Sont-ils trop payés, nos facteurs (pardon, on dit « préposés ») d’aujourd’hui ? Trop d’avantages ? Trop de m’en-foutisme ? Un peu de tout ça sans doute.
J’ai été instituteur à Marla plus d’un an et demi. Le facteur venait à pied et distribuait courrier, journaux, horaires des messes et allocations dans tout le cirque. Nous avions calculé avec Vaxelaire, dans le Mémorial (tome 6), que celui de Dos-d’Âne, qui desservait Aurère, Îlet-à-Malheur, Grand-Place, Îlet-à-Bourse et La nouvelle, avait fait 25 fois le tour de la terre !
Ils allaient alors à pied ou à vélo, plus tard en Solex. Maintenant, ils ont motos et bagnoles, ce qui les épuise moins, les pauvres. Et les rend plus dédaigneux de leur clientèle aussi.
Voici plus d’un mois, j’ai envoyé à mon fils, à Toulon, un colis : 7 beaux ananas pas trop mûrs, des longanis, des combavas, du piment (celui d’Espelette ne vaut pas tripette malgré la pub), des grenadines.
89 euros pour le tout ! À quelques grammes près, nous té qui dessaute le poids autorisé.
Junior n’ayant toujours rien reçu un mois après, nous sommes allés aux nouvelles pour bouger avec cette Poste si immobile. Paraît que lorsque le préposé s’est présenté chez lui, personne n’a répondu à l’appel. Le colis a donc été réexpédié franco de port à l’envoyeur sans plus de façon. À savoir moi-même tout seul personnellement. Toujours pas reçu, vous pensez bien. Et puis… reçu quoi ? In colis d’zananas gâtés ?
Auparavant, le facteur serait revenu livrer le colis le lendemain, sinon aurait laissé un petit mot pour prévenir l’impétrant.
Là, rien, nib, que dalle, que tchi, oki et peau-de-balle !
On leur a enlevé les sommes liquides pour les prémunir des agressions (logique, logique !), vous ne voulez pas, en plus, les emmerder avec vos fruits à-la-mors-moi-l’noeud dont ils n’ont que foutre, non ?
Va falloir, selon la poste, déposer une réclamation. Laquelle, selon toute vraisemblance, terminera sa carrière glorieuse en classement américain : au panier !
Et ces gens passent leur temps à rouspéter parce que le boulot est trop dur et pas assez payé. Vous savez combien ils touchent ?
Jules Bénard