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Courrier des lecteurs

Quand le chœur n’y est pas…


Par Luc-Laurent Salvador - Publié le Mercredi 22 Février 2023 à 06:47

Quand le chœur n’y est pas…
Le sujet du chant paraîtra dérisoire au regard des urgences du présent et fera sourire bon nombre de modernes et post-modernes puisque c’est dans le contexte de la messe qu’il pose problème ; cela de manière tout à la fois grave, révélatrice et méritant réflexion quoi qu’il en soit. Pour dire les choses brutalement, le chant de messe semble être en soins palliatifs, c’est-à-dire, maintenus en vie par un appareillage électronique et des « soignants » dévoués mais manifestement impuissants à le ranimer.

Ceux qui ont des yeux pour voir et, surtout des oreilles pour entendre se rendent bien compte que, sauf exception, le chant dans le rituel catholique est devenu un ornement qui n’assure plus sa fonction première. Celle-ci est de souder les fidèles en une unité solidaire dynamisée par le partage d’une même émotion, d’une même foi et des mêmes valeurs. Quand cette union des esprits et des cœurs est réalisée, chacun a le sentiment de véritablement faire corps et de vibrer avec l’assemblée. Il se trouve alors engagé corps et âme dans sa foi. Mais cela n’arrive quasiment plus. Clairsemée ou pas, l’assistance se présente généralement comme un ensemble d’individus qui, chacun pour soi, tentent, tant bien que mal, de suivre le chorale et son chef.

Nous assistons ainsi le plus souvent à de tristes performances au cours desquelles, dans un contraste saisissant, des chanteurs entraînés et performants, accompagnés de musiciens irréprochables, tentent laborieusement d’amener à des chants magnifiques mais compliqués une assemblée timide au sein de laquelle seuls quelques courageux osent vraiment donner de la voix. Tout cela se passe le plus souvent dans une orgie sonore presque cacophonique suscitée par des amplis et des haut-parleurs que nul ingénieur du son ne surveille et qui décuplent la force vocale de la chorale au point que le chant de l’assemblée n’apparaît pas davantage nécessaire qu’il n’est audible. Plutôt que des fidèles chantant en chœur avec enthousiasme, nous avons une foule éparse qui gémit douloureusement sous l’orage musical qui secoue l’église, un peu comme si le diable était de la partie. Autant dire que c’est pitié de vivre cela car c’est le très exact opposé de ce que le chant est censé amener.

Il faut y insister : le chant est ce qui fait vibrer les cœurs à l’unisson et qui, ce faisant, donne à chacun un sentiment d’unité avec ses semblables. C’est cela précisément qui constitue un chœur, c’est-à-dire, ce qui, par le simple fait d’exister là, à un instant précis, permet d’éprouver cette affection et cette solidarité avec son prochain qui est supposée être au cœur même de la vie chrétienne.

Bien que n’ayant pas visité toutes les églises de la Réunion, il me semble assez probable que, de l'une à l’autre, hormis quelques trop rares et trop fugaces moments de grâce, de chœurs de fidèles on ne trouve pas. Alors qu’en même temps, avec application et beaucoup de bonne volonté, celui des « experts » tente de meubler cette absence. De fait, il monopolise l’espace sonore au point qu’on peut et qu’on doit se demander si ceci n’expliquerait pas cela ? En effet, une fois ce constat réalisé, force est de se demander comment a-t-on pu en arriver là et quels sont exactement les facteurs en cause ? Je parle bien de facteurs car il ne s’agirait pas de mettre en cause quiconque dès lors qu’on ne peut douter ni de la bonne volonté ou de l’engagement des personnes impliquées ni du caractère parfaitement collectif de ce qui se trouve ainsi manifesté, de sorte que, fatalement, chacun y a sa part.

Permettez-moi une explication de nature pédagogique : tout se passe un peu comme si aux chœurs spontanés autant qu’unanimes des fidèles qui, autrefois, se rassemblaient en masse dans les églises autour de chants peu nombreux mais parfaitement connus de tous, la modernité avait — depuis Vatican II et les années yéyé — substitué une infinie variété de morceaux aux paroles, rythmes et mélodies aussi élaborés qu’inconnus de l’assemblée. Celle-ci est alors transformée en une foule d’adultes infantilisés qui, craignant le ridicule, ne se risquent plus au chant vocal à pleine voix et suivent du bout des lèvres, se contentant de fredonner ou de murmurer quand ils ne restent pas carrément silencieux.

Encore une fois, ceci est un désastre car, pardonnez-moi, il faut y insister, la fonction première du chant est d’engendrer ce merveilleux sentiment d’unisson qui traduit l’appartenance à un collectif organiquement unifié, solidaire — en l’occurrence l’assemblée des chrétiens — c’est-à-dire un sentiment de faire corps et, proprement « corps du Christ », puisque c’est ainsi que l’Eglise a été comprise au cours de l’Histoire. Il est clair que nous sommes à des années-lumière de cela et c’est pourquoi le présent constat est désespérant pour qui comprend qu’il s’agit en fait de ce que l’Eglise est en train de devenir : une assemblée de fidèles qui peinent à emplir ses églises avec une messe qui, à de rares exceptions près, se transforme en un rituel passablement formel qui semble être surtout habité par des mots, des symboles ou des affects convenus. Les fidèles qui constituent proprement la chair de l’Eglise ne font alors plus corps, faute de faire chœur.

Pour remédier à cette situation, le pédagogue que je suis ne connaît pas d’autre solution que celle consistant à remettre les fidèles en réussite au lieu de les laisser se convaincre dimanche après dimanche de leur incompétence. Je ne suis pas musicien mais il me semble que ce serait déjà une bonne chose si on pouvait nous proposer un minuscule répertoire de chants parmi les mieux connus, peu importe que ce soit depuis l’enfance, peu importe qu’ils aient été déjà chantés un bon millier de fois, peu importe qu’on ait à y revenir chaque semaine.

La répétition ne pose aucun problème au bon peuple. En fait, seuls les spécialistes y rechignent car, éduqués qu’ils sont à une culture musicale de la performance-spectacle, ils se font comme un devoir de la perpétuer au sein des églises. Ils ne semblent pas s’être faits à l’idée que la messe est une pratique rituelle, toute de répétition, celle-là même qui, seule, peut, dans l’exécution, amener la perfection souhaitée. C’est cette dernière qui — aussi illusoire qu’elle puisse être à l’oreille d’un expert — donne à chacun la satisfaction de contribuer impeccablement à cet acte collectif qu’est le chant et lui fait alors éprouver le sublime sentiment de trouver pleinement sa place parmi ses semblables, dans une émotion et une foi unanimement partagées.

On pourrait ensuite envisager de changer tout au plus un chant d’une année sur l’autre, si le besoin s’en faisait réellement sentir et surtout pas par principe car, encore une fois, la messe est un rituel auquel la répétition est non seulement inhérente, elle est absolument nécessaire. Autrement dit, que ce soit en agissant, comme je le propose au niveau du répertoire, mais aussi par tout autre moyen approprié, il faudrait que cesse au plus vite cette mise en situation d’« échec vocal » des fidèles qu’amène fatalement l’introduction de chants nouveaux inutilement compliqués qui intimident et font perdre l’allant sans lequel il ne saurait y avoir d’enthousiasme, c’est-à-dire, très précisément, et étymologiquement parlant, ce à quoi la messe a vocation.

Je comprends qu’il s’agirait ni plus ni moins que d’une (contre)révolution dans la pratique musicale liturgique mais quand on s’est égaré, il convient généralement de rebrousser chemin. La beauté de la chose est que le véritable changement intervient seulement lorsqu’on cesse de vouloir changer sans cesse.

Il me semble que loin d’avoir à abandonner leur créativité, les musiciens pourraient, comme tous les éducateurs qui se respectent, la consacrer à amener les fidèles à la réussite, et même l’excellence, par la sélection puis la pratique de chants simples, connus de tous et parfaitement maîtrisés grâce, justement, à ce maître patient et irrésistible qu’est l’entraînement.

La mise en œuvre d’une telle perspective ne serait pas une mince affaire mais cela aurait, je crois, infiniment plus de sens que d’entretenir un décorum sonore de plus en plus formel, sans beauté et sans émotion qui, au lieu de les y porter, laisse les fidèles à la porte de l’extase — c’est-à-dire l’état d’abandon de soi — dans laquelle l’Eucharistie devrait être vécue.




1.Posté par Lesseps le 22/02/2023 09:22

loooooolllll , on comprend mieux d'où ça vient .... Tellement caricaturales ces grenouilles de bénitiers ...

2.Posté par A mon avis le 22/02/2023 13:18

Que de bla bla pour simplement réclamer les messes d'antan !
Les catholiques deviennent de plus en plus conservateurs, avec même pour certains, le retour de la messe en latin etc.
(Voir la bisbille actuelle entre le Vatican et l'évêque de Fréjus-Toulon, Dominique Rey, figure de proue de la mouvance catholique la plus réactionnaire )

Allez donc prendre de la graine chez les évangéliques. Ils maîtrisent parfaitement les techniques d'utilisation du chant et de la musique pour endormir l'esprit critique (pour ne pas dire décérébrer) de leurs fidèles !

3.Posté par JANUS le 22/02/2023 14:15

Beaucoup de verbiages pour rien ☺☺☺

Quelqu'un qui n'a rien compris à la Foi du croyant ☺☺☺ Et qui porte des jugements péremptoires sur ceux qui vont à la messe pour prier, et non pas pour chanter ☺☺☺

4.Posté par polo974 le 22/02/2023 18:02

c'est le chant du cygne...

5.Posté par L'Ardéchoise le 22/02/2023 22:03

Bonsoir, monsieur Salvador.
Tout d'abord, département 42 ou 43 ?
"il faut y insister"...

Le "bon peuple" (hum...) français aimerait "la répétition" ?
Sortons de l'église pour nous rendre sur un stade de rugby, Tournoi des 6 Nations oblige.
Et entonnons La Marseillaise, parce que là, pour être de la répétition, c'est de la répétition, depuis le temps !
C'est comme pour la messe et ses chants, il y en a qui ne connaissent toujours pas les paroles, et même si il y en a d'autres qui mettent tout leur coeur, le choeur est hélas souvent une cacophonie.
Surtout comparé aux hymnes des anglo-saxons...
De quoi avoir le frisson !

6.Posté par A. Nonyme le 23/02/2023 08:05

C’est quoi cette question or que ou même le @5 ou lé anonyme, de savoir (département 42 ou 43) ki sa le boug i lé?

7.Posté par L'Ardéchoise le 23/02/2023 11:39

6 - C'est plus fort que vous, d'intervenir sous mes commentaires avec un nouveau pseudo.
Qui colle à la réalité ? Pffffffffffffffffffffffffff!

Je ne vois pas bien en quoi le fait que je sois interpelée par une expression utilisée dans les deux départements cités, et proches du mien, a avoir avec l'anonymat.
Mais bon, vos fallacieuses interprétations sont légion.

8.Posté par Luc-Laurent Salvador le 24/02/2023 06:43

@5 L'Ardéchoise

Ni 42 ni 43.
Je n'ai pas appris ça dans mon 34 mais à Paris, en écoutant un philosophe... pointilleux !

C'est bien vu pour l'aspect culturel. En effet, le modèle de l'élite au pouvoir a contribué à une culture de l'individualisme et du narcissisme qui affaiblit la propension à "faire corps" et donc à faire choeur.
Mais comme en éducation, cette faiblesse ne saurait être un motif pour renoncer.
Le bon pédagogue s'applique à mettre en réussite tous les élèves, surtout les plus faibles.

9.Posté par L'Ardéchoise le 24/02/2023 20:04

Monsieur Salvador, c'est votre philosophe "pointilleux" qui était peut-être de ces coins là, où il y a une tendance certaine à mettre des "y" dans de nombreuses phrases(mdr).

Pour faire choeur, peut-être faudrait il prendre exemple sur ces églises où l'on chante du gospel et où l'on danse aussi.
Encore faut il vouloir dépasser l'Ave Maria, et difficulté supplémentaire, utiliser l'anglais, qui n'est guère plus le domaine du "bon peuple" français que les chants liturgiques...
Mettre tous les chrétiens de France "en réussite" n'est pas une sinécure.
Pourquoi ne pas laisser cette réussite aux nombreuses et parfois excellentes chorales dont sont dotées les lieux de culte ?

10.Posté par Grangaga le 27/02/2023 09:30

"Resswa de mwa le par'fun ki tè dû..
Là boté de ton nom o mon amm' perdu"...
.....
...."Ryin nè plu bo ke ton nom...
.....Ryin nè plu Sin ke le San du par'don"....

Mounwarr'...deu p'ti kouplé là, kan té y montt là...
On diré té y sortt' dann' l'égliz' là, pou alé... anbomm' toutt' la vil' antyié....
É té lo promyié fwa d'mon vi, mwin la antandi in ...tonèrr' z'aplodis'man konm' sa là , an plin l' Ékaris'ti oté....
Apré...parr' la konéssanss' dé soz', mwin la konpri, é nou té abityié....
Sink' koral' nou lavé po in sèl' l'égliz', é zot' y koné in z'afèrr'...
Lo Prètt' la di y préfèrr' la nott', pars'ke li gainll' pliss' l'ar'zan la...kètt'...
Y falé warr' koman l'égliz' lété plin kan lété nou ossi...
Zot' té y donn' lo mo sir'man lo bann' mounn'...
É po lo dèr'nyié santé....apré lo ..."zé vou béniss' o nom di Pèrr', di Fiss' èk' lo Sin És'pri...
Y fo pa krwarr' ke zot' té préssé alé in, lo bann' mounn'.....
Té y fé ...." biss' " a nou sa, an trwa ou katt' fwa, oté....
Èk' kontant'man mounwarr, té y arètt' pi tapp' dan la min là.....

Po l'info....nou lavé trwa répéticyion dan la somènn'...
Dé fwa, té y assiz' déssi in p'somm' ou in nouvoté pandan deu z'èrr', zis'ka toutt' y trapp' byin .....
É lavé pwin in mèss' lo bann' santé té y rossanm' satt' lo dèr'nyié....

11.Posté par L'Ardéchoise le 27/02/2023 20:10

Grangaga, amwin mi inm sak ou rakont anou !
Solman mi pens, lété dan tan lontan...

12.Posté par Luc-Laurent Salvador le 28/02/2023 06:30

@10

"Dé fwa, té y assiz' déssi in p'somm' ou in nouvoté pandan deu z'èrr', zis'ka toutt' y trapp' byin ....."

Et oui, rien ne résiste à l'entraînement mais sans entraînement on a rien... de bon

13.Posté par Grangaga le 28/02/2023 09:06

Non, non ....l'Ardéchoise, nana sink' si-z'an sir'man...
Zis'toman, na d'santé lé pankorr' ariv' issi....
Kan mi gainll' l'okazyion, y arivv' a mwin fé ènn ti tourr' la ...mèss'....
Po ropoz' in pé, parr' kir'yiozité, apré pou lo rés'pé la koutimm'...monmon-papa la lèss' a nou....
Y fo pa y pèrdd' oté, lé in ropèrr' po bann' mar'may' y vyin ossi...
Papa là...non, non, in mové l'èk'zanpp' li....
Charles de Foucault èk' li té y fé deu, èk' sa, zot' té y rossanm' konm' deu goutt' do l'o mi di a ou....
Swa lé tro dirr' po zot' aprann'...mi arr' vyin déssi lo koral' ....
Swa lé tro..."Séri-FM" pou nou La Rényion...
Pour'tan oté, aprè lo ...Karis'ti, outt' vantt' lé plin...solon lo z'imaz', mi rantt' pa dan lo détay'.......
Donk', y fo ènn' ti mizik' douss' po fé byin apréssyié so moman ou..."kominyié " sé solon, avèk' lo ....Mètt' Suprèm'...

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