Qui va payer la note de la transition énergétique ? L’usager ? Les salariés d’EDF ? Le syndicat CGT est de passage à La Réunion pour alerter notamment les parlementaires péi qui ont voté la loi de transition énergétique.
Entrée en vigueur sur le territoire national en juillet dernier, elle doit être adaptée aux départements d’outre-mer sous la forme d’une programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pilotée par le préfet et soumise aux collectivités.
Si la CGT regrette tout d’abord que les salariés du groupe n’aient pas été associés à l’élaboration de la loi – « mauvaise » au passage – c’est désormais sa déclinaison opérationnelle qui inquiète l’organisation syndicale qui pèse pour 52% de représentativité dans les pays d’outre-mer.
La loi prévoit le développement des énergies renouvelables, « ce qui est une bonne chose » fait savoir Jean-Luc Silvain, délégué syndical central EDF SA (fédération des mines et de l’énergie CGT). Problème, sous nos cieux, cette production sera principalement basée sur des énergies intermittentes (solaire, éolien).
La CGT craint de nouveaux black out comme en 2012. Une panne générale qui était due à une baisse de production d’énergie solaire, rappelle-t-il sous le contrôle de son collègue réunionnais Patrick Hoarau, secrétaire général CGTR EDF. Et « la chimère » que constitue le stockage électrique n’est pas pour les convaincre. De par leur disponibilité technique immédiate tout d’abord. Mais aussi de par leur coût d’installation. « Une batterie de stockage électrique d’un Mégawatt c’est plusieurs millions d’euros », avise Laurent Heredia, membre de la direction de la fédération des mines et de l’énergie.
La crainte d’une automatisation qui exclut le relationnel
L‘autre versant de cette loi imposera l’installation des fameux compteurs communiquant. Des compteurs de nouvelle génération, intelligents, capables d’informer en temps réel sur la consommation électrique du foyer – une avancée saluée par les syndicalistes – mais dont l’intelligence a aussi son revers selon eux. Ce boîtier permettra « la coupure à distance » par votre opérateur EDF. 3.000 d’entre eux sont actuellement en phase d’expérimentation en Martinique pour une généralisation en 2018. « Il faudra remplacer les anciens compteurs. « On nous dit que le coût sera nul », peinent à y croire les syndicalistes d’EDF.
L’introduction de ces compteurs nouvelle génération marque aussi une crainte pour l’emploi au sein de la compagnie. L’automatisation des tâches pourrait être une menace pour 70 agents dédiés à la relève de compteurs. Le double si l’on compte la partie clientèle à La Réunion.
Moins d’agents, c’est aussi « une perte de relationnel avec les usagers », craignent-ils, à l’image d’autres services publics comme les impôts.
Le PPE doit être validé d’ici fin 2015 avant d’effectuer une navette vers le Ministère piloté par Ségolène Royal. Il doit être entériné début 2016.