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Quand la coiffure rapproche Madagascar et la Réunion

Et si la coiffure avait ses codes et ses non-dits. Voici en substance l'idée qui a germé des têtes de trois chercheurs de l'Université de Madagascar et du cabinet d'études ethnosociologique de l'Océan Indien (ESOI).

Ecrit par Ludovic Grondin – le lundi 20 septembre 2010 à 16H30

Dis-moi comment tu te coiffes, je te dirais qui tu es. Le projet KOIF est un programme d’échanges artistique et scientifique entre Madagascar et la Réunion sur le thème de la coiffure, pris dans ses dimensions historiques, anthropologiques et esthétiques. Il vise à développer de nouvelles approches et une meilleure connaissance du patrimoine culturel entre les deux îles. Et les réflexions de Hemerson Andrianetrazafy, historien de l’art qui enseigne à l’Université de Tananarive, ont de quoi décoiffer. « Cela dépend des régions mais à Madagascar la tête est une partie du corps presque tabou, elle fait partie de la sphère de l’intimité, alors la pratique de la coiffure sur une autre personne est forcément un acte fort de la vie en société, souvent intra-familiale », précise le chercheur.

Cette approche malgache s’est un peu perdue à la Réunion, en même temps que l’urbanisation a éloigné les liens familiaux. Moins nombreux sont les moments de partages dans la cellule familiale, à l’image de la grand-mère créole qui prend le temps de tresser les cheveux de sa petite-fille.

La cravate de monsieur, la coiffure de madame

« A Madagascar, il existe des codes, telle coiffure signifiera à la gente masculine que la dame est disposée à rencontrer le sexe opposé », révèle Hemerson Andrianetrazafy « puisque les réseaux sociaux d’Internet, moins bien répandues, ne le permettent pas », s’en amuse-t-il.

Tout comme la cravate s’est imposée chez ces messieurs dans les sociétés occidentales pour affirmer une certaine appartenance au monde des affaires, il existe des règles transmises entre générations qui éclairent sur les rapports humains et même au-delà, rappelle Antoine du Vignaux de l’association LERKA, un espace de recherche et de création en arts actuels. « Puisque qu’une collaboration étroite existait entre les associations VAÏKA à Madagascar et LERKA à la Réunion, l’union de nos recherches pourraient aboutir à des résultats comparés entre nos deux îles », se passionne Emmanuel Souffrin, anthropologue de l’ESOI.

La coiffure révèle l’Homme et sa société

« Chaque époque de nos territoires est marquée par une dominante en terme d’art de la coiffure, elle révèle un peu les habitudes du moment et est un véritable marqueur de nos sociétés », rajoute-t-il. La recherche entamée il y a environ deux ans a amené tout naturellement à ‘mailler’ les études. Celles-ci révéleront l’importance (ou pas ?) de l’interculturalité qui s’est opérée entre la grande île et la Réunion, dont les sources communes sont asiatique, africaine ou européenne.

Sujet non encore étudié dans la zone, ce travail de collaboration pourrait donner des idées à de futurs chercheurs venus de différentes disciplines des sciences humaines ou du langage corporel car la coiffure d’une personne n’est pas qu’un acte déconnecté de toute approche sociétale. Assurément, un questionnement à se faire des cheveux blancs.  

 

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