Les militants UMP de France ont la gueule de bois ce matin. Et encore plus ceux de la Réunion…
C’est un euphémisme de dire que le parti se réveille divisé en deux : d’un côté une tendace qu’on va qualifier de plus modérée, qui s’était ralliée au panache de François Fillon, et qui n’avait pas imaginé un seul moment perdre ces élections. De l’autre, une tendance plus « dure« , plus radicale, regroupée autour de Jean-François Copé.
Au final, l’actuel secrétaire général a gagné avec un écart de 98 voix ! Ce qui signifie que si le clan Fillon avait réussi à faire voter 100 électeurs de plus, une paille sur 175.000 votants, ou faire changer d’avis 50 personnes, il aurait pu gagner !
Il n’y avait de pire scenario que ce parti divisé très exactement moitié/moitié. Le camp vainqueur n’a pas la légitimité pour diriger sereinement, et le camp perdant n’aura de cesse de ruminer sa rancoeur. Le tout sur fond de rumeurs de faudes…
Que peut-il se passer maintenant?
Au plan national, tout se jouera dans les quelques jours à venir. Soit Jean-François Copé saura faire une place dans son équipe à ses adversaires d’hier, ceux là mêmes qui l’incendiaient hier encore, et l’UMP a une chance de sortir de cette épreuve sans trop de casse. Soit il reste sur une position dure, encouragé en cela par son entourage, et on peut craindre un éclatement du parti, certains partisans de François Fillon pouvant rejoindre les rangs de l’UDI de Jean-Louis Borloo, ceux du Front national, voire même créer un autre parti. Jean-François Copé a tendu une main à François Fillon en lui proposant de devenir vice-président du parti, ce que ce dernier a refusé. Ca augure mal de l’avenir…
Au plan local, la grande question va être : que va faire Didier Robert? L’homme fort de la Région avait crié haut et fort qu’il roulait pour François Fillon et qu’il ne resterait pas dans l’UMP en cas de victoire de Jean-François Copé. Il avait même laissé entendre qu’il pourrait, dans cette hypothèse, relancer son mouvement « La Réunion en confiance » pour en faire un vrai parti. Le voici maintenant au pied du mur et on verra bien dans les jours qui viennent s’il franchit le Rubicon.
Mais vouloir être le patron de la Droite ne se décrète pas et il ne suffit pas de disposer de l’énorme moyen de pression que constitue la Région pour réussir ce pari. Si Didier Robert veut réussir, il lui faudra d’abord convaincre les « barons » locaux, à commencer par Michel Fontaine, le président de l’UMP locale, dont on sait que ses relations avec le président de Région sauf conflictuelles. Il devra ensuite s’impliquer réellement dans ce nouveau challenge. Certains observateurs ont pu avoir l’impression que ce côté « politique politicienne » ne préoccupait Didier Robert que par moments, en pointillé. S’il veut être le vrai patron de la Droite, il va falloir qu’il prenne son baton de pélerin, qu’il fasse le tour de tous les maires et conseillers généraux de droite de l’ile et qu’il donne le sentiment qu’il a vraiment envie de réunir tous les élus autour d’un projet, projet qui reste pour le moment à définir.
Deuxième question : que va faire le sénateur-maire de Saint-Pierre? Il s’est adroitemement abstenu de prendre position dans la guerre fratricide Copé/Fillon. Va-t’il rester à la tête d’une UMP affaiblie par le départ de maires derrière Didier Robert ou va-t’il prendre le parti de rejoindre le mouvement instauré par le président de la Région? A moins qu’il ne fasse les deux, « La Réunion en confiance » pouvant être un mouvement local transcendant les partis et réunissant aussi bien des élus UMP qu’UDI…
L’avenir de la Droite à la Réunion va se jouer dans les tout prochains jours…
