La Réunion a importé en 2007, 328.168 tonnes de gazole et 108.217 tonnes de sans-plomb, selon les statistiques de l’Agence régionale de l’Energie Réunion, association financée par la Région Réunion.
A eux seuls, les transports routiers ont consommé 384.544 tonnes de carburant. C’est énorme. Ça l’est encore plus lorsque le litre de gazole passe de 0,97 euro en juillet 2007, à 1,25 euro en novembre 2008. L’augmentation est de plus de 30 %. “Nous avons des camions qui consomment jusqu’à 150 euros de carburant par jour”, indique un chef d’entreprise.
Les conséquences sur le budget des entreprises, surtout dans le contexte économique actuel, ont été catastrophiques pour beaucoup (jusqu’à 12 mois de retard pour le paiement des traites), et fatales pour certains (faillite).
“Le carburant est devenu notre premier poste de dépenses, devant les salaires et les charges sociales”, n’a cessé de marteler Joël Mongin, président de la FNTR et membre de l’intersyndicale.
Si les entreprises souffrent de plus en plus de ces hausses successives de carburant, les collectivités locales, elles, même si elles ne sont pour rien dans ce phénomène économique, ont profité d’une manne financière inespérée. C’est une réalité. Mais, 30 % de plus sur le FIRT (Fonds d’investissement de transport et routes), ça laisse de la marge.
Il faut savoir qu’en 2006, le FIRT a rapporté 220 millions d’euros aux collectivités. Le partage s’est fait ainsi 120 millions pour la Région Réunion, 60 millions pour le Conseil général et 40 millions pour les communes.
Entre janvier 2007 et novembre 2008, les hausses successives de carburant ont apporté un surplus financier de 70 à 80 millions d’euros. Il faut aussi ajouter les 30 % supplémentaires qu’a rapporté l’octroi de mer. Au bout du compte, il est normal que les professionnels de la route, asphyxiés financièrement, réclament un ballon d’oxygène.
Mais qu’en est-il des pétroliers ? Dans la structure des prix, leur marge est inférieure à celle des détaillants. C’est sans doute vrai dans la constitution du prix du carburant. Mais qu’en est-il par ailleurs, des différentes marges imposées sur un circuit de distribution qui appartient souvent au même groupe?
Malgré la belle page de publi-reportage dans un quotidien d’hier, il est difficile de penser que des sociétés pétrolières qui font chaque années des bénéfices après impôts astronomiques, se contentent de 10 centimes d’euros par litre de carburant.
Toutefois, il est clair que personne n’osera toucher à la marge des pétroliers lors de la discussion avec les transporteurs, cet après-midi à la préfecture. Et une fois encore, il faudra avoir recours à l’argent public, comme ça été le cas en l’an 2000 lors d’une manifestations des professionnels de la route. L’argent avait été prélevé sur le Cnaséa.
Une fois encore, ce sera le contribuable qui paiera. Jusqu’à ce qu’un jour, ils décident eux aussi de bloquer la circulation…
Structure du prix du carburant
(pour un litre)
Sans-plomb Gazole
Prix d’achat 0,55423 0,64997
Fret 0,01812 0,02028
Droits perçus pour utilisation des infrastructures
portuaires 0,018611 0,009968
Octroi de mer 0,133291 0,33933
FIRT 0,582400 0,361300
Droits de Douanes 0,027238 0.000
Frais de stockage et conditionnement 0,08250 0,018250
Marge de Distribution 0,102653 0,090621
Marge détaillants 0,106492 0,104661
Prix de revient structure 1,57 1,30
Prix de vente maximal au 6 Octobre 2008 1,54 1,25
Total fiscalité & parafiscalité 0,742929 0,39.5233