François Hollande essaie-t-il de tuer politiquement Nicolas Sarkozy?
Tout le laisse penser, au vu de la multitude d’affaires qui ciblent aujourd’hui l’ancien président de la République. Et on le sait, le parquet, qui dépend de la ministre de la Justice, a tout pouvoir pour classer une affaire sans suite ou au contraire déclencher une enquête. Affaires Bettancourt, Karachi, Tapie, accusation de financement de sa campagne par Kadhafi… N’en jetez plus, la coupe est pleine.
Et ce n’est pas l’annulation hier soir de son compte de campagne par le conseil constitutionnel qui pourrait nous inciter à penser le contraire.
Que toutes ces affaires arrangent bien François Hollande, nul ne peut en douter. Qu’il ait donné un coup de pouce ou tout au moins laissé faire, probablement… Une sorte de tentative de remake de l’affaire DSK… François Hollande est bien placé pour savoir à quel point la Justice peut vous donner un sacré coup de main en écartant de votre route un candidat dangereux aux présidentielles. Pourquoi ce qui a marché pour l’ancien patron du FMI ne pourrait pas se répéter avec Nicolas Sarkozy?
La plupart des médias se focalisent sur cet aspect des choses, tant il est vrai que cette accumulation d’affaires finit par devenir suspecte. Un peu comme si, à force de vouloir trop en faire, ceux qui sont aux commandes ne finissaient par transformer Nicolas Sarkozy en victime d’une manipulation politique. Pour autant, je pense que l’on ne se pose pas les bonnes questions.
La seule vraie question est de savoir si oui ou non Nicolas Sarkozy a fait tout ce qu’on lui reproche.
Prenons les dossiers un par un et, sans être dans les dossiers d’instruction ce qui nous appelle à la prudence, essayons de nous faire une opinion au travers de ce qui a déjà été révélé par la presse.
Qui doute encore aujourd’hui qu’il y ait eu des rétro-commissions en faveur d’Edouard Balladur dans l’affaire Karachi? Edouard Balladur dont le directeur de campagne n’était autre que Nicolas Sarkozy? Et qui doute encore que c’est la décision de Jacques Chirac de priver un certain nombre de généraux de l’armée pakistanaise des pots-de-vin qu’on leur avait promis qui a entrainé le fameux attentat de Karachi?
Dans l’affaire Bettencourt, il est de notoriété publique que la vieille dame la plus riche de France et son mari ont toujours été parmi les plus gros soutiens financiers du RPR, puis de l’UMP. Comment ne pas penser dans ces conditions que les visites de Nicolas Sarkozy au domicile des Bettencourt à Neuilly, à la veille ou pendant des campagnes électorales, n’étaient pas totalement désintéressées? D’autant que pour cette dame, vu sa fortune, glisser 50.000 euros en liquide à un ami candidat a moins d’importance que pour vous de donner une pièce d’un euro au SDF du coin…
Et que dire de l’affaire Tapie sinon qu’elle pue à un kilomètre? Comment en effet justifier 18 rencontres à l’Elysée entre Bernard Tapie et les plus proches conseillers du président de la République, quand ce n’était pas en présence de Nicolas Sarkozy lui même, entre janvier 2007 et décembre 2010, période charnière du dossier?
Enfin, dans la décision du Conseil constitutionnel, qui peut nier que nombre de déplacements « officiels » payés par l’Etat n’étaient en fait que des voyages à buts électoraux? Les Sages n’ont retenu que quelques cas litigieux mais tout le monde sentait bien, au vu des images télévisées, que ces déplacements étaient autre chose qu’une simple visite du chef de l’Etat aux Français…
J’ai donc le sentiment qu’on est simplement entré dans une nouvelle ère, celle d’une plus grande transparence en politique.
Jusqu’il y a peu, personne n’aurait osé se poser la question de savoir si un déplacement payé par l’Elysée était uniquement politique au sens noble du terme, ou électoraliste. Et ce ne sont pas François Mitterrand et Jacques Chirac, qui ont usé et abusé de ces voyages officiels politiciens, qui viendront nous dire le contraire. Maintenant, il va falloir s’habituer à ce que chaque voyage fasse débat, surtout à l’approche et pendant des campagnes électorales. Tout sera décortiqué, pesé… Et je souhaite bon courage aux Sages du Conseil constitutionnel qui vont devoir trancher au final car, ne nous faisons pas de doute, les plaintes vont aller en se multipliant…
Quant aux autres dossiers en cours, et bien que Justice se fasse, comme on dit. Et il en est très bien ainsi. Si Nicolas Sarkozy en ressort blanchi, tant mieux. Ca lui permettra de rebondir encore plus fort politiquement. Et s’il est condamné, qu’il fasse de la prison comme tout le monde…
Reste maintenant à espérer que la Justice sache prendre de la hauteur et ne pas taper que sur un camp. Et ça, malheureusement, tant que les procureurs de la République seront directement dépendants de la Chancellerie, permettez moi d’en douter…