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« Quand il ne boit pas, c’est un bon papa »

"Quand il ne boit pas, c'est un bon papa, un bosseur. Mais l'alcool, c'est mortel chez lui". Ces mots d'une victime de violences conjugales en disent long sur ce phénomène qui touche de nombreuses femmes réunionnaises. Ce vendredi, cette victime a choisi de dire stop et de parler devant le tribunal mais aussi devant son bourreau.

Ecrit par 1167938 – le samedi 22 octobre 2022 à 08H03

Cette femme, victime de violences conjugales, a décidé de dire stop face aux coups de son conjoint et de venir le lui dire en face, à la barre du tribunal judiciaire de Saint-Denis. « Je veux qu’il comprenne que ce qu’il nous fait vivre n’est pas normal. Je veux qu’il soit aidé. Quand il boit, il ne se souvient pas le lendemain. Cette fois c’en est trop, c’est comme ça qu’arrivent les drames. Tant qu’il ne se fait pas soigner, j’ai peur. Quand il ne boit pas, c’est un bon papa, un bosseur. Mais l’alcool, c’est mortel chez lui« , explique-t-elle au tribunal et à son conjoint par la même occasion. Elle maintient sa plainte mais ne se constitue pas partie civile. Comme elle l’exprime avec beaucoup de force et de pudeur : « Malgré tout, je l’aime« . 

Pour l’accueillir, il lui colle une gifle d’une rare violence

Le 19 octobre dernier, Cédric B., 28 ans, rentre chez lui avec 1,40 g/l d’alcool dans le sang. Quand il boit, il est violent. Il est tard et sa compagne, inquiète, se lève avec leur fille de 2 ans dans les bras quand il rentre. Très énervé qu’elle lui fasse une réflexion sur son état, il la pousse. Elle tombe et a juste le temps de mettre sa main derrière la tête de sa fille pour la protéger. Elle se lève, sort de la maison. Quand elle rentre de nouveau parce que leur fille pleure, il lui colle une gifle d’une rare violence. « Pas la première, mais la plus forte », dira-t-elle aux policiers de Saint-Denis. Elle avouera ensuite que les violences sont régulières, quand il boit, mais aussi que c’est de plus en plus ces derniers temps. 

« Il lui faut un électrochoc pour le sortir de sa consommation »

Malgré deux mentions sur son casier pour des délits routiers en rapport avec l’alcool, le parquet décide de le juger tout de suite en comparution immédiate. « Le discours de Madame est totalement lucide. Il lui met une baffe particulièrement violente le 19 octobre mais il y a eu d’autres violences bien avant. Il se cache derrière son addiction pour ne pas se souvenir, mais ça n’efface en rien sa responsabilité, bien au contraire. Il lui faut un électrochoc pour le sortir de sa consommation. Je vous demande une peine de 18 mois de prison dont 15 avec sursis probatoire et un mandat de dépôt pour la partie ferme« , requiert le parquet. 

« Il n’a pas besoin d’aller en prison pour comprendre »

« Il reconnait et mesure la gravité de ses actes« , répond la défense pour son client qui a choisi de garder le silence en début d’audience. « Il ne refuse pas de parler mais a beaucoup de mal à s’exprimer. Il a vécu un drame familial quand il était petit et ne s’en est jamais vraiment remis. Il ne sait pas comment l’exprimer, il s’est senti abandonné. Que sa compagne vienne ici pour parler et qu’elle ait appelé la police est déjà un électrochoc pour lui. Il n’a pas besoin d’aller en prison pour comprendre« , plaide la robe noire. 

Le prévenu, qui a maintes fois exprimé ses regrets, est condamné à la peine de 18 mois de prison intégralement assortis d’un sursis probatoire. La présidente prononce également une interdiction de paraitre au domicile de sa compagne mais ne prononce pas d’interdiction de contact, afin qu’il puisse voir ses enfants dans un cadre à définir. 

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