L’ouverture de deux carrières pour alimenter le remblai de la digue de la future route du Littoral éveille les oppositions, notamment écologistes. Mais quelle est la marge de manoeuvre de Saint-Paul et la Possession dans ce bras de fer politique qui ne dit pas son nom.
Si la première a choisi, lors de sa dernière délibération municipale, d’afficher son opposition farouche en votant une motion à cet égard, la ville de La Possession est prête à trouver un arrangement avec la Région. Quoi qu’il arrive, « la révision du schéma d’aménagement des carrières fera que la Préfecture nous obligera à mettre en conformité notre PLU », confirme Doris Carassou, directeur général des services de La Possession.
Au lieu d’aller à l’affrontement avec la collectivité régionale comme sa voisine saint-pauloise, la municipalité de La Possession a levé le voile aujourd’hui sur les exigences qui seraient les siennes au moment de la signature de la convention officialisant l’extraction de roches.
Pour rappel, 8 millions de m3 de roches, soit près de 18 millions de tonnes, doivent être extraits sur les deux sites choisis : dans la ravine des Lataniers et à la Saline vers Vue Belle.
« On laisse croire qu’il y aura beaucoup de nuisances », débute Doris Carassou, qui dit ne livrer que l’avis des services techniques. « La route du Littoral, on la fait ou on ne la fait pas. Si on la fait, il faudra bien 8 millions de m3 de roches », lance-t-il, en appuyant sur le plus grand gâchis écologique que serait une importation de matières depuis la Grande Ile comme cela est parfois évoqué en guise de solution de repli. « L’écologie pour les Réunionnais mais pas pour les Malgaches ? », lance ironiquement le DGS qui revient sur la menace d’effondrement que constitue –« demain, on ne le sait pas »– la route actuelle.
Des équipements en guise de compensation
Si la ville montre sa volonté de jouer le jeu, elle compte bien, par contre, ne pas se laisser berner comme lors de la construction du nouveau Port Est en 1986. Le même site des Lataniers avait été laissé béant, alors qu’un aménagement avait été promis par l’Etat. C’était une autre époque…
« On va demander à la Région un deuxième pont pour rejoindre Camp Magloire », explique le DGS. Le pont de la ravine des Lataniers est le seul à alimenter le secteur aujourd’hui. Par ailleurs, la municipalité imagine déjà y implanter son futur lycée, sa piste d’athlétisme et, moins enthousiasmant mais tout aussi utile, son futur cimetière. « Le cimetière de la Ravine à Marquet arrive à saturation, à moins d’enterrer nos morts à Dos D’âne », rigole-t-il.
Avec la nouvelle route du Littoral, la Possession a tout à gagner. S’éviter des embouteillages intestins à chaque basculement mais aussi retrouver un accès à la mer dont elle est coupée depuis la livraison de l’axe rapide de la RN1.