Le 28 septembre, au cours d’une journée d’enquêtes de maltraitance animale, deux volontaires de l’association SOS-ANIMAUX ont découvert à deux endroits différents, quatre chiens victimes de ce qu’il conviendrait d’appeler: « l’ignominie ordinaire ».
Premier site: Deux chiens enchaînés. Les chaînes sont trop courtes. La loi prévoit une longueur minimale de trois mètres. Les animaux sont détenus dans des conditions médiocres, mais surtout, l’un d’eux souffre d’une probable infection à l’oeil. Cette pathologie n’a pas été soignée. L’oeil semble même s’être déplacé hors de son orbite. Une protubérance est visible. Il peut s’agir d’un signe d’infection grave. Ce chien doit être éxaminé de toute urgence par un vétérinaire mais le propriétaire n’en n’a pas l’intention. Manque de moyens, manque de volonté, manque de conscience de la gravité de la pathologie ou tout à la fois ?
Sur le second site, deux chiens sont retenus par des chaînes trop courtes. Si courtes qu’ils ne peuvent même pas atteindre la gamelle d’eau sale où ils seraient censés boire. Il n’y a pas de nourriture. La maison dont cette cour dépend a d’ailleurs l’air d’être abandonnée. Pas de trace d’occupation, en tous cas… Là où l’on atteint un dégré inouï de cruauté, c’est dans le fait que ces deux chiens portent un pelage long et épais…. Si long et si épais que les poils se sont emmélés jusqu’à former une toison compacte qui les empèche de déplier totalement leurs membres antérieurs et postérieurs. Ils sont comme entravés par les « dreadlocks » qui recouvrent tout leur corps. Leurs yeux aussi en sont couverts. (Rien qu’en dégageant la tête des deux chiens, 500 grammes de poils seront tondus). Là, il a fallu agir dans l’urgence. Les chiens ont été emmenés par les enquêtrices. Dirigés vers un vétérinaire pour une consultation d’urgence. Tout celà s’est fait après en avoir avisé les services de police. Une plainte sera déposée en début de semaine prochaine par l’association SOS-ANIMAUX.
Des situations comme celles là, Anne-Laure, Vice-présidente de l’association chargée des enquêtes, en rencontre trop souvent. Bien sûr, elle est fière de convenir que dans 80% des cas, une information et une sensibilisation des propriétaires suffisent à faire cesser la situation de maltraitance. Mais il reste que dans 20 % des enquêtes réalisées par ses équipes, il faut intervenir plus en profondeur. Aide au propriétaire pour les soins vétérinaires (avec le secours éventuel de la Fondation Brigitte Bardot), prise en charge de l’animal après l’abandon par son propriétaire et placement dans une famille d’accueil pendant la durée des soins. Parfois, il faut avoir recours à la justice. La loi prévoit une peine de 2 ans d’emprisonnement et 30000 euros d’amende pour les actes de cruautés envers les animaux. Plusieurs plaintes sont actuellement en cours d’instruction.
Ce qui inquiête les dirigeants d’ SOS-ANIMAUX, c’est que ces dossiers sont la partie visible d’un mal profond. L’animal n’est absolument pas considéré comme un être vivant possédant la faculté de jouir du bien être ou souffrir dans sa chair. Les propriétaires sont des gens ordinaires, pas toujours des monstres violents ou dénués de sens commun. Ce sont juste des gens qui n’ont pas conscience de la maltraitance qu’ils infligent à leurs animaux. Ils adoptent un chien, ou plusieurs pour servir de sonnette quand un étranger s’approche de la maison. Ils les nourissent plus ou moins et ne leurs consacrent aucun soin, aucune considération, aucun geste de tendresse ou simplement de reconnaissance… Quand l’animal meurt, on l’enterre (ce qui est d’ailleurs interdit par la loi) et on en reprend un autre.
Là où le mal est encore plus sournois, c’est dans le fait que cette inconsidération de la vie animale s’immice dans l’esprit collectif. On ne s’émeut plus du nombre d’ animaux écrasés sur le bord des routes. Même quand ces derniers, laissés trop longtemps ainsi, représentent un risque pour la santé publique. Les collectivités ne consacrent pas assez de moyens pour les mesures à prendre tant au niveau de l’équarissage qu’au niveau de l’accueil en fourrière des animaux errants. Crise budgétaire ou relégation au second plan de la problématique des animaux errants ?
SOS-ANIMAUX, qui lutte depuis 1984 contre la maltraitance animale à la Réunion, a d’ailleurs entamé une campagne de prise de contact avec les mairies et les institutions départementales et régionales. Le but est d’abord d’exposer la réalité de la situation, mais aussi l’ampleur de ses actions quotidiennes et enfin les moyens nécessaires pour atteindre les buts qui sont les siens.
Dans le cadre de la journée mondiale des animaux, SOS-ANIMAUX ira directement au devant du public par sa présence sur des sites commerciaux pour lui exposer les problématiques et le sensibiliser à la cause animale.
Sos-Animaux a besoin que son message passe :
La protection animale n’est pas un problème insoluble !
Il suffit aux détenteurs d’animaux d’être bien informés pour prendre conscience de tout ce qu’il faut faire et ne pas faire pour éviter la souffrance animale.
Il suffit aux pouvoirs publics d’aider les acteurs associatifs qui disposent de l’expérience et du savoir faire pour atteindre ensemble l’objectif ambitieux que l’île de la Réunion devienne un modéle dans ce domaine.
La presse et l’ensemble des médias doivent continuer leur mission de médiatisation des cas de maltraitance pour que notre cause devienne la cause commune de tous les Réunionnais.