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Quand l’Europe finance la professionnalisation des jeunes pêcheurs réunionnais

Comment débuter son activité dans la pêche, se professionnaliser, perdurer, peut-être ? Sans pour autant se voir fermer toutes les portes des maisons de crédits. Aujourd'hui, Tristan Victoire est assurément un pêcheur heureux. Grâce au soutien de fonds européens d'aide au lancement d'activité, il a pu se former, s'établir en tant que professionnel, sans toutefois se mettre dans le rouge financièrement. Cette semaine, une délégation constituée de commissaires européens et de différents ministères a entrepris de sillonner l'île à la rencontre des porteurs de projets bénéficiant de programmes européens.

Ecrit par Ludovic Grondin – le vendredi 26 novembre 2010 à 06H45

C’est donc le projet de Tristan Victoire qui aura eu l’honneur de la visite de la délégation de commissaires européens sur le volet « pêche » en cette journée de jeudi dans le port de Sainte-Marie. Tristan Victoire est un ancien pêcheur informel, poursuivant l’activité initiée par son père du côté de Sainte-Rose.

En 2006, Tristan décide de se professionnaliser. Problème, la pêche à ce niveau nécessite un acquis qu’il n’imaginait pas. Connaissances spécifiques, outils de pêche aux normes, respect du renouvellement de la ressource océanique, le projet prend, à l’époque, des airs de forteresse imprenable pour le petit pêcheur de Sainte-Rose. Qu’à cela ne tienne, ce dernier décide de se rapprocher du programme d’aide à l’installation de jeunes pêcheurs.

Saisissant au vol cette opportunité de se professionnaliser, le jeune Réunionnais s’inscrit, à l’époque, dans une démarche d’apprentissage avant toute chose.

Un bateau à plus de 20 000 euros

Entre 2006 et 2009, l’homme acquiert les certificats et autres agréments exigés pour accéder au dit programme. « J’ai suivi une formation à l’école d’apprentissage maritime (EAM), complétée par un titre professionnel » qui lui permet de patronner des navires de pêche. Autre fierté, le Certificat d’aptitude au commandement à la petite pêche (CACPP) qu’il obtient dans la foulée. Un ensemble de formations rendu possible grâce au soutien du Fonds Social Européen (FSE), déjà.

 

Ce n’est pas tout, le challenge reste à venir. Après cette formation vient le temps du financement de son futur outil de travail, à savoir le bateau. Encore une fois, le Fonds européen pour la pêche (FEP), intervient.

Tristan se dote d’un bateau coûtant la bagatelle de 22 500 euros, cofinancé par l’Union Européenne, majoritairement, et la Région Réunion d’autre part. Un soutien financier sans lequel toute acquisition aurait été rudement compromise pour le saint-rosien.

Une aide soumise à des contraintes

A ce niveau, la Direction Régionale des Affaires Maritimes intervient dans l’instruction des dossiers et dans la liquidation des aides. Ludovic Courtois, chef de service économique aux Affaires maritimes rappelle la démarche d’accompagnement dévolue à son administration. « Le délai entre le dépôt du dossier et sa réalisation nécessite au moins un an d’instruction. Un délai partagé entre une période d’instruction des dossiers des éventuels futurs bénéficiaires et une seconde moitié permettant à ces derniers de réaliser le montage financier nécessaire à la naissance de leur activité. Les subventions ne tombent bien évidemment qu’à l’issue de cette réalisation » prévient Ludovic Courtois.

Concrètement, c’est le préfet qui est l’autorité de gestion déléguée du programme opérationnel FEP (Fonds européen pour la pêche) pour la Réunion. Cependant, après l’agrément préfectoral, le principal pourvoyeur de fonds, l’Europe, continue de conserver son droit de regard sur les sommes investies.

 

D’ailleurs, chaque année, comme hier à Sainte-Marie, une délégation du comité national de suivi des programmes européens se rend sur l’île, comme ailleurs en Europe, pour évaluer les retombées de telles aides. Un contrôle renforcé, conséquence sans doute des abus constatés dans le programme de politique agricole commune il y a quelques années.

15 pêcheurs bénéficient de ce programme

En retour de cette aide, l’Union Européenne exige que le pêcheur respecte la durabilité de l’exploitation de la ressource, la déclaration de capture, la régularité quant aux normes de commercialisation ou encore la mise aux normes de sécurité à bord des navires.

Depuis mai 2009, Tristan Victoire exerce donc son activité à Sainte-Rose, son port d’attache. Il pratique une pêche polyvalente orientée sur les espèces profondes à forte valeur ajoutée telles les zambas, castagnoles ou autres pélagiques sur les dispositifs de concentration de poissons, plus connus sous le sigle DCP.

A la Réunion, comme lui, ils sont une dizaine de jeunes pêcheurs a bénéficier de ce programme.

 

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