Devant l’euphorique satisfaction des meneurs du collectif COSPAR concernant la mobilisation du 5 mars, je reste perplexe sur les réelles motivations de ce regroupement de défense des injustices sociales.
Prenons le temps d’analyser les deux mouvements, Nord et Sud :
A St Pierre, un défilé bon-enfant jusqu’à la mairie, sans aucune coordination digne de ce nom, et je profite pour rendre hommage aux manifestants pour leur sagesse et leur attitude responsable. Je signale au passage, qu’après avoir fait pression sur le personnel communal de St Pierre, le Maire a pris la décision de fermer la Mairie, et d’y installer un cordon de nervis sur le perron de « la Maison du Peuple », et me permet de rappeler à Mr FONTAINE, que quand on accepte le poste de président de l’UMP, on ne pas se permettre de se dérober de ses responsabilités. La situation sociale de la Réunion, mérite que vous y consacriez un peu de votre précieux temps, et mettiez de côté vos querelles intestines au sein du parti présidentiel local. Après ce fabuleux exemple de démocratie et de responsabilité, un « KABAR » s’est improvisé pour les manifestants. L’organisation n’ayant rien prévu de plus protocolaire et de symbolique pour la manifestation, un débat d’éminences politiques devaient se tenir l’après-midi. Si cela n’est pas de la récupération politique, ça y ressemble beaucoup.
A Saint Denis, nous avons eu l’agréable surprise de voir défiler Mr VERGES en personne, alors que les divers communiqués de presse faisaient état de son déplacement en INDE pour un rapprochement de nos cultures (la communauté indienne de l’île doit être flattée, car présente depuis le peuplement de l’Ile Bourbon, Mr VERGES risque fort de modifier durablement leurs « us et coutumes »). A l’instar du président malgache, la Région s’est peut être équipé d’un avion furtif de type F117 américain, ce qui expliquerez sa présence à la manif. Quel beau cadeau d’anniversaire que lui a fait le COSPAR? Rassembler un peu plus de 30.000 personnes dans les rues de la Réunion lui augure de belles perspectives pour les prochaines élections, ce qui lui garantirait une assise supplémentaire dans les alliances électorales futures.
Après l’épisode du blocage de la Corniche, le Préfet à donner l’ordre aux forces de police présentes de rétablir la circulation. Le communiqué du COSPAR, mettant en cause des éléments extérieurs à la manifestation, mais les images diffusées au journal du soir, nous montrent des manifestants tous vêtus de rouge, étiquette de la CGTR collée au tee-shirt, est difficile à avaler. L’importante présence des étudiants, des lycéens, du personnel communal prêté par les maires qui soutiennent le mouvement, à contribuer au succès de cette journée de mobilisation. Cette révolution promise depuis un mois me laisse perplexe sur les possibilités de ce collectif pour mener à bien une réelle négociation, avec des propositions concrètes et réalisables.
Après cette démonstration de force, aucune des 62 revendications du COSPAR n’a été satisfaite. La baisse du prix de la bouteille de gaz, la baisse sur l’essence, promis par la Préfet pour le 12 mars, fait suite à son engagement pris à la fin de la grève des transporteurs. La présence des formations politiques dans ce collectif, est la garantie pour les services de l’Etat qu’aucun débordement significatif découlera des diverses actions qui vont être menées dans les prochains jours.
L’appel à la grève générale prévue pour mardi, mais surtout l’empressement avec lequel le COSPAR utilise cette solution finale, traduit le manque de créativité, et l’immaturité de leur projet. A première vue, l’information n’est pas passée auprès de la population, les enjeux ne sont pas clairs pour la majorité d’entre eux. Les 200.00 € ne concernent que les bas salaires, et on continuera de demander à l’Etat pour les prestations sociales.
La Réunion n’est pas prête pour une grève de ce type, car le blocage total de la Guadeloupe a marqué les esprits. Dans la lutte pour améliorer le pouvoir d’achat et la misère sociale, beaucoup de paramètres ont été écartés, et qui méritent d’être pris en considération. La situation des employés communaux, la politique sociale menée par le Département, l’utilisation des contrats aidés à des fins électoralistes par les mairies, le désarroi des petits retraités, les monopoles commerciaux de la grande distribution, la pression fiscale pour les PME. Après la départementalisation, beaucoup ont trouvé comme parade, la politique colonialiste et l’abus des gouvernements successifs pour l’outre-mer, qui ont servi leurs propres intérêts depuis des décennies.
Cette misère sociale qui s’est installée, ronge le peuple réunionnais, et elle se traduit par des actes de violences de plus en plus fréquentes dans les familles, dans le voisinage immédiat. Nous avons le devoir, envers les générations futures, de réfléchir tous ensemble, afin de trouver des vraies alternatives qui permettent au peuple réunionnais de retrouver sa fierté.
