous. Concrètement, vous avez conduit la France au bord du chaos psychologique en exonérant de l’impôt sur la fortune (ISF) les « premiers de cordée » et en rabotant, parallèlement les prestations familiales et les aides au logement, sans oublier l’augmentant de la contribution sociale généralisée (CSG) qui frappent huit millions de retraités que vous assimilez à des nantis. Bref, M. Macron, vous êtes un « monarque dagobérien » : vous faites tout à l’envers. Mais tels les conseils du bon Saint Éloi qui fut le trésorier avisé du roi Dagobert, l’action rédemptrice des « gilets jaunes » devrait vous inciter à remettre votre culotte à l’endroit.

Veuillez déjà noter que leur revendication n’a pas faibli, ainsi que le révèle l’acte IX du mouvement contestataire du 12 janvier 2019. 

Honte à vous, Monsieur le Président autocrate et psychorigide. Pour rebondir, vous parlez aujourd’hui d’un grand débat national afin de résoudre une crise de société que vous avez refusé de voir pendant plusieurs mois. Mais peu nombreux sont les citoyens qui pensent qu’il se traduira par des résultats satisfaisants pour la France d’en bas. Commencé le 15 janvier 2019, ce débat sur commande présidentielle est déjà canalisé, corseté à souhait – supervisé, de surcroît, par deux ministres du Gouvernement d’Édouard Philippe – et plein de « lignes rouges » à ne pas franchir : vous nous dites sur un ton péremptoire que vous ne remettrez pas en cause les réformes votées par le Parlement depuis le début de votre quinquennat : contrairement à ce que souhaitent les « gilets jaunes », il ne faut donc pas parler de l’ISF, du SMIC, de la CSG des retraités ou encore de la désindexation des pensions. Dès lors, permettez-moi d’être sceptique quand aux conclusions de votre démarche qui s’apparente à une grossière opération d’enfumage. 
 
Savez-vous au moins que les « gilets jaunes » qui vous empêchent désormais de dormir manifestent depuis l’automne 2018 et écrivent dans leur « cahiers de doléances » – cela nous rappelle, au passage, une glorieuse période de l’histoire de France – que bien de choses doivent changer en profondeur afin d’aboutir à des résultats concrets, crédibles et rapides aux plans administratif, fiscal, institutionnel et social ? Sauf votre respect, un débat authentique, tous azimuts et citoyen a déjà commencé sans vous, M. Macron, et il a lieu régulièrement dans les rues et les ronds-points et non pas dans les salles des mairies ou sur internet. Avez-vous au moins conscience – M. le Président psychopathe – qu’en ce début d’année 2019, votre cote de popularité est tombée à son niveau le plus bas, soit 23 % ? 
 
Par votre manque d’empathie à l’égard de la France d’en bas, par votre comportement antisocial, par votre entêtement à rester toujours droit dans vos bottes, bref, par votre détermination à ne pas changez de logiciel ou de paradigme pendant qu’il était encore temps, vous avez réussi à déclencher à travers le pays une vague déferlante de protestations qui évoque, par certains côtés, la Révolution de 1789 ou les évènements de Mai 1968. Sans vous en rendre compte, vous avez provoqué un tsunami que l’on peut, dès à présent, qualifier de salutaire et dont les effets ne manqueront pas de s’amplifier dans les mois à venir afin de permettre – nous l’espérons tous – le renouveau de la République par davantage de justice fiscale et sociale. 
 
À la fois révolutionnaire, anarchique, pour ne pas dire brouillonne ou bordélique, mais aussi parfois naïve et romantique, la revendication des « gilets jaunes » s’exprime aussi et surtout par une remise en cause de l’État central, géré depuis trop longtemps par des technocrates et énarques jacobins, hautains et totalement déconnectés des réalités de terrain. Sachez que les revendications des « gilets jaunes » ont pour objectif fondamental l’établissement d’une démocratie participative, directe et exemplaire à tous égards. 
Pour faire concret, on peut ici citer pêle-mêle un casier judiciaire immaculé pour ceux qui doivent représenter le peuple dans les assemblées parlementaires et les diverses collectivités territoriales, la limitation draconienne du cumul des mandats, la réduction du nombre des députés et des sénateurs ainsi que la limitation substantielle de leur train de vie, le plafonnement des traitements des hauts fonctionnaires, l’association des citoyens au débat public par la prise en compte notamment du vote blanc ou encore l’introduction d’une bonne dose de proportionnelle afin que tous les courants de pensée puissent se faire entendre à l’Assemblée nationale, sans oublier bien sûr la réforme constitutionnelle phare des « gilets jaunes » : le référendum d’initiative citoyenne (RIC) ou référendum d’initiative populaire (RIP). 
 
Dans la mesure où les électeurs sont, en dernier ressort, les créateurs de la règle de droit dans un régime démocratique, ce référendum doit être abrogatoire, constituant, législatif et révocatoire. Ce mécanisme de démocratie directe doit permettre à des citoyens réunissant un certain nombre de signatures fixé par la loi de saisir la population par référendum, sans l’accord préalable du Président ou du Parlement. L’objet de ces référendums pourrait respectivement porter sur l’abrogation d’une loi inadaptée ou injuste (référendum abrogatoire), une modification de la Constitution (référendum constitutionnel), une proposition de loi visant à compléter la législation en vigueur (référendum législatif) ou la révocation d’un élu indélicat ou incompétent (référendum révocatoire). 
En dernière analyse, n’avez-vous pas compris, M. le Président, que la France est déjà prise dans le tourbillon d’une révolution et que vous n’êtes pas le mieux placé pour l’incarner ? C’est dire que nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins et que votre grand débat n’y changera rien. 
 
Pour résoudre une crise de société dont vous êtes largement responsable, trois options majeures se présentent : le référendum national pour savoir si le peuple français vous juge digne de conduire le char de l’État jusqu’à la fin de votre quinquennat, la dissolution de l’Assemblée nationale afin que les citoyens qui protestent dans les rues puissent faire valoir au Parlement leur point de vue lors de l’élaboration des lois et enfin, troisième option qui a désormais la faveur des « gilets jaunes », votre démission sur le champ, une démission qui serait perçue dans l’opinion publique comme une mesure d’apaisement de votre part. 
 
Réfléchissez bien à ces trois options, M. Emmanuel Macron. Personnellement, je n’en vois pas d’autres et j’ai une grosse préférence pour la troisième. Bien cordialement. 

 

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