Jusqu’à présent, Harry Payet assurait la direction conjointe d’Opcalia (relevant du national et gèrant les congés individuels de formation) et du Fongécif. Après son départ à la retraite, les directions d’Opcalia et Fongecif vont être séparées et donc, deux postes distincts créés.
Depuis le mois de février, un procédé de recrutement a été lancé pour le poste de directeur du Fongecif. Après un premier couac autour de la sélection du cabinet de recrutement dont certains mandataires avaient découvert qu’il était très proche du président Jean-Claude Sornom, il est décidé sous la pression du MEDEF la mise en place d’un comité de recrutement paritaire au niveau du conseil d’administration.
Ce comité, présidé par Didier Mazeau, qui siège également au Fongecif, est composé de huit personnes : quatre représentants patronaux et quatre représentants salariés.
« Nous avons acté un certain nombre de procédures et défini les critères pour le recrutement du directeur Fongecif. Ces critères sont nombreux et la commission s’est mise en place au mois de juillet. Nous avons lancé appel à candidature avec pour date butoir le 27 juillet« explique Norbert Tacoun.
L’anonymat des candidatures n’est pas respecté
« Il se trouve que nous avions acté pour une présentation des dossiers de manière anonyme. Le 2 aout, le comité de recrutement se réunit avec vingt candidatures. Sur quatre dossiers, des noms apparaissent. Il se trouve que dans un des dossiers, on voit un nom : Sornom » . Après s’être renseigné, Norbert Tacoun voit qu’il s’agit de Pascal Sornom, le fils du président actuel du Fongecif.
« Chef de file des mandataires Medef, je fais part immédiatement de mon désaccord à la commission de recrutement sur ce procédé« continue-t-il.
Norbert Tacoun et Virginie Boireau prennent alors la décision de se retirer de la commission de recrutement : « On sentait que quelque chose n’était pas légal« , avoue Virginie Boireau.
Un objectif : la nomination du fils du président actuel
« Alors que l’organisation fonctionnait parfaitement, à partir du moment où on a commencé à parler du recrutement du directeur, on a senti une certaine tension monter, avec une réelle volonté de ternir la commission de recrutement. On a fini par comprendre le pourquoi de cette volonté, arrivé à la nomination du fils du président actuel du Fongecif« , observe Laurent Bleriot, également mandataire du Medef.
La question a été pourtant posée par les syndicats lors du vote final et Jean Claude Sornom a systématiquement nié tout lien de parenté avec Pascal Sornom, selon le groupement de mandataires.
Le nouveau directeur attendait déjà dans la pièce à côté
« On a retrouvé la thèse rédigée par son fils et dans les remerciements, il apparait clairement : « Je remercie mon père Jean Claude Sornom« . Il y a un très fort faisceau de suspicions mais la commission a été induite en erreur puisque le lien a été nié« , poursuit Laurent Bleriot. « C’était cousu de fil blanc. Après le « vote« , le nouveau directeur attendait déjà dans la pièce à coté. On a eu l’impression d’avoir fait les guignols« poursuit-il.
Inadéquation du profil choisi pour un poste à 6.000 euros
« C’est probablement quelqu’un qui a des compétences et de grandes qualités. Il est allé jusqu’à la thèse de doctorat, mais c’était en biologie : un travail sur les crustacés. Il n’a aucune expérience professionnelle dans le domaine de la formation professionnelle. C’est ce qui nous inquiète pour le management de l’équipe interne qui est déstabilisée« , observe Laurent Bleriot.
Le salaire correspondant au poste s’élève tout de même à 6000 euros et sur les vingt candidatures, les trois quarts avaient des profils correspondant, notamment en interne.
Une offre d’emploi sur mesure pour un CV
Les critères de l’annonce semblent également avoir été faits sur mesure pour le CV du candidat prédestiné. Lettre manuscrite obligatoire et candidatures rejetées sans même un coup d’œil, prérequis de la définition du poste non respectés, disponibilité immédiate : les critères suspects s’additionnent.
« Très honnêtement, quand on a analysé les offres, c’est au moment de la grille de lecture des offres qui correspondaient à l’annonce que j’ai pris conscience que les dés étaient pipés« , observe Virginie Boireau. La grille a été construite par le comité de recrutement pendant les congés de Virginie Boireau, sous la présidence de Didier Mazeau. « J’ai essayé d’attirer l’attention du comité sur les irrégularités et j’ai fini par partir« conclue-t-elle.
Enfin, dernier élément suspect : cette même commission de recrutement a fait le choix, hier, du nouveau directeur, alors qu’il n’était pas prévu de prendre de décision avant le 23 août.